Au retour des vacances de la Toussaint, lundi 7 novembre, une enseignante manquait à l’appel à l’école élémentaire des tilleuls d’Eckbolsheim. Recrutée en tant que contractuelle, donc sans diplôme de professeur, elle débutait alors un arrêt maladie de deux semaines avant de démissionner le 18 novembre.
Sa classe bilingue de CE1-CE2 est toujours sans enseignant en français début décembre, soit sans encadrant le mardi et le vendredi. Ces jours-là, les enfants restent donc chez leurs parents ou sont répartis dans les autres classes. Lundi et jeudi, ils sont pris en charge par l’institutrice qui leur fait cours en allemand. Le fils d’Aline Le Nestour, représentante des parents d’élèves de La Parent’aise, est dans cette section. Elle raconte :
« La classe concernée compte 25 élèves, qui sont donc répartis dans les huit autres sections. Ils se retrouvent à 28, avec des enfants d’autres niveaux. L’école leur donne du travail qui correspond à leur autonomie. Mais mon fils ne veut plus y aller à cause de ce fonctionnement. Beaucoup de parents gardent leurs enfants à la maison. J’ai déjà pris deux jours de congés pour garder mon fils et un de ses camarades. Cette situation commence à être particulièrement inquiétante quant aux impacts sur l’apprentissage des enfants, et la répartition dans les classes met à mal le fonctionnement global de l’école. »
Manque de personnel
L’association de parents d’élèves a envoyé un courrier à l’inspectrice académique de la circonscription de l’école le 21 novembre pour demander un remplaçant. Cette dernière a répondu le lendemain qu’aucun « remplaçant n’a été envoyé par manque de personnel disponible ».
Interrogée par Rue89 Strasbourg, l’académie indique qu’un « recrutement est en cours de finalisation » et que « la situation va rapidement trouver sa solution ». Les membres de La Parent’aise s’interrogent plus généralement sur le recours aux enseignants contractuels, comme l’explique Aline Le Nestour :
« La rentrée de septembre avait déjà été chaotique : elle a été assurée par un premier enseignant contractuel qui n’est pas resté à l’issue de la première journée. La nouvelle enseignante contractuelle a ensuite débuté le 9 septembre pour arrêter à son tour deux mois plus tard. Ces démissions prennent effet immédiatement, impossible pour le rectorat d’anticiper et de trouver une solution. Là, il faut une personne motivée pour faire un mi-temps, donc avec un très bas salaire. Le rectorat risque d’avoir du mal à trouver quelqu’un. »
L’allemand, discipline particulièrement touchée
Aline Le Nestour évoque aussi la classe bilingue de grande section de maternelle, dont « la maîtresse qui faisait la partie allemande est en arrêt depuis plusieurs semaines ». Selon la représentante des parents d’élèves, cette dernière a été remplacée par un enseignant qui fait le cours en français, faute de candidat germanophone.
« On ne veut pas incriminer l’inspectrice, ou le rectorat, on imagine bien que s’ils pouvaient, ils affecteraient quelqu’un. Mais ce qui est sûr, c’est que cette situation ne peut plus durer », observe Aline Le Nestour : « Pourquoi on en arrive là ? S’il y a une telle pénurie, c’est que ces métiers ne sont pas assez reconnus. »
Les professeurs pour les classes bilingues manquent particulièrement. Au Capes en 2022, en Alsace, pour 215 postes à pourvoir en allemand, seulement 83 personnes étaient admissibles. Le job dating organisé par le rectorat en juin dernier, spécialement pour recruter des enseignants pour les classes bilingues sans formation et diplôme spécifique, n’a visiblement pas suffi.
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