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Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°6 du Bas-Rhin :
Paulina, assistante de direction, 39 ans. Elle a milité dans la campagne de la quatrième circonscription en faisant des affiches notamment :
« Je suis venue manifester ce soir parce que je voulais soutenir les jeunes, être témoin, être sûre que ça se passe pacifiquement. Ces prochains jours, je vais essayer d’être actrice de la situation, aider dans les circonscriptions où il y a besoin d’aide. Encore avant hier, les macronistes expliquaient sur les plateaux télé qu’on est des extrémistes, c’est tellement violent contre nous. Ça fait 20 ans qu’on vote tout et n’importe quoi à gauche pour faire barrage au RN. C’est difficile pour moi d’imaginer des discussions entre le NFP et Renaissance, mais s’il faut le faire on va le faire. »
« Dans le Haut-Rhin comme au niveau national je trouve extrêmement inquiétant la place qu’a pris le RN dans ce scrutin », a déclaré dimanche soir Irène Weiss, candidate Les Républicains dans la première circonscription du Bas-Rhin :
« Il est important que nos militants, nos adhérents et nos sympathisants se mobilisent contre l’extrême-droite afin de pouvoir gouverner ce pays de manière un peu plus sereine. Sur le terrain, notamment dans les marchés, on nous a posé la question de notre position au second tour. Surtout que nous Les Républicains, avec l’affaire Ciotti, on a manqué de clarté sur le sujet de l’opposition à l’extrême-droite. Donc aujourd’hui on est extrêmement clair, et je parle là au nom des candidats alsaciens des Républicains, nous avons demandé la démission d’Éric Ciotti et avons démenti cette alliance avec l’extrême-droite. Nous sommes contre les extrêmes et l’extrême-droite en priorité. »
Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°5 du Bas-Rhin :
Rencontré à la soirée de campagne des écologistes, Syamak Agha Babaei, premier adjoint à la maire de Strasbourg, s’avoue « horripilé par le résultat national » :
« Je pense à toutes les personnes qui vont se dire ce soir qu’elles vont devoir partir, que leur idéal de la France s’est évanoui. Je suis en colère contre les gens de droite et du centre car nous, à gauche, on a toujours fait front contre le RN. Mais leur haine est plus forte pour la gauche que contre le racisme et la xénophobie. Certains élus locaux se sont disqualifiés moralement, Fabienne Keller, Frédéric Bierry, Pierre Jakubowicz… Je me demande si notre pays restera un territoire universel ou rentrera dans le camp des pays totalitaires. Chacun doit s’interroger dans le second tour, s’il veut privilégier ses intérêts ou l’intérêt général de ce pays. »
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Pacha, travaille dans le monde associatif. Pendant la campagne, il a milité pour le Nouveau Front populaire en tractant dans les circonscriptions 2 et 4 :
« Ces élections étaient un bel élan citoyen. Les résultats du RN était étaient prévisibles mais c’était important de venir pour affirmer que rien n’est fini, on va continuer à se mobiliser, le deuxième tour peut changer la donne en cas de barrage clair. Comme le NFP l’a fait, Renaissance doit dire la même chose : Pas une voix de plus pour le RN. »
Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°3 du Bas-Rhin :
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Notre formidable développeur Geoffrey a réussi à contourner les blocages imposés du ministère de l’Intérieur ! Retrouvez des résultats partiels sur les circonscriptions du Bas-Rhin sur notre carte.
