C’est la fin de ce direct. Merci à vous de l’avoir suivi. Ci-dessous, les principales informations à connaître concernant la manifestation du mardi 7 mars contre la réforme des retraites à Strasbourg :
- Selon nos estimations, plus de 15 000 personnes ont participé à la sixième manifestation contre la réforme des retraites. La préfecture avance le chiffre de 9 500 participants. L’intersyndicale annonce 25 000 manifestants.
- La manifestation fait suite à une matinée de blocages. Dès le début de matinée, des étudiants ont empêché la tenue des cours dans plusieurs bâtiments de l’Université de Strasbourg. Le collectif « On crèvera pas au boulot » a empêché les camions d’entrer et sortir de l’entrepôt Amazon à Strasbourg. À Marckolsheim, une centaine de personnes ont occupé une écluse coupant ainsi la circulation à ce niveau dès 22 heures lundi 6 mars.
- À Strasbourg et à Mulhouse, les cheminots strasbourgeois ont voté la poursuite de la grève lors d’une assemblée générale intersyndicale dans la matinée du mardi 7 mars. Dans la journée du mercredi 8 mars, la circulation des TER restera donc « fortement perturbée » comme l’indique la direction régionale TER Grand Est. La société SNCF Voyageurs estime qu’en moyenne un TER sur trois circulera en région et que seuls deux trains sur cinq circuleront sur l’axe Est TGV Inoui.
- Une assemblée générale étudiante a décidé de la poursuite des blocages dans la journée du mercredi 8 mars.
- Un manifestant a été interpellé aux alentours de 15h30 au niveau de l’agence Groupama de la rue Thomann. Vers 17h30, plusieurs personnes se sont rendues devant le commissariat centrale de police pour le soutenir. Peu avant 18 heures, une trentaine de personnes ont fini par être encerclées par la police.
Suite à l’interpellation d’un manifestant peu après 15 heures, au niveau de l’agence Groupama de la rue Thomann, un rassemblement spontané a commencé vers 17h30 devant le commissariat central de la police nationale à Strasbourg.
Lors d’une assemblée générale étudiante au palais universitaire, les opposants à la réforme des retraites ont voté la reconduction du blocage de l’Université de Strasbourg. Une quarantaine de personnes se sont portées volontaires pour mettre en place cette action.
Mardi 7 mars, la présidence de l’Université avait décidé d’annuler les cours dans les bâtiments bloqués et listés ci-dessous.
Aux alentours de 16h, le cortège de tête, constituée par les organisations de jeunesse, passait l’arrêt de tram Porte de l’hôpital en scandant : « À bas l’État, les flics et les fachos ! »
Plus de 15 000 manifestants selon nos estimations
Selon nos estimations, plus de 15 000 personnes participent à la manifestation du mardi 7 mars à Strasbourg contre la réforme des retraites.
Aux alentours de 15h30, le cortège s’étendait du numéro 1 de l’avenue de la Liberté jusqu’au pont Saint-Nicolas. Il mesurait ainsi 1,8 kilomètre, une taille équivalente aux deux premières manifestations qui avaient rassemblé près de 18 000 personnes le jeudi 19 janvier, puis près de 20 000 personnes le mardi 31 janvier.
La différence du nombre de participants provient d’une différence de densité de population au mètre carré. Si le cortège du jour est très fourni à certains endroits, il comporte aussi quelques zones plus vides, notamment entre les cortèges des différents syndicats.
En utilisant l’application mapchecking.com, on obtient une estimation de près de 17 000 manifestants.
Cette évaluation est basée sur le nombre d’individus présents par mètre carré (que nous avons estimé à 1,25 personnes par mètre carré) rapporté à la surface totale qu’ils couvrent.
L’un de nos journalistes sur place a effectué son propre décompte et estimé à plus de 13 000 personnes le nombre de manifestants. Citée par les Dernières Nouvelles d’Alsace, la préfecture du Bas-Rhin avance une participation de 9 500 personnes.
« Tous ensemble, tous ensemble, grève générale », scandent les manifestants derrière la banderole du syndicat Force Ouvrière.
