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Des échos de Taksim à Strasbourg

La communauté turque est estimée à près de 30 000 personnes à Strasbourg. Des échos de la place Taksim à Istanbul, la ville en entend donc forcément. Deux manifestations de soutien ont déjà été organisées depuis le début de la révolte place Taksim à Istanbul, la capitale économique de la Turquie. Pourtant, la communauté turque de Strasbourg ne compte pas parmi ses rangs que des adeptes de cette révolte.

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La place Taksim le 1er juin (Photo Eser Karadağ / FlickR / CC)

Ça fait maintenant 12 jours que les mouvements d’occupation ont commencé place Taksim à Istanbul en Turquie. À l’origine de cette révolte, un projet de construction d’un centre commercial à la place du parc Gezi à Istanbul, dernier parc urbain. Une cinquantaine de défenseurs de l’environnement se sont rassemblés le 31 mai pour protester contre la destruction de ce parc. En pleine nuit, alors qu’ils occupaient le parc en dormant à l’intérieur, ils ont été violemment délogés par les forces de l’ordre turques qui ont ensuite brûlé leur tente. C’est suite à cet accès de violence disproportionné de la part du gouvernement que tout a commencé.

À Strasbourg, la communauté turque est importante. Elle compte près de 30 000 personnes. Parmi eux, certains sont pour ce mouvement de révolte, d’autres soutiennent Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre turc dont le gouvernement d’inspiration islamique s’est peu à peu durci. Deux Strasbourgeoises d’origine turque témoignent de leur relations à ces évènements.

« Erdogan s’efforce d’être le dirigeant de tous »

À 22 ans, Sumeyye Gedikoglu est étudiante à l’Université de Strasbourg et déjà bien engagée dans les problématiques de son pays d’origine. Née à Belfort, elle vit désormais à Strasbourg avec sa famille depuis une dizaine d’années. Chaque été, ils se rendent à Istanbul. La dernière fois que Sumeyye a pu s’y rendre, c’était en février. Elle n’a pas senti de tension particulière à ce moment-là. Aujourd’hui, elle suit ce qui se passe place Taksim avec attention à travers les réseaux sociaux. Sur Facebook, ses amis en Turquie sont très partagés. Mais selon elle, ces événements sont trop amplifiés par les médias occidentaux. Elle ne comprend pas les manifestants.

Et c’est essoufflée après avoir couru pour nous rejoindre qu’elle s’exprime :

« Erdogan réorganise la société turque selon ses valeurs religieuses »

Pour Maya Arakon, politologue de 40 ans vivant entre Strasbourg et Istanbul, cette révolte était au contraire à prévoir. Les événements du parc Gezi ont été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, et Marya compte bien se rendre en Turquie dans une dizaine de jours, quitte à prendre le risque de se faire arrêter par le gouvernement turc.

À Strasbourg, la ligne de fracture entre les pro et anti-Erdogan s’est fait sentir jusqu’au parti socialiste. La semaine dernière, les conseillers municipaux Saban Kiper (d’origine turque) et Soumiya Sihabi ont co-signé avec d’autres Alsaciens un communiqué dénonçant le positionnement du PS local en soutien aux manifestants. Le premier secrétaire fédéral du PS du Bas-Rhin et adjoint au maire à Strasbourg, Mathieu Cahn a réagit vivement contre ce communiqué, notamment via son profil Facebook, pour soutenir les rassemblements locaux et sa collègue Mine Günbay, d’origine turque, très investie dans le mouvement. Dans un bref communiqué, le maire de Strasbourg Roland Ries a également soutenu les manifestants et « le droit de faire connaître son opinion librement, dès lors qu’il n’y a ni violence ni dégradation ».


#communauté turque

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