Christian Zimmermann, candidat du Rassemblement national dans la 6e circonscription du Haut-Rhin espère avoir des « députés RN dans toutes les circonscriptions du Haut-Rhin » :
« Partout sauf dans la 5e (Mulhouse, NDLR), notre avance est large. Mais même à Mulhouse, je pense que Pierre Pinto peut l’emporter au second tour. La dynamique est là. Les gens n’écoutent plus les consignes de vote. Et nous pouvons compter sur les voix des électeurs LR, des gens qui veulent de l’ordre. Personne ne se reportera sur un macroniste. »
Quant au Bas-Rhin, Christian Zimmermann pense pouvoir « l’emporter dans cinq circonscriptions. Je suis optimiste parce que le déferlement de consignes de vote ne changera rien. Jean-Luc Mélenchon fait figure de repoussoir pour beaucoup de macronistes. S’ils se désistent, je pense qu’on pourra même récupérer une partie de leurs voix. »
Gabriel Attal promet un « choix de l’honneur »
Le premier ministre Gabriel Attal a été le dernier dirigeant de la majorité sortante à prendre la parole dimanche. Et il a finalement été le plus clair dans le combat contre le Rassemblement national (RN).
« Nous avons la conviction sincère que nous portons un combat juste, fort, nécessaire et indispensable mais ce soir n’est pas un soir comme les autres », a-t-il expliqué. Avant de poursuivre : « La leçon de ce soir c’est que l’extrême droite est aux portes du pouvoir. (…) Notre objectif est clair : empêcher le RN d’obtenir une majorité absolue, de dominer l’AN, et donc de gouverner le pays avec le projet funeste qui est le sien.
Pas une voix ne doit aller au Rassemblement national. Dans de pareilles circonstances, la France mérite que l’on n’hésite pas. Il est de notre devoir moral d’empêcher le pire d’advenir. »
Concrètement, dans plus d’une centaine de circonscriptions, Ensemble sera au second tour. Mais dans les autres circonscriptions, ses candidat·es devront se désister s’ils et elles sont en troisième position, pour défendre « un autre candidat qui défend comme nous les valeurs de la République ». « C’est un choix important, un choix lourd, parce que c’est le choix de la responsabilité, et le choix de l’honneur », a-t-il poursuivi.
Gabriel Attal est convaincu que le Nouveau Front populaire « n’aura pas de majorité absolue ». « L’enjeu de ce second tour, c’est de priver l’extrême droite de majorité absolue pour bâtir des majorités de projet. »
Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°6 du Haut-Rhin :
Malheureusement, le ministère de l’Intérieur a choisi de retenir tous les résultats tant qu’un département n’est pas complet. Nous ne recevons donc pas les résultats au fil de l’eau dans le Bas-Rhin.
Nouveau résultat disponible pour la Circonscription n°5 du Haut-Rhin :
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Olivier Becht (Agir) est arrivé en tête dans la 5e circonscription du Haut-Rhin. Arrivée troisième, Nadia El Hajjaji, qualifiée, devrait se désister pour faire barrage au candidat RN.
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Jordan Bardella cible « l’extrême gauche »
Le chef de file du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella a évoqué un « péril existentiel » au soir des résultats du premier tour, lançant sa campagne pour le second en diabolisant l’alliance des gauches et des écologistes.
« Le choix est clair, désormais » entre d’un côté « l’alliance du pire, celle du Nouveau Front populaire, rassemblée derrière Jean-Luc Mélenchon, qui conduira le pays au désordre, à l’insurrection et à la ruine de notre économie. De l’autre, l’Union nationale que j’ai l’honneur de conduire aux côtés de Marine Le Pen, d’Eric Ciotti et de nos alliés. »
Jordan Bardella se présente comme « l’unique rempart républicain et patriote », jouant la carte de l’apaisement pour rassurer les électeurs et les électrices : il a promis qu’il serait « le premier ministre de tous les Français, à l’écoute de chacune et de chacun […] », un « premier ministre de cohabitation, respectueux de la Constitution et de la fonction du président de la République, mais intransigeant sur la politique [qui sera mise] en œuvre au service de la France et au service des Français ».