Julie est aide-soignante à l’accueil des urgences au Nouvel hôpital civil. Elle a 36 ans et déjà des pathologies liées à la pénibilité de son travail. Elle se mobilise au cours d’une journée de repos :
« La rue, c’est notre dernière arme en tant que citoyen français. Le problème, à l’hôpital, c’est qu’on a l’obligation d’assurer les heures mais les soignants sont mobilisés. Notre travail est dur physiquement et mentalement. J’ai 36 ans et déjà deux tassements cérébraux. J’ai commencé à 18 ans et je suis déjà repositionnée en poste d’accueil… »
Sandrine est agent administratif. À 55 ans, la secrétaire générale de la section santé sociaux du syndicat Sud aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg exprime sa détermination :
« Je vais reconduire la grève. J’irai jusqu’au bout. On perd des thunes comme tout le monde mais on est dans la rue pour la bonne cause. Dans mon secteur, je sens que tout le monde est assez mobilisé. Je pense que la rue peut faire bouger le gouvernement sinon je serais pas là ! »
Thierry Gussmann, 59 ans, délégué syndical CFDT dans l’entreprise de fabrication d’ascenseur Otis :
« Moi avec cette réforme, je vais devoir faire six mois de plus. Chez nous, même des jeunes s’investissent dans le mouvement de contestation. Je ne suis pas pour la violence mais je pense que seuls de gros blocages peuvent avoir un impact. Le gouvernement compte sur l’inflation pour faire passer sa réforme mais je suis optimiste parce que je vois qu’il y a du monde et que la mobilisation monte en puissance. On est quand même en démocratie, cette réforme devient tellement indéfendable. S’il faut bloquer l’économie, on ira jusqu’à là et on est capable de le faire. »
À quelques mètres de la place de la République, l’ambiance est festive peu avant le départ de la manifestation.
Remise de sa fracture de la cheville, la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian (EELV) est aussi venue manifester son opposition à la réforme des retraites :
« Je crois qu’on est dans une phase décisive avec la discussion et le débat qui se tient maintenant au Sénat. C’est le moment de ne rien lâcher. Les Françaises et Français ont largement fait savoir à quel point ils sont opposés à cette réforme qu’ils considèrent comme injuste, infondée, antisociale… Il me semble important en tant qu’élue de venir soutenir la mobilisation intersyndicale et citoyenne. »
Luc, 36 ans, travaille chez Siemens et manifeste aux couleurs du syndicat CFTC Métallurgie : « Je suis en manif’ depuis le début. Je n’en ai raté qu’une. J’espère que le gouvernement va finir par nous entendre. Je suis prêt à continuer les manifs autant qu’il faut. Même si je suis jeune, je sais que c’est maintenant qu’on doit se faire entendre. »
Benaissa Benzakour, délégué syndical CGT dans l’entreprise Schaeffler à Haguenau, observe une mobilisation qui se maintient dans son entreprise. Il se dit optimiste pour la suite du mouvement :
« Je pense que c’est possible de convaincre les collègues de reconduire cette grève parce qu’aujourd’hui ils voient bien que la réforme va avoir un impact sur leurs conditions de travail. »
Cosecrétaire du syndicat Snuipp-FSU, Agathe Konieczka annonce un taux de 40% d’enseignants grévistes en école élémentaire dans le Bas-Rhin. La moyenne locale est inférieure à la mobilisation nationale dans le même secteur, avec un taux de gréviste de 60% en France :
« C’est le cinquième jour de grève. Les collègues ne sont pas tous partants à cause de la perte de salaire. Au niveau national, certaines organisations syndicales ont acté et appelé à la reconduction de la grève pour toute la semaine. Dans le Bas-Rhin cela n’est pas notre choix, car le mouvement se construit progressivement sur la durée. On a fait des tournées d’école. On a préparé un tract et discuté avec les professeurs. On est bien accueillis, mais chez certains collègues, il y a une résignation. Dans le Bas-Rhin, on remarque qu’il faut que les gens aient le sentiment d’une forte coordination, d’un appel très fort au niveau national. La difficulté c’est aussi le décret Omont qui pénalise le mouvement. Si un enseignant fait grève mardi et jeudi, on nous enlève le mercredi pour la paye. Cela freine des collègues. Lorsqu’une grève longue s’installe (nombreux jours de grève, ou reconduction), au moment de la reprise du travail ou dans le cas d’un conflit qui se solde par une victoire, le retrait des jours de grève entre dans la négociation avec le ministère, avec un étalement dans le temps ou une limitation des retraits des jours de grève. »
En avance sur l’heure de départ du cortège, Pierrette, 86 ans, n’a manqué aucune manifestation contre la réforme des retraites en 2023. L’ancienne employée de comptabilité assure qu’elle sera aussi de tous les futurs cortèges pour s’opposer au projet du gouvernement d’Élisabeth Borne : « Je trouve que ce n’est pas normal de faire travailler les vieux alors que les jeunes sont au chômage. On dirait que le gouvernement est sourd et aveugle, il ne voit pas ce qui se passe. »
Début de la manifestation
Les opposants à la réforme des retraites commencent à se rassembler avenue de la Liberté. Voici le trajet qu’empruntera la manifestation :
Dans la matinée du mardi 7 mars, la boutique de luxe Louis Vuitton était recouverte de peinture noire. Le slogan « Ni patrie, ni patron, ni patriarcat » y a été tagué. L’épicerie fine Maison Artzner, notamment spécialisée dans le foie gras, a aussi été salie.
