Les élèves de l’école maternelle Louise Scheppler ne se sont plus vus depuis le vendredi 13 mars. Il n’est pas sûr qu’ils se revoient d’ici l’été. La municipalité hésite à faire reprendre ses maternelles en juin. L’école du quartier Laiterie n’étant pas rattachée à une école élémentaire, ceux qui passeront au CP seront répartis entre les écoles Sainte-Aurélie, Finkwiller et l’Elsau.
Mais il y a autre chose qui préoccupe les parents d’élèves depuis le confinement. Le Rectorat prévoit de passer le nombre de classes de 5 à 4.
Une menace depuis plusieurs années
Représentant élu des parents d’élèves, Adrien Vuillemin n’est pas surpris par l’annonce, mais par la méthode :
« Cette fermeture est évoquée depuis plusieurs années en conseil d’école, car cela fait plusieurs années que les inscriptions baissent. L’an dernier, il y avait 119 inscrits pour un seuil de fermeture à 118 (soit 29,5 élèves par classe ndlr). Mais le timing, l’apprendre par les syndicats et la directrice, est un peu affligeant. Avant le confinement, nous avons eu un conseil d’école début mars et l’inspecteur d’Académie présent n’en avait pas parlé. »
Le Comité Technique spécial départemental (CTSD) qui décide des ouvertures et fermetures de classes dans le Bas-Rhin devait se tenir en avril, après les élections municipales… qui attendent toujours leur second tour à Strasbourg. Ainsi ce sont les anciens élus qui suivent le dossier, l’adjoint de quartier Paul Meyer (groupe municipal La Coopérative) et l’adjointe à l’Éducation, Françoise Buffet (divers gauche).
Une école hors REP mais avec des difficultés
Les projets de fermetures et d’ouverture de classes se basent sur des projections statistiques, qui tiennent compte des inscriptions passées et des naissances trois ans plus tôt. Les seuils sont autour de 30 élèves par classe pour une école hors Réseau d’éducation prioritaire (REP). « La Ville décide de la carte scolaire et a une marge de manœuvre pour intervenir sur les inscriptions », note à ce sujet François Schill secrétaire départemental adjoint Snuipp. « J’ai déjà évité des fermetures deux fois à Louise Scheppler en refusant des dérogations ou en réorientant des parents d’autres communes qui voulaient inscrire leurs enfants », abonde Paul Meyer. Le Rectorat n’a pas souhaité répondre à notre sollicitation.
Pour le Snuipp, François Schill dit avoir défendu la situation atypique de cette école lors de la réunion d’avril :
« Le Rectorat applique une prétendue équité avec un même quota à toutes les écoles. Mais l’école Louise Scheppler est dans une configuration particulière. Elle n’est pas dans la situation des REP ou REP+, mais concentre tout de même des problématiques sociales. Bien que proche du centre-ville, elle n’est représentative d’une école normale. Au vu de cette situation, elle pourrait avoir un peu plus de moyens. »
Selon Adrien Vuillemin, de nouvelles inscriptions ont été enregistrées en mai, pour atteindre 127 enfants (54 petites sections, 31 moyens et 42 grands), soit au-delà. « Parmi les nouveaux inscrits en petite section, il y a 10 enfants dont les parents sont hébergés dans des structures d’hébergement d’urgence », pointe le parent d’élève Adrien Vuillemin. « Si les seuils sont atteints, il n’y a plus de raison objective pour une fermeture », assure François Schill.
Paul Meyer espère « un électrochoc »
L’adjoint de quartier est persuadé que « cette classe ne fermera pas ». Au contraire, Paul Meyer estime que cette menace créera « un électrochoc » :
« Ce n’est pas juste l’histoire d’une fermeture de classe. Cette école vit une triple peine. Géographiquement, elle est proche de l’A35 et de ses émanations polluantes. Elle n’est pas rattachée à une groupe scolaire et ses élèves sont répartis dans trois écoles. Et elle n’est pas reconnue comme elle le devrait, alors que le quartier gare concentre les difficultés sociales, l’accueil de personnes sans abri, etc. Il faut savoir que même une classe avec 18 élèves de petite section et 2 de moyenne section est considéré comme un cours double et donc n’a qu’un demi-poste d’Agent territorial spécialisé des écoles maternelles (Atsem). C’est aussi une école avec des enfants qui arrivent en cours d’année, ceux des demandeurs d’asile et qui parfois repartent du jour au lendemain, avec tout le traumatisme que cela entraîne pour leurs camarades. J’ai compilé tout un dossier auprès de l’Éducation nationale pour empêcher cette fermeture. »
La décision de remettre ou non une cinquième classe devait se prendre lors du CTSD de juin. Mais il a été décalé à fin août.
Du côté des parents d’élèves élus et de l’association des parents de l’école Louise Scheppler (APEELS), on s’apprête à mobiliser davantage. Les quatre têtes de liste qualifiées au second tour des élections municipales ont été contactées. Une prise de position en tant que candidat est espérée pendant la campagne électorale. Une manifestation, avec distanciation physique, pourrait aussi se monter, surtout si les élèves ne revoient plus leur école. « Nous essayons de mobiliser les jeunes parents, dont les enfants arriveront dans quelques années dans cette école », conclut Adrien Vuillemin.
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