Parmi les soutiens du candidat de gauche dans la troisième circonscription, Delphine Bernard, du collectif Pas d’enfant à la rue : « Je suis angoissée au vu des résultats nationaux, on va clairement vers quelque chose de maussade. » Même si son candidat est en bonne place à Strasbourg, elle redoute la suite des élections :
« Qu’elles seront les consignes de vote, en cas de triangulaire ? À gauche on a voté Macron plusieurs fois pour faire barrage, je me sentirais trahie s’ils ne faisaient pas la même chose pour nous. »
Le ministère de l’Intérieur vient d’indiquer qu’il était dans l’incapacité de communiquer les résultats sur ses bases de données :
« Une mise à jour va être effectuée sous peu, celle-ci empêchera la récupération des résultats pendant une quinzaine de minutes. Nous vous prions de bien vouloir nous excuser pour la gêne occasionnée et nous reviendrons vers vous dès que la situation sera nominale. »
Cette base de données est celle utilisée par Rue89 Strasbourg pour afficher les résultats sur la carte de l’Alsace. Il faudra donc attendre encore un peu pour les premiers résultats.
Jean-Luc Mélenchon : « Pas une voix, pas un siège de plus pour le RN »
Le leader des Insoumis a indiqué dimanche soir une « consigne simple, directe et claire » : « Pas une voix, pas un siège de plus pour le RN. Dans le cas de triangulaires, conformément à nos principes, nulle part, nous ne permettrons au RN de l’emporter ». Concrètement, La France insoumise se désistera si leur candidat·e arrive en troisième position avec le RN en tête.
Pour les autres cas, de duel, ce sera, a rappelé Mélenchon, « ou bien le NFP, ou bien le RN ». « Dans ces conditions, nous ne pouvons avoir d’autre proposition, d’autre demande raisonnable au peuple : il faut donner une majorité absolue au NFP car il est la seule alternative. Il ne s’agit pas seulement de voter contre, ni seulement de vouloir faire barrage, il s’agit de voter pour un autre futur (…). C’est possible. »
Pour la première fois, Iraïs a été assesseure dans un bureau de vote de Schiltigheim. Engagée au Parti socialiste, elle est venue soutenir Thierry Sother en tant que candidat du NFP dans la 3e circonscription du Bas-Rhin.
Un militant au téléphone fait savoir que selon les bureaux de votes tests de la circonscription, leur candidat serait en tête. « Le RN ferait plus du double de leurs voix de 2022 », soupire-t-il.
Selon les estimations d’Ipsos, le Rassemblement (RN) arrive largement en tête avec 34% des voix pour le parti de Jordan Bardella et ses alliés. Arrive ensuite le Nouveau Front populaire avec 28,1% des voix, puis la majorité sortante, Ensemble, à 20,3%, et enfin Les Républicains (LR) à 10,2%.
Les projections en siège sont très difficiles à estimer en raison de la très forte participation et du nombre important de triangulaires. Selon Ipsos, la composition de l’Assemblée après les élections législatives pourrait s’afficher ainsi :
- RN et alliés : 230 à 280 sièges
- NFP : 125 à 165 sièges
- Ensemble : 70 à 100 sièges
- LR et DVD : 41 à 61 sièges
- DVG : 11 à 19 sièges
- Autres : 22 à 30 sièges
Devant les résultats, les visages des sympathisants du NFP restent fermés, abattus. « Bon, on savait que le RN serait en tête… » lance quelqu’un dans le public. À chaque table, chacun se lance dans les pronostics pour le second tour.
Selon les premières estimations à la sortie des urnes, le Rassemblement national est arrivé en tête du premier tour des élections législatives, avec 33 à 35% des voix, ce qui le placerait proche de la majorité absolue des voix à l’Assemblée nationale.
Le Nouveau Front populaire est en deuxième position avec 28 à 32% des voix tandis que la Majorité présidentielle tombe entre 19 et 23% des voix. Les Républicains n’obtiendraient que 10% des voix.
Dans quinze minutes les premiers résultats :
- Dans les trois circonscriptions de Strasbourg sur notre carte détaillée par bureaux de vote, branchée sur les données fournies par la Ville de Strasbourg,
- En Alsace sur notre carte détaillée par circonscriptions et communes, branchée sur les données fournies par le ministère de l’Intérieur,
- En France, sur une carte détaillée publiée par Mediapart.
