Soulagement général à droite comme à gauche chez les responsables politiques alsaciens suite à l’élection assez large d’Emmanuel Macron (65,8%) face à Marine Le Pen. Certaines déclarations se doublent d’alertes sur la situation du pays et des conséquences politiques à en tirer.
Le FN à plus de 60% dans des dizaines de communes
Surtout qu’en Alsace, l’écart est un peu plus serré (61-39%) qu’en France. Le FN remporte une centaine de communes aux quatre coins de la région (voir notre carte complète) et réalise plus de 60% des suffrages dans plusieurs dizaines d’entres elles.
L’élection d’Emmanuel Macron amène déjà à se poser des questions sur la manière de gouverner demain. « En Marche » n’a aucun élu ni député sortant sur qui compter. Mais le mouvement, ou son seul allié officiel le Modem, présenteront des candidats partout.
La droite vise la cohabitation
À droite, le message semble pour le moment assez clair. L’objectif est d’avoir une majorité de députés pour organiser une cohabitation et imposer son programme. Les succès électoraux aux élections intermédiaires peuvent laisser croire à cette possibilité, notamment en Alsace, en dehors de Strasbourg.
Pour autant, il faudra s’y prendre autrement note par exemple, le président du conseil départemental du Bas-Rhin, Frédéric Bierry :
« Pour gagner nous avons besoin d’être unis. Pour être unis, nous devons respecter l’ensemble des sensibilités, y compris celle de la droite humaniste et sociale qui trouve en Alsace des racines fortes ».
Un clin d’œil aux partisans de François Fillon, dont le programme n’avait évolué qu’à la marge après l’élection primaire, avant même que les affaires ne scellent une rupture profonde entre différents courants de la droite et la non-campagne de nombreux cadres et militants.
Les candidats « En Marche » bientôt connus
Au centre, qui seront les candidats « En Marche » ? Pour l’instant, aucun n’est connu officiellement, même si quelques noms bruissent, comme le référent pour le Bas-Rhin Bruno Studer ou Sylvain Waserman, le maire de Quatzenheim dans le Kochersberg, qui pourrait se retrouver dans la circonscription du sud de Strasbourg.
Se pose ensuite la question plus épineuse du parti à la rose. Officiellement, En Marche vise une majorité absolue à l’Assemblée pour gouverner. Mais au Parti socialiste (PS), notamment à Strasbourg, on verrait bien une coalition à l’allemande, avec des élus En Marche, PS, voire du centre-droit. C’est par exemple le souhait du maire de Strasbourg Roland Ries (PS), comme du président de l’Eurométropole, Robert Herrmann (PS).
En Marche invité à rejoindre la majorité PS à Strasbourg
Ils ont tous deux déclaré qu’ils soutiendraient les candidats PS aux élections législatives, en espérant que chacun clarifie s’il sera un candidat prêt à gouverner ou non avec Emmanuel Macron.
Le maire a pour le moins surpris en annonçant son souhait d’intégrer des élus strasbourgeois membre d’ »En Marche », concrètement ceux du Modem à ce jour, à sa majorité municipale actuelle obtenue en 2014 grâce à des listes PS et EELV. Pour d’autres élus locaux du PS, comme Robert Herrmann, « ce n’est pas le temps de la politique municipale ».
Éric Elkouby se présentera en candidat Macron-compatible
La question des étiquettes ne se pose pas pour Éric Elkouby, député PS sortant sur la circonscription 1, qui à la soirée d’En Marche, dimanche soir au café Bâle, indique qu’il se présentera en candidat « du rassemblement des Strasbourgeois et des Strasbourgeoises » et surtout « de la majorité présidentielle, au-delà des partis » :
Pour l’autre député PS alsacien, Philippe Bies, la question est plus complexe. Lui qui a parfois un peu égratigné Emmanuel Macron par le passé, estime que « le nouveau président doit se positionner sur comment il veut gouverner » :
« On voit que le FN, « Les Républicains » et la France Insoumise veulent se placer dans l’opposition. Moi, je reste candidat PS et je pense que ce mandat doit être utile, de progrès, contrairement à celui de Jacques Chirac en 2002, où il ne s’est rien passé. Pour que le quinquennat soit utile, il faut une majorité. Il faut voir sur quelle base on peut se rassembler. Plusieurs propositions du PS sont proches d’En Marche. »
Réaction semblable chez la première secrétaire Pernelle Richardot. Si elle se dit « en désaccord » sur certains points comme « la hausse de la CSG ou l’autonomie du recrutement des établissements scolaires », elle pense que le PS, dont certains membres éminents l’annoncent mourant, peut avoir sa place dans les décisions.
Elle attend des signes d’Emmanuel Macron « sur la majorité et la gouvernance future » pour clarifier l’avenir, après « une élection par défaut ». Un sujet qui sera débattu au bureau national du PS ce mardi 9 mai.
Le FN peut espérer des députés mais risque de rester seul
Enfin côté FN, on imagine que Marine Le Pen « prenne la tête d’une grande coalition : une alliance nationale, républicaine et patriote », explique Thibault Manteaux, responsable de la 4ème circonscription du Bas-Rhin.
Mais même Debout la France, le parti de Nicolas Dupont-Aignan, est sensé présenter des candidats partout en France. Et on imagine difficilement d’autres formations se rallier à la candidate de « La France apaisée ».
Néanmoins, les scores du FN dans certains secteurs d’Alsace, notamment près de Sarre-Union, peuvent laisser envisager l’élection de députés FN alsaciens.
Date limite, le 19 mai
Les jours à venir annoncent donc une clarification du positionnement d’En Marche et de celui du PS. À droite, se présenter en candidat Macron-compatible nécessiterait de prendre ses distances avec la direction nationale du parti. Les dates pour les déclarations de candidatures officielles sont du 15 au 19 mai. L’élection se tiendra les 11 et 18 juin.
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