En fin de matinée, la vitrine du magasin Louis Vuitton était déjà nettoyée.
Opération tractage de la CFDT à Illkirch-Graffenstaden
Une quinzaine de membres de la CFDT mènent ce matin une opération de tractage à côté de l’hypermarché Auchan d’Illkirch-Graffenstaden. Comme l’explique Stéphane Béguin, secrétaire du syndicat construction bois CFDT 67 :
« Cette tractation doit permettre d’informer sur la mobilisation. On ralentit les voitures. On a de bons retours. Même les forces de l’ordre disent être avec nous. »
Claudine Béguin, 50 ans, est adhérente CFDT et auxiliaire de vie. Elle décrit les raisons de sa mobilisation :
« Je fais pas beaucoup d’heures chaque semaine. Donc j’aurai très peu de retraite. C’est le cas pour beaucoup de mes collègues : dans ma profession, on a de toutes petites retraites. Ce n’est pas possible de nous faire travailler plus longtemps, de faire le ménage, de déplacer des personnes âgées, surtout pour de si faibles pensions à la fin… »
Devant l’entrepôt strasbourgeois d’Amazon, le blocage est toujours en cours. Raphaël fait partie des Gilets jaunes de Strasbourg République. Le militant du collectif « On crèvera pas au boulot » explique la nécessité d’installer une ambiance de révolte :
« On est là ce matin pour participer à un mouvement qui doit être le plus fort possible. Les travailleurs bloquent par la grève. Nous on vient en soutien en bloquant des lieux au cœur de l’économie et symboliques de tout ce qu’on veut changer dans cette société. Je pense que c’est important de multiplier les blocages, les actions et de créer une ambiance insurrectionnelle qui nous permettra d’aller plus loin, en plus du recul sur la réforme des retraites. »
Raphaël est déterminé :
« Si on ne fait rien aujourd’hui, ça sera très difficile ces prochains mois. Il faut soutenir les actions syndicales et organiser plein d’actions de manière autonome. Si les retraités, les précaires, les chômeurs, tous les gens qui ne sont pas dans le monde du travail participent, c’est inarrêtable. Le gouvernement joue sur le pourrissement de la contestation. Mais pour nous, ça peut aller vite si toute la société se met en mouvement. On peut enclencher un nouveau cycle de conquêtes sociales après avoir perdu des acquis. On peut renverser la tendance. »
Plusieurs centaines de manifestants autour de Haguenau
Selon Victor, délégué FO chez Alstom à Haguenau, plusieurs centaines de personnes défilent dans la zone artisanale. Elles ont répondu à un appel intersyndical des unions locales à se mobiliser au départ du rond-point devant l’usine Schaeffler. Le cortège installe des barrages filtrants aux ronds-points de la zone et prévoit de continuer ces actions jusqu’à la fin de la matinée en direction de Schweighouse-sur-Moder.
Une partie de ces personnes doivent se rendre en bus à Strasbourg afin de rejoindre la manifestation prévue en début d’après-midi.
La gare de Strasbourg à l’arrêt
En gare de Strasbourg, le hall central est quasiment vide depuis le début de la matinée.
Une voyageuse allemande, Julia, attendait le train de 9h27. Il n’est jamais passé. Comme l’indiquait Rue89 Strasbourg, aucun TER ne circule en cette journée de mobilisation contre la réforme des retraites.
Sur le campus central de l’Université de Strasbourg, les bâtiments de l’Escarpe, l’Atrium, le Portique et le Patio sont bloqués depuis 6h30. Noémie, étudiante en faculté de psychologie et militante du collectif Nous Toutes Unistra, décrit l’organisation de cette action :
« Le blocage a été voté en assemblée générale étudiante vendredi 3 mars. C’est un moyen de discuter avec les gens sur la réforme. On va par exemple organiser une conférence sur la réforme des retraites, avec des professeurs. »
Julian, étudiant à Science Po, participe à son premier blocage : « Le rendez-vous était à 6 heures du matin. En moins d’une heure c’était fait. Le blocus permet aux jeunes de venir manifester l’après-midi. Au delà de ça, c’est une action symbolique qui fait parler de la réforme au sein du campus. »
Blocage de la navigation sur le Rhin
Une centaine de personnes ont répondu à un appel intersyndical et occupent l’écluse de Marckolsheim aujourd’hui, selon Philippe Charpentier, délégué syndical CGT pour EDF hydro, joint par Rue89 Strasbourg. La navigation a été coupée dès 22h hier soir et une vingtaine d’occupants ont passé la nuit sur place. Plusieurs péniches se sont mises à l’arrêt en amont et en aval de l’écluse.