À 20h, nos journalistes seront présents au QG de Rebecca Breitman, candidate macroniste dans la 2e circonscription, au QG de Thierry Sother, candidat NFP dans la 3e circonscription et à France 3 Alsace, où sont attendus plusieurs candidats.
Jean-François, 53 ans, veut redonner la majorité à la Macronie :
« Je ne veux pas que les impôts augmentent et c’est tout, je me base sur la partie économique du programme pour me décider. Au second tour je ne voterai pas NFP, car je ne ferai jamais confiance à Jean-Luc Mélenchon. D’ailleurs jamais je ne voterai à gauche. Quant au RN, je trouve leur programme économique trop bancal : baisser la TVA oui mais pour prendre l’argent autre part, dans la classe moyenne comme la mienne ? Il faudra que je me renseigne et au pire, je m’abstiendrai. »
Raphaëlle, 54 ans, habitante de la Montagne Verte, est archiviste indépendante. Elle est très touchée par l’atmosphère de division qu’elle ressent dans la société française en ce moment :
« J’ai voté pour le Front populaire, je n’avais aucun doute sur mon choix. Même si je sais qu’à Strasbourg, les résultats ne seront pas catastrophiques, je ne suis pas sereine, je trouve que l’ambiance est lourde. J’ai la boule au ventre. Je n’en peux plus de l’absence de débat, de la polarisation, de la manipulation médiatique qui renvoie deux extrêmes dos à dos soit alors que le NFP ne l’est pas. Je ne pense pas non plus que ce soit une solution de traiter les soutiens du RN de fachos. En tant qu’archiviste, je crains pour le libre accès au fonds d’archives et la réécriture de l’Histoire, qui peut servir à une propagande avec un régime qui ne serait pas démocratique. Heureusement, on n’en est pas encore là. »
Dernières heures pour notre offre exceptionnelle
Ce compte-rendu et la diffusion des résultats ce soir sont gratuits. Mais Rue89 Strasbourg a mobilisé une équipe de huit personnes pour cette journée exceptionnelle, qui parcourent la ville depuis ce matin et seront dans les QG des équipes de campagne ce soir.
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Pierre, 77 ans, agrégé d’histoire et retraité, n’a pas paniqué ces trois dernières semaines : « L’annonce de la dissolution a a été un moment de délivrance. » L’ancien maître de conférences vote Rassemblement national depuis quinze ans « malgré un discours misérable sur l’écologie ». Sa boussole thématique c’est l’immigration, bien qu’il ne la connaisse pas lui même en tant qu’habitant du centre-ville de Strasbourg. « Le programme d’hospitalité inconditionnelle de La France insoumise va ruiner la Sécurité sociale avec des improductifs qui viendront en France sans contribuer à la richesse du pays, assure-t-il alors que des économistes ont rappelé les apports économiques des immigrés pour la France. C’est sans doute ce que veut Emmanuel Macron, utiliser l’immigration pour détruire notre État social, que je soutiens. »
Élodie, assistante maternelle de 32 ans, n’a pas pu voter. Domiciliée à Grenoble, sa procuration n’a pas fonctionné. Rencontrée à la Montagne Verte, elle s’inquiète d’une arrivée du Rassemblement national au pouvoir, qui ouvrirait une ère de « régressions pour nous les femmes, sur l’IVG par exemple ». En outre précise-t-elle, « j’ai peur pour mon compagnon et sa famille, vu sa couleur de peau ». Elle espère que « cette dissolution se retournera contre Emmanuel Macron et le RN, après des années de reculs sociaux. Le NFP me donne beaucoup d’espoir : enfin les égos ont été laissés de côté pour réaliser l’union. »
Harena vote et habite à Koenigshoffen. Étudiant en marketing communication en alternance, il va « voter l’alliance NFP :
