Tout sourire, mine rayonnante, Frédéric Bierry donnait l’impression d’un homme comblé en sortant de l’hôtel de ville de Sélestat, mercredi 19 avril. Pendant deux heures, le président de la Collectivité européenne d’Alsace (CEA) avait pu échanger en compagnie d’autres élus locaux avec Emmanuel Macron. Ce jeudi 20 avril, dans les colonnes des Dernières nouvelles d’Alsace, le président de la République s’est pourtant montré hostile à son projet phare : la sortie de l’Alsace du Grand-Est.
Dans l’avion vers l’Alsace, le président de la République s’est exprimé sur le sujet, prenant clairement le parti du statu quo : « Je suis aussi attaché à ce que l’on ne crée pas de nouvelles divisions. Je veux que les Alsaciens que j’aime, car je leur ai donné cette place, sachent que la région Grand Est leur apporte beaucoup. C’est le cas notamment pour les transports, l’aménagement du territoire. C’est plus que ce que l’Alsace aurait pu faire seule. »
L’alignement des planètes n’aura pas lieu
Une semaine avant la visite élyséenne, jeudi 13 avril, Frédéric Bierry convoquait une séance plénière exceptionnelle de la CEA pour lancer une « grande contribution citoyenne« . L’objectif était de recueillir des propositions, sur les mesures que l’Alsace pourrait prendre si elle récupérait les compétences d’une région. Le président de la CEA assurait à qui voulait l’entendre que « l’alignement des planètes » était imminent. La « contribution » d’Emmanuel Macron est claire : le retour de la région Alsace n’a pas l’air d’être souhaitée par l’Élysée.
« Toutes les planètes sont alignées… Sauf Jupiter », raille le conseiller de la CEA Jean-Philippe Vetter (LR), membre de la majorité de Frédéric Bierry. « Depuis que nous ne sommes plus en campagne, les propos du candidat Macron contredisent ceux du président Macron ».
L’embarras de la majorité présidentielle
Pris à défaut par les propos de leur chef, les élus alsaciens de la majorité présidentielle essaient depuis d’éteindre l’incendie. Dans un communiqué particulièrement alambiqué, signé par des députés, des sénateurs et l’eurodéputée Fabienne Keller, les figures locales de la Macronie expliquent avoir pu échanger avec le Président : « Nous, comme lui, souhaitons que toute évolution territoriale, tout changement de périmètre ou d’organisation, se fasse depuis le terrain, dans le dialogue et le respect mutuel de tous les acteurs ». Avant de conclure, dans une formule incantatoire : « La porte reste ouverte, mais la méthode rappelée. »
« Leur réaction est invraisemblable. » Pas convaincu, le député et conseiller départemental Raphaël Schellenberger moque la naïveté de leur groupe : « Je pense qu’ils découvrent eux même la duplicité d’Emmanuel Macron. Et ça interroge sur la proposition de loi pour une sortie du Grand-Est qu’ils mettent en avant, puisque le Président dit clairement que le sujet d’un redécoupage ne sera pas discuté. »
Chargement des commentaires…