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En décembre, laissez-vous hypnotiser par Rain d’Anne Teresa de Keersmaeker

Pour sa première venue à Strasbourg depuis 2008, Anne Teresa de Keersmaeker et sa compagnie Rosas présentent Rain, créée en 2001 et reconnue comme l’une de ses plus brillantes chorégraphies.

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« I hope it’s not going to rain tomorrow », ainsi se clôturait In real time (2000) d’Anne Teresa de Keersmaeker annonçant par là la création de Rain l’année suivante. La réponse de Rain ne s’effectue pas par le texte, bien qu’il s’inspire du roman du même nom de l’auteure néo-zélandaise Kirsty Gunn, mais par un spectacle magistral intégralement chorégraphié.

Pendant 1h10, les dix interprètes – sept femmes et trois hommes – dansent jusqu’à l’épuisement. Rain, 2016 (Photo Anne Van Aerschot)

Dans cette chorégraphie hypnotique et électrisante, dix danseurs s’animent au rythme de la composition minimaliste aux motifs obsédants de Music for 18 Musicians de Steve Reich, avec lequel l’artiste flamande avait déjà collaboré sur quatre autres spectacles. La musique, tout comme les principes géométriques sont au coeur de son travail imprimant l’écriture gestuelle de la danse dans celle de la partition du compositeur.

Une seule solution : laisser aller, laisser partir

La scénographie épurée, signée Jan Versweyveld, est inondée de violet, tandis que le sol laisse entrevoir des bandes adhésives colorées qui indiquent aux danseurs les trajectoires. Au fond, un rideau de fines cordes suspendues rappelle les filets de pluie. Rain, c’est aussi la rencontre entre la chorégraphe et le roman de Kirsty Gunn. Dans ses Carnets, elle explique que ce texte « se conclut par une seule solution : laisser aller, laisser partir… » en ajoutant que dans son travail, « Le groupe sera cette vague qui vient et se retire. Sur l’écume de cette vague se dessineront les lignes individuelles solitaires, duelles ou plurielles. »

Anne Teresa de Keersmaeker est l’une des figures les plus emblématiques de la danse contemporaine, avec à son actif plus de trente-cinq créations, dont les très fameuses Fase (1982) et Rosas danst Rosas (1983) qui célébrait magnifiquement la féminité. Aujourd’hui, les spectacles de l’artiste flamande sont joués devant des salles combles et connaissent une réception enthousiaste de la part d’un public souvent subjugué par ces mouvements parfois faussement désordonnés et rigoureusement orchestrés.

L’asymétrie, source de métamorphose permanente

Outre le lien étroit filé dès ses premières productions entre la musique et la danse, le travail d’Anne Teresa de Keersmaeker est caractérisé par la conciliation entre ligne diagonale classique et mouvements circulaires, l’asymétrie – source de métamorphose permanente – et surtout par l’harmonie instaurée entre structure et émotion. Les émotions des spectateurs jaillissent de structures mathématiques, elles émanent d’une danse abstraite.

Un autre trait saillant de son travail est la répétition qui laisse entrevoir d’infimes modifications, à l’image des nuances apportées aux tenues, signées Dries Van Noten, des interprètes de Rain. Ainsi, l’homogénéité n’est pas recherchée en tant que telle et la perfection du mouvement collectif cède la place aux déclinaisons individuelles.

« The art of falling and rising », le travail de la chorégraphe entre sol et redressement. Rain, 2016 (Photo: Anne Van Aerschot)

Dans ce spectacle, les principaux axes de travail de la chorégraphe belge – formes mathématisées, répétitions, occupation géométrique de l’espace, variations – y sont amplifiées, non dans un but purement formel, mais afin d’entraîner le public dans ce flux. Car, comme elle l’expliquait dans un entretien avec Michaël Bellon, Rain « c’est avant tout une fête ! »

Depuis sa création il y a seize ans, ses représentations sont reçues sous une pluie d’applaudissements. Ce succès ne sera certainement pas démenti au Maillon, réservez vite.


#Danse

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