« La gauche veut étendre les avantages au Crous pour tous les étudiants, les différentes aides pour se loger et se nourrir, je trouve ça vraiment bien vu la précarité des jeunes aujourd’hui. Et l’autre raison qui est évidente c’est que je suis issu de l’immigration, je suis d’origine malgache. J’ai la chance de pouvoir me sentir bien en France. J’ai peur que cela change. Ça m’a beaucoup choqué l’histoire sur la binationalité, même si moi j’ai juste la nationalité française. »
Arnaud, 31 ans, est recruteur dans une agence d’intérim. Habitant de Cronenbourg :
« J’ai voté pour le candidat du Front populaire. Je ne veux pas l’extrême droite et j’aime bien l’aspect social de leur programme. Vu mon boulot, je vois que c’est important, il y a beaucoup de personnes précaires qui viennent à l’agence. Elles ne méritent pas d’être stigmatisées. Ça me rassure que le candidat soit socialiste ici, plutôt modéré. Même si on n’est pas d’accord avec tout le monde au NFP, notamment certains de la France insoumise, je trouve que cette alliance est intéressante. »
Participation toujours en nette hausse à 17h
La participation est toujours en nette hausse, jusqu’à près de 20 points supplémentaires, en Alsace et à Strasbourg, selon un pointage à 17h, par rapport aux élections législatives de 2022.
Francis, retraité, ancien VRP pour Unilever, est très satisfait de la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par le président de la République. « Il nous a foutu dans la merde mais maintenant ces nouvelles élections vont dans le bon sens. » Francis vote à l’extrême droite depuis 1974. « Mais à l’époque c’était différent », assure-t-il. « C’est vrai que ce que Jean-Marie [Le Pen] a dit ou fait, ce n’était pas très catholique », admet Francis en évoquant la torture en Algérie ou les propos sur les chambres à gaz comme « un détail de la Deuxième guerre mondiale ».
Mais maintenant l’ancien VRP en est sûr : « Depuis Marine Le Pen et Jordan Bardella, la xénophobie c’est fini. Ça c’était du temps du père. » Questionné sur sa priorité, l’habitant de Cronenbourg depuis 1981 est clair : « Le respect de l’autre » Et Francis de fustiger les « délits commis tous les jours dans la rue », toujours par des personnes d’origine maghrébine selon lui. Il conclut par une question : « Vous savez combien de vrais Français nous sommes encore en France ? 25 millions. » D’où sort ce chiffre ? « Un livre ou un magasine, je ne sais plus. »
Wiam, 21 ans, rencontrée dans le bureau de vote École Reuss du Neuhof, est inquiète :
« En tant que soignante, j’ai peur de la montée du RN. La moitié de mes collègues sont étrangères et on est déjà en sous effectif. Et même si l’extrême droite dit qu’ils veulent faire plus pour le service public, je ne les crois pas, leur programme ne va pas améliorer nos conditions de travail car ils disent toujours tous ça et rien ne change sur le terrain. »
Ivon et Cathie, habitants de Cronenbourg, lui est technicien de maintenance, retraité dans deux jours. Elle était aide-cuisinière. Cathie apprécie ce scrutin local qui permet d’élire une personne qui « prendra en compte les spécificités locales ». Elle évoque l’Alsace et la nécessité d’un retour à une région administrative avant de souffler : « Je suis malade. J’ai des soucis plus graves que la politique. » Ivon se plaint d’un pouvoir d’achat qui n’a fait que baisser ces dernières années et trouve la politique environnementale sous les présidences d’Emmanuel Macron « aberrantes ». Ils ne communiquent pas leur vote : « C’est comme au confessionnal, c’est entre Dieu et nous », dit-il.
