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Distribution: l’âge des coopératives d’agriculteurs

Dans un ancien hangar à paille situé à Oberhausbergen, la coopérative agricole Hop’La tente de renouer un lien entre les producteurs et les consommateurs. Pour autant, l’exemple reste unique dans le Bas-Rhin et les circuits courts sont encore loin de rivaliser avec la grande distribution.

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La coopérative Hop’La (Photo KR / Rue89 Strasbourg)


L’idée de créer un point de vente collectif dans lequel les producteurs vendent directement leurs produits est venue d’un constat de Patrick Messer, producteur de produits laitiers à Durningen dans le Bas-Rhin :

« Il n’y a pas assez de produits régionaux dans les grandes surfaces ».

Du coup, il a importé un concept de distribution très présent dans la région Rhône-Alpes : une coopérative formée par des agriculteurs ayant pour objectif de vendre directement leurs produits aux consommateurs. L’idée séduit et Patrick Messer crée en mars 2012 la coopérative Hop’La à Oberhausbergen. « De la graine à l’assiette », selon Patrick Goettelmann, producteur de volaille et de cochon à Meistratzheim, l’un des initiateurs de ce projet pour qui Hop’La représente 25% des ventes.

Il ne peut y avoir qu’un producteur par produit, afin d’éviter toute concurrence au sein de l’équipe. Chez Hop’La, les producteurs s’engagent pour quinze ans. Pour participer, les agriculteurs doivent bénéficier d’un label propre à leur produit (agriculture biologique, bienvenue à la ferme, global G.A.P…).

Hop’La propose un panier de produits diversifiés : viandes, vins, poissons, épices, vinaigres, légumes, pains… Depuis son ouverture, la coopérative a su fidéliser les habitants d’Oberhausbergen mais aussi au-delà, des Allemands viennent y faire leurs courses une à deux fois par semaine. Il suffit d’y faire un tour le samedi après-midi pour constater la réussite de ce magasin.

La grande distribution en embuscade

Selon des agriculteurs membres de la coopérative, plusieurs facteurs expliquent ce succès. En vrac, la fermeture des commerces de proximité à Oberhausbergen, l’affaire Spanghero qui a provoqué une augmentation des ventes sur la viande, les bons conseils des agriculteurs et un bon rapport qualité-prix. Certains produits sont moins chers qu’en grandes surfaces (voir le reportage de France 3).

Cependant, Patrick Messer assure ne pas concurrencer les grandes surfaces :

« Je produis aussi pour les grandes surfaces. Nous n’avons pas monté cette coopérative pour les concurrencer, je pense que nous sommes plutôt complémentaires. De toutes façons, nous ne proposons pas tous les produits d’alimentation. »

La pisciculture de Martine et Philippe Billmann dans le Parc Régional des Vosges du Nord produit également pour la grande distribution. Selon les deux éleveurs, la grande distribution est indispensable à la survie de leur exploitation. Un tiers de leurs produits est consacré aux marchés, un tiers à Hop’La et l’autre tiers aux grandes surfaces.

Ce n’est pas pour autant l’avis de tous les agriculteurs membres de Hop’la, tel Martin Wurtz, cultivateur en agrobiologie (plantes médicinales) dans les hauteurs du village de Fréland :

« Je suis totalement contre la politique de la grande distribution vis à vis des agriculteurs. Pour moi, la qualité et les grandes surfaces ne font pas bon ménage. C’est pourquoi je participe à l’aventure « Hop’La » tout comme celle du « Cellier des montagnes » regroupant des agriculteurs du Kochersberg. Bien sûr, je ne vends pas que mes produits dans des points de vente collectifs, je produis également pour des restaurants étoilés et des magasins bio ».

La filière agricole à fond sur les circuits courts

L’avantage de ces points de ventes, selon la chambre d’agriculture du Bas-Rhin, réside dans la mutualisation des moyens, ce qui permet d’offrir aux consommateurs un large choix de produits réuni dans un seul et même lieu. Cela évite donc d’aller acheter ses œufs dans une ferme, ses légumes dans une autre… Et surtout, les clients exigeants bénéficient des conseils des agriculteurs sur la conservation des produits, leur préparation, leur origine, etc. Valérie Simon, chargée des filières courtes à la chambre d’agriculture du Haut-Rhin, précise :

« Nous avions réalisé des études de marché concernant les attentes des consommateurs et ce type de vente répond parfaitement à leurs attentes concernant la proximité avec les producteurs, la qualité du produit, sa traçabilité et le fait de « vivre avec sa région ». C’est pourquoi nous pouvons dire que les points de ventes collectifs sont l’avenir de la filière agricole ».

Bien entendu il subsiste quelques inconvénients dont notamment la saisonnalité des produits, un stock limité et un investissement conséquent dans une structure devant accueillir la clientèle dans un cadre chaleureux. Il faut également une très bonne entente au sein de l’équipe et une certaine ouverture d’esprit pour vendre le produit d’un autre producteur lorsque ce dernier n’est pas présent au magasin. La disponibilité est également très importante puisque le producteur doit être présent plusieurs jours par semaine sur le point de vente or certains n’ont pas le temps de s’y rendre et privilégient ainsi les structures comprenant des vendeurs déjà sur place comme celle des grandes surfaces, comme l’explique Mireille Sins, productrice de glaces artisanales à Bust.

D’autres projets similaires sont en création dans le Bas-Rhin et notamment à Strasbourg, avec un projet soutenu par la Ville à l’Ancienne Douane.

Voir le reportage de France3 Alsace


#circuits courts

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