Qualifiés au second tour, Marine Le Pen et Emmanuel Macron se partagent la plupart des communes d’Alsace. Troisième en 2017, le président sortant est cette fois-ci en tête avec 29,56% des voix, une progression de 8 points. Il s’appuie notamment sur ses victoires à Colmar (28,7%), Haguenau (31,39%), Sélestat (28,92%), Wissembourg (34,37%), Saint-Louis (29,36%) ou Illkirch-Graffenstaden (34,91%).
Avec 26,29%, la candidate du Rassemblement national améliore légèrement son score de 2017 (25,9%), malgré l’irruption d’Éric Zemmour. Deuxième, elle réalise de bons résultats dans les communes rurales du nord au sud de l’Alsace, notamment en Alsace bossue et dans les Vosges.
Plus loin derrière, avec 17,81%, Jean-Luc Mélenchon arrive troisième, lui aussi en progression par rapport à il y a 5 ans. En plus de Strasbourg, il remporte notamment les villes de Mulhouse (36,06%), Illzach (29,92%), Bischheim (30,71%) et Schiltigheim (36,26%). De manière plus anecdotique, il arrive en tête les villages d’Aubure et Wildersbach dans les Vosges, un secteur où Marine Le Pen fait un quasi carton plein.
La droite parlementaire s’effondre, Macron se déplace
Le fait marquant de cette élection Alsace est l’effondrement de la droite classique, pourtant habituée à réaliser des meilleurs scores dans cette région. François Fillon avait par exemple fini deuxième en 2017 et remporté plusieurs communes malgré un contexte défavorable. Plus récemment, en 2021, la droite avait dominé les élections régionales et départementales en Alsace. Mais ses électeurs habituels sont partis chez Emmanuel Macron et peut-être à degré moindre vers Éric Zemmour. Les visages de la droite alsacienne semblent perdues politiquement, à l’image du président de la Collectivité européenne d’Alsace, Frédéric Bierry, incapable de choisir entre sa famille politique et le légitimisme pour le gouvernement en place, comme aux régionales. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Emmanuel Macron a choisi Strasbourg et l’Alsace pour un meeting de campagne dès le mardi 12 avril.
Même à Mulhouse, la ville du président de Région Jean Rottner et soutien de la candidate LR, Valérie Pécresse arrive très loin, cinquième avec 3% et en-deçà de son faible score national. Idem à Colmar (5e ; 4,56%), un bastion immuable de la droite alsacienne.
La présidente de la Région Ile-de-France termine ainsi sixième avec 4,24%. Elle est devancée par Éric Zemmour (7,36%), mais aussi Yannick Jadot (4,94%), une inversion par rapport au classement national. Aucun de ces trois candidats n’est arrivé en tête dans la moindre commune d’Alsace.
Ces scores ont de quoi donner des sueurs froides aux candidats « Les Républicains » en vue des élections législatives en juin. Le parti comptait bien reprendre une partie des 7 circonscriptions sur 15 conquises par LREM et ses alliés en Alsace depuis 2017. Car après cinq ans de mandat, la victoire d’Emmanuel Macron semble cette fois-ci à nouveau tactique, mais aussi idéologique. La droite alsacienne repart de beaucoup plus bas qu’en 2017, sans dynamique nationale, et cette fois-ci ne peut mettre sa contre-performance sur le compte des affaires de son candidat.
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