C’est une première pour Jonathan. À 30 ans, c’est la première fois qu’il se rend dans un bureau de vote, en l’occurrence l’un de ceux abrités par l’école Saint-Jean dans le centre de Strasbourg. « Je ne peux plus en avoir rien à faire », dit-il :
« Je trouve que le système économique et politique n’est pas démocratique, les citoyens n’y ont aucune place. Je ne voulais pas y participer. Mais après les résultats des élections européennes, je me suis dit que cette ligne n’était plus tenable, que ce n’était qu’une excuse pour justifier ma flemme. Donc je suis venu pour voter Nouveau Front populaire, un peu par dépit mais faute de mieux. »
À Cronenbourg, Renée, professeure d’histoire à la retraite, a ressenti un grand malaise suite à l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale au soir du dimanche 9 juin : « C’est un coup de plus de notre président, les conséquences peuvent être terribles, jusqu’à la guerre civile, il le sait. » À sa gauche, son mari, Jean, lui aussi ancien professeur d’histoire puis proviseur. Sans donner la destination précise de son vote, il explique son choix par la volonté de « préserver la démocratie, car elle sortira dans un piteux état de ce scrutin, par la faute d’un gamin incendiaire, adolescent capricieux qui décide de mettre le feu. » Jean craint aussi « les mouvements d’opinion irrationnels, l’influence des médias audiovisuels sur les gens, qui ne vivent plus dans le réel et ne votent plus pour mais contre une personne ou un parti. »
Dans le quartier du Neuhof, Salima, 38 ans, s’est mobilisée pour cette élection particulière :
« Je suis venue pour faire barrage au RN. J’ai trois enfants et je voudrais qu’ils grandissent libres comme moi. Depuis que le RN progresse dans les élections, les gens sont devenus méchants entre eux surtout sur les réseaux sociaux. On dirait qu’on vit dans un pays divisé et malheureux. Or la France, ce n’est pas ça. »
Devant l’école Saint-Jean, Valérie, 61 ans, n’a pas voulue être prise en photo parce qu’elle a « presque honte » de son vote. Elle aurait aimé voter socialiste, mais l’alliance du Nouveau Front populaire a placé une écologiste dans la première circonscription. Et La France insoumise lui fait trop peur : « ils n’ont qu’un programme social pour les gens qui ne travaillent pas et moi, j’ai travaillé toute ma vie. »
François, rencontré devant l’école Saint-Jean, avoue que ces dernières semaines ont été « compliquées. Avec cette cacophonie, il y avait de quoi se brouiller avec ses amis, sa famille, ses collègues… » À ses côtés, Émilie note que « les élections ont été des sujets de discussions à tous les apéros, on n’a parlé que de ça alors que c’est plutôt le moment d’échanger sur les vacances à venir. » Pour le deuxième tour, François et Émilie ne seront pas à Strasbourg mais ils ont pris leurs dispositions pour que quelqu’un vote à leur place.
Ils gardent leur vote secret en précisant qu’ils n’ont pas voté pour l’extrême droite.
Animatrice du centre socio-culturel, Jamila Haddoum va à la rencontre des familles :
« Le temps joue en notre défaveur, tout le monde pensait que c’était annulé. On est dimanche et il fait moche, ceux qui pensent que leur voix ne changera rien ont encore moins de chance d’aller voter. On a créé des supports visuels, des documents pour comprendre les lignes des quatre principaux partis. On explique sans donner aucune consigne de vote. »
Zinet, 29 ans, habitant de Souffelweyersheim, ingénieur dans le bâtiment :
« Je viens pour faire mon devoir de citoyen. Mon sentiment est qu’aujourd’hui tout le monde se tire dans les pattes pour des sujets qui n’ont pas d’importance. Sur l’islamisme par exemple, pour moi ce n’est pas un sujet. Je vois mes enfants à l’école, ils ont des profs souvent absents et pas remplacés. Du point de vue de l’économie aussi, le pouvoir d’achat est en baisse. Je le constate au supermarché. J’ai voté pour le NFP parce qu’ils sont solides dans tous les domaines. J’espère juste que si le RN passe, ils ne pourront pas appliquer tout leur programme grâce à la mobilisation citoyenne. »
