« Nous sommes face à une forme d’injustice transfrontalière. Les Allemands mettent en place une taxe pour l’utilisation de leurs routes et c’est nous qui subissons les nuisances du trafic. » Au cours d’un déjeuner de presse, le président de la Collectivité européenne d’Alsace (CeA) Frédéric Bierry (Les Républicains) a annoncé une avancée contre le flux de poids lourds circulant sur les autoroutes alsaciennes. Une grande partie des poids lourds circulant en Europe esquiveraient la taxe allemande LKW-Maut appliquée aux camions de plus de 12 tonnes en adoptant un itinéraire en France.
« On a plus de 1 400 poids lourds supplémentaires par jour depuis l’augmentation de la Maut, c’est une situation de sur-fréquentation, martèle Frédéric Bierry. Il y a un enjeu de sécurité, de santé, mais aussi de fluidité de l’axe. Notre enjeu, c’est de faire en sorte de rééquilibrer les choses. » Contre cette affluence, le président de la CeA propose l’instauration d’une taxe similaire pour les poids lourds circulant sur certaines routes alsaciennes.
Opposition des transporteurs
Le réseau de route taxable se limiterait à près de 200 kilomètres, annonce le président de la CeA, située sur l’axe nord-sud, essentiellement sur l’A35 et A36. Elle pourrait rapporter une somme de 64 millions d’euros par an au Département, selon une étude d’impact commandée par la CeA.
Sa grille tarifaire sera soumise à consultation pour une période s’étalant jusqu’à l’automne 2025. Quelques jours avant cette annonce de Frédéric Bierry, l’Union des entreprises de transport et de logistique de France (Union-TLF) a fait savoir son opposition frontale à la proposition, rejetant l’étude d’impact et estimant que le projet « pourrait mettre en péril la viabilité de certaines entreprises locales ».
Cette taxe alsacienne visant les poids lourds est un dossier qui date de l’instauration de la LKW-Maut en Allemagne en 2005, dont le produit a permis aux États allemands d’investir massivement dans les infrastructures routières et ferroviaires. L’instauration d’une « écotaxe » en Alsace pour éviter ou compenser le report des camions est en discussion depuis au moins 2011. En avril 2024, les élus écologistes d’Alsace et du Grand Est avaient signé une tribune appelant de leurs vœux l’instauration de cette taxe de transit.
À l’inverse, le conseiller départemental d’opposition Damien Frémont (Les Écologistes) estime que l’exécutif est trop lent. « La taxe était déjà annoncée pour 2025, là on nous annonce 2027 à minima… Qu’il y ait un échange avec eux c’est essentiel, puisqu’ils sont directement concernés, mais à un moment il faut prendre des décisions politiques. » L’élu écologiste estime de surcroît que la taxe ne sera pas dissuasive : « On se dirige vers une diminution de la surface taxée et une diminution du prix envisagé, de 19 à 15 centimes au kilomètre. Ça ne suffira pas, il faut s’aligner avec les voisins allemands. »
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