Toujours selon M. Charpentier, d’autres écluses sont fermées sur le Rhin en raison de l’absence d’éclusiers, qui se sont déclarés en grève et malgré les réquisitions.
L’appel à la grève étant reconductible, le blocage de la navigation pourrait se poursuivre les jours prochains.
L’Université de Strasbourg a communiqué la liste des bâtiments bloqués ce matin :
Heure et lieu de départ de la manifestation du jour, services de transport perturbés et cantines fermées… Toutes les informations sur la mobilisation du mardi 7 mars sont sur Rue89 Strasbourg.
Un autre blocage est en cours, à l’Université de Strasbourg. Les entrées de plusieurs bâtiments, dont le Nouveau Patio et L’Escarpe, sont bloquées depuis le début de matinée. Les opposants à la réforme des retraites appellent à se rassembler à 11h30 pour un barbecue. Une assemblée générale est prévue après la manifestation à 17 heures au palais universitaire.
Mathieu Hahn, Gilet jaune et membre du collectif « On crèvera pas au boulot », décrit un autre blocage qui a eu lieu plus tôt dans la matinée au port aux pétroles :
« On a organisé un blocage du port aux pétroles ce matin, suite à l’appel syndical du 7 mars. On s’est retrouvés suite à la réunion de samedi. On a mis des palettes et des pneus sur le rond point d’accès au port au pétrole. Il n’y a qu’un accès. Il y avait une cinquantaine de camions à l’arrêt. Les routiers nous soutenaient. Nous on était une dizaine. On est arrivés à 3h10 sur place. À 6h la police était là. On est partis. »
Parmi les cinquante participants à cette action entamée à 7 heures du matin, la militante d’Alternatiba et membre du collectif « On crèvera pas au boulot » Zoé Mary, qui dénonce l’entreprise de Jeff Bezos :
« Amazon est une figure de proue des entreprises contre lesquelles on se bat. Elle pratique la fraude fiscale, elle pollue, elle détruit des emplois, est violente avec ses employés. On va bloquer aussi longtemps que possible ce matin puis on ralliera la manifestation de cet après midi. »
Une trentaine de personnes bloquent l’entrée de l’entrepôt Amazon, situé rue Livio à Strasbourg. Le collectif « On crèvera pas au boulot » a été créé spécialement pour cette action. Isabelle Wendling, militante des Gilets jaunes Strasbourg République, décrit la mobilisation :
« On est mobilisés contre la réforme des retraites. On veut aussi lier la bataille sur les retraites à toutes les autres problématiques : augmentation des salaires, l’inflation, les services publics, l’hôpital, l’éducation, et la précarité en général. On veut lutter contre d’autres réformes comme celle de l’assurance chômage. On est sensibilisés à ce que vivent des petites entreprises comme les boulangeries, avec leurs augmentations de charges. »
Bienvenue sur ce compte-rendu en direct de la première journée de grève générale, contre la réforme des retraites menée par le gouvernement. Les premières mesures ont été adoptées lundi 6 mars par le Sénat, dont la majorité est à droite (Les Républicains). Le gouvernement a également tenu à garder secrète une note du Conseil d’État sur le projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale, le véhicule législatif de la réforme des retraites…
Ce mardi 7 mars sera la sixième journée de mobilisation intersyndicale contre cette réforme, qui prévoit notamment d’allonger graduellement la durée de cotisation nécessaire pour se retirer à taux plein, et le recul de l’âge minimum. Faisant le constat que le gouvernement n’entendait pas modifier son projet, les syndicats ont appelé pour ce mardi à la « grève générale. »
Rue89 Strasbourg est mobilisé pour rendre compte ici même des mouvements sociaux dans les entreprises et les services publics, des blocages et des cortèges. Si vous êtes organisatrice ou organisateur d’une action, membre d’un collectif ou simplement témoin d’un événement en lien avec cette journée de mobilisation, merci de nous envoyer vos éléments à redaction@rue89strasbourg.com (en incluant un numéro de téléphone) ou via le formulaire de contact afin qu’ils puissent être relayés sur ce compte-rendu.
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