Au centre socio-culturel du Neuhof, Ryan et Yacine, 25 et 24 ans, profitent d’un peu d’animation et d’un barbecue organisés pour inciter les habitants de ce quartier populaire à aller voter. Yacine craint « encore plus d’interdictions » :
« J’aimerais que ma mère puisse toujours porter le voile et que mes enfants puissent grandir en France, je veux pouvoir rester ici. On voit bien que tout est fait pour attiser la haine de l’islam, on le ressent. Le RN déteste les immigrés alors qu’ils ont participé à sauver la France, les Sénégalais, les Algériens… Je me sens en danger, en tant que binational. Les gens se réveillent trop tard, ils vont voter juste quand ils se sentent en danger. »
Ryan acquiesce mais lui a fait ses valises :
« Je veux aller habiter à l’étranger plus tard alors je vote surtout pour ceux qui veulent rester. J’ai des amis qui me disent que ça ne change rien d’aller voter mais je pense qu’ils se trompent. Autour de nous on a l’impression que tout le monde est pour Mélenchon et après on voit Macron être élu, j’avoue que je ne comprends pas. »
Christiane, porteuse de journaux de 62 ans, habite Cronenbourg. Rencontrée près du bureau de vote Gustave Doré, elle pense que « les gens ont pété les plombs » :
« Ils sont partis en vrille entre l’extrême-droite aux portes du pouvoir et l’extrême-gauche qui veut tuer l’extrême-droite. Nous on reste dans le centre. On bougera pas. Les extrêmes, c’est pas notre truc. J’espère que les gens vont se réveiller pour redonner un peu de stabilité au pays. Les gens sont trop gâtés ici. Ils devraient voir en Afrique, en Amérique du Sud ou en Indonésie c’est quoi la vie là bas. Il y a de quoi pleurer. »
A ses côtés, Vincent, 32 ans, est éducateur et pour lui, il y a un volet international au vote d’aujourd’hui :
« Maintenant qu’on a décidé de soutenir l’Ukraine on ne peut plus changer d’avis. Car la Russie sera gagnante peu importe l’extrême qui gagne. C’est Poutine qui a orchestré la montée des extrêmes en France. »
Au Neudorf, place du Marché, Laurent, 38 ans, est très angoissé depuis deux semaines :
« Je suis artiste auteur, gay, précaire et de gauche, ce qui fait quatre critères qui me mettent en danger si le RN passe. Je viens de la campagne, je sais que mon village a basculé RN et je vois bien que ce sont des territoires abandonnés par la droite et par la gauche. Je les comprends. Mais je me retrouve dans une situation de vulnérabilité vis à vis du pouvoir et de l’Etat qui serait dramatique si le RN l’emporte. »
Abdelhamid, 46 ans, vote à chaque élection, au Neudorf, mais là, « on voit bien que les discours politiques sont vides et ne règlent rien. La santé, l’éducation, le pouvoir d’achat, le monde du handicap, tout est pire maintenant. Note fils est autiste et on le voit bien. On nous parle tout le temps d’immigration et d’insécurité alors que les réponses sont ailleurs. »
« Je garde mon vote secret, dit Adelhamid, mais j’ai fait ce que je devais pour freiner la détérioration de nos services publics. »
Thierry, la cinquantaine, a voté Rassemblement national pour la première fois :
« C’était pas la peine de dissoudre l’assemblée nationale, ça fout le bordel pour rien. Je n’ai pas l’habitude de voter RN mais là c’est en contestation. Depuis quelques élections on vote contre, comme à Koh Lanta. Ils ne sont peut être pas aussi méchants qu’on le dit, et ce sont les seuls qui ont une chance d’avoir la majorité absolue. Je ne pense pas que le NFP soit une option sérieuse. »
Très forte augmentation de la participation à midi
Dans le Bas-Rhin, la participation a connu une nette augmentation. Elle s’établit à 23,75% alors qu’elle n’était que de 16,63% au même moment en 2022.
Dans le Haut-Rhin, 27,96% des inscrits avaient voté à midi, tandis qu’ils n’étaient que 18,56% en 2022.
