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Élections sénatoriales dimanche : course à l’immobilisme

Peut-être n’avez vous pas eu le mémo, mais dimanche, il y a des élections en France. Il s’agit de renouveler une partie des sénateurs, dont ceux d’Alsace. Mais pas de panique, ce n’est pas à vous de voter et de toutes façons et il n’y aura pas de grands changements.

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L’hémicycle du Sénat (Photo Sénat / FlickR / cc)

À quoi sert le Sénat ? La question revient à chaque scrutin sénatorial ou dès que le Sénat s’oppose à l’Assemblée Nationale. Les Français découvrent alors subitement son existence. La chambre haute du Parlement, qui s’appelait « conseil des Anciens » à sa création en 1795, est censée garantir la stabilité des institutions car il ne peut être dissous. Son président assure l’intérim de la présidence de la République en cas de vacance ou d’empêchement.

Renouvelé par série, il est aussi moins sensible aux aléas des humeurs politiques. Sur les 348 sénateurs, seuls 178 sénateurs de la série 2 seront à élire dimanche, dont ceux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, pour un mandat de six ans. Si en France, la courte majorité de la gauche au Sénat pourrait basculer, en Alsace, il y a peu de renouvellement à espérer.

Dans le Haut-Rhin, les quatre sénateurs sortants se représentent. Dans le Bas-Rhin, Guy-Dominique Kennel, président du conseil général, a remplacé Philippe Richert (auquel a succédé André Reichardt) à la tête de la liste UMP, mais les trois sénateurs UMP sortants se représentent. Au PS, Roland Ries s’est effacé pour rester maire de Strasbourg « à plein temps » et permettre à Jacques Bigot, maire d’Illkirch-Graffenstaden, de se présenter.

(infographie PF / Rue89 Strasbourg)

Une dizaine de listes se sont constituées dans le Bas-Rhin (voir tous les candidats), six dans le Haut-Rhin (voir tous les candidats) mais il n’y a pas de grand chamboulement à prévoir. Car les sénateurs sont élus par un collège de « grands électeurs », formés pour 5% par les élus du parlement et des collectivités territoriales et pour 95% par les maires, conseillers municipaux et des délégués nommés par ces mêmes élus dans les grandes villes, soit 2 727 personnes dans le Bas-Rhin, dont environ 367 strasbourgeois, et 1 969 dans le Haut-Rhin.

Pour le polititologue Philippe Breton, les élections sénatoriales concentrent tout ce que les Français n’aiment pas dans la politique :

« Le collège des grands électeurs, c’est le sérail de ceux qui sont déjà élus qui choisit parmi les siens. Comme les élections locales souffrent d’un déficit de participation et que les élus manquent de ce fait de légitimité politique, l’élection des sénateurs, par contre coup, est encore moins représentative de l’opinion publique. La preuve en est donnée par la présence quasi nulle de membres du Front national dans ce corps électoral spécifique, alors qu’ils représentent un bon tiers des votants dans le Bas-Rhin. »

Jacques Bigot : « j’ai connu des campagnes plus simples »

Tête de liste socialiste, l’ancien président de la CUS, maire d’Illkirch-Graffenstaden, Jacques Bigot a la lourde charge de sauver le fauteuil de Roland Ries. Pour qu’un sénateur socialiste soit élu, le candidat doit convaincre 546 grands électeurs. Certes, il peut compter sur plus de 200 socialistes strasbourgeois mais il a fallu quand même aller chercher les autres, et dans ce climat de défiance générale face au gouvernement, dans une terre bas-rhinoise bien ancrée à droite de surcroît, Jacques Bigot reconnaît qu’il a connu des campagnes plus simples :

« On était dans le dialogue. On a beaucoup écouté avant de livrer nos propositions. Les maires sont très inquiets par une centralisation rampante de l’État, qui décide de tout en multipliant les normes et les réglementations. Beaucoup de textes ont été votés par les gouvernements successifs qui ont eu pour effet de brider les pouvoirs des élus des collectivités locales. Je pense qu’il y a un chantier à ouvrir pour donner un nouvel élan à la décentralisation, on en a besoin pour libérer les énergies. »

Guy-Dominique Kennel : « la réforme territoriale est unanimement rejetée »

Une campagne pour les élections sénatoriales, c’est du porte-à-porte à l’échelle du département, de la dentelle (voir par exemple ce reportage avec Jean-Paul Alduy dans les Pyrénées-Orientales). Jacques Bigot et son équipe ont enchaîné les rendez-vous et les réunions depuis fin août, tout comme les candidats de la « majorité alsacienne » menés par Guy-Dominique Kennel, président (UMP) du conseil général du Bas-Rhin. Pour ce dernier, qui voit dans le Sénat une intéressante suite à sa carrière politique alors que le Département est appelé à disparaître, l’enjeu est de réussir le grand chelem :

« La réforme territoriale est unanimement rejetée par les élus locaux, ce grand ensemble de l’Alsace à Paris qu’on veut nous faire subir n’a aucun sens. Beaucoup sont choqués de la manière dont ça se passe, et je pense que ça va se ressentir dans leurs votes. On a beaucoup milité pour le conseil unique d’Alsace. Et puis, il y a la baisse des moyens accordés par l’État aux collectivités locales, qui se sentent vraiment méprisées, sans oublier l’inflation des normes qui paralysent les communes. »

Les élus locaux ont donc passé le message : arrêtez de faire pleuvoir les décrets et les arrêtés ! Étant donné que les textes découlent aussi des directives européennes, on peut douter de la capacité des sénateurs à faire cesser le flot de réglementations mais le Sénat est le représentant des collectivités locales, c’est donc à lui de faire passer ce message aux gouvernements successifs.

Les résultats seront communiqués dimanche vers 16h30.


#élections sénatoriales 2014

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