Les départements alsaciens sont dans la tendance nationale. Selon le ministère de l’intérieur, la participation au premier tour s’élève à 25,90% à midi en France hexagonale, en hausse de 7,5 points par rapport à 2022.
Ce taux s’établit à 20% dans la première circonscription du Bas-Rhin (Strasbourg centre), 21,85% dans la deuxième (Strasbourg-sud) et 20,05% dans la troisième. Des chiffres en hausse de trois à quatre points par rapport à 2022.
Charles a voté NFP mais sans illusion.
À 43 ans, Charles a ces mots lorsqu’il est interrogé sur son sentiment à l’issue de cette campagne électorale impromptue : « Anxiété, crainte, peur, dégoût, colère… » Lui qui se déplace à chaque élection a voté pour le Nouveau Front populaire, incarné dans la première circonscription de Strasbourg par l’écologiste Sandra Regol. Il aurait préféré voter « pour quelqu’un de plus radical » mais, dit-il, « c’est le jeu, c’est la même chose qu’il y a deux ans. » Il est sans illusion sur les résultats de ce soir : « il y a eu un tel matraquage, des injures, des insultes, sur l’antisémitisme notamment sans que rien ne soit fondé… C’est déjà plié. »
« La question c’est plus « est-ce qu’on aime telle ou telle personne, tranche Nany, dans le quartier Gare de Strasbourg. Je vote le Front populaire parce qu’ils sont les mieux placés pour faire barrage au Rassemblement national, il faut tout faire pour les bloquer. Ceux qui votent pour l’extrême droite doivent reprendre des cours d’histoire, ce parti a été fondé par des nazis. Les élections ce n’est pas un jeu. J’ai des enfants, je fais aussi ça pour eux. »
Anouck et Clothilde ont mal vécu ces trois semaines de campagne. « Quand on voit l’extrême droite de plus en plus forte, on se dit c’est pas possible, c’est pas possible, dit Anouck. Et puis maintenant elle est là, aux portes du pouvoir. » Toutes les deux ont voté aux élections européennes et il n’était pas question de rater ce premier tour des législatives. Clothilde s’est assurée de faire voter quelqu’un d’autre pour elle dimanche prochain.
Mais elles sont angoissées. Pour la soirée des résultats, elles se sont accordées pour « ne pas rester seules face aux résultats. » « Je suis hyper inquiète », dit Clothilde. Elles votent toutes les deux Nouveau Front populaire « sans état d’âme ». La candidate écologiste, Sandra Regol, leur convient très bien.
Début du compte-rendu en direct à 11h
Les bureaux de vote sont ouverts aujourd’hui de 8h à 18h en Alsace et jusqu’à 20h à Strasbourg.
Pour voter, les électeurs et les électrices doivent se munir d’un titre d’identité en cours de validité (carte d’identité, passeport), c’est obligatoire. En revanche, la carte électorale est bienvenue mais facultative.
La Ville de Strasbourg a mis en ligne une page spéciale pour retrouver son bureau de vote à partir des listes électorales. Seules les personnes inscrites sur ces listes pourront voter aujourd’hui et dimanche prochain.
Il est toujours possible de réaliser une procuration, pour permettre à une autre personne de voter à sa place. Ces procurations doivent être réalisées en gendarmerie ou en commissariat, ou auprès du tribunal judiciaire.
Les citoyennes et les citoyens peuvent participer au dépouillement dès la clôture du scrutin. Il leur suffit d’informer en cours de journée le ou la présidente de leur bureau de vote.
Ce compte-rendu réalisé en direct est gratuit, ainsi que nos résultats détaillés. Nous pensons qu’une information de qualité et engagée sur ce rendez-vous crucial de la démocratie française doit être accessible à toutes et à tous. Nous avons mobilisé cinq journalistes, une chargée de communauté, un développeur et un designer pour cette journée. Soutenez un média indépendant en optant pour un abonnement, 5€ par mois ou 50€ par an, sans engagement.
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