Il y a le discours du président de la République. Puis il y a la réalité. Dans son allocution du lundi 17 avril, Emmanuel Macron s’est vanté d’avoir « investi massivement dans notre hôpital ». Au Centre hospitalier universitaire de Hautepierre, les effets d’un tel investissement se font attendre. Le 11 janvier, le syndicat Force ouvrière (FO) des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) recevait un mail d’alerte sur la situation des services de chirurgie maxillo-faciale et de chirurgie du rachis. Envoyée par une soignante, il est présenté comme « un cri d’alerte au nom de tout l’équipe. Les équipes maxillo et rachis sont à bout de force mentale et physique !!!! »
« Nous aurions dû rester fusionnés deux semaines… »
Dans un long courriel, un membre du personnel soignant lance l’alerte sur management du fait accompli :
« Comme à chaque vacance, nous fusionnons nos deux services qui se trouvent sur le même étage. Nous aurions dû rester fusionnés deux semaines et finalement on nous annonce que cela va durer minimum deux mois et demi. »
L’application brute d’un ratio du nombre de lits par rapport au nombre de soignants produit des effets délétères selon cette personne : « Cela se passe toujours mal, notre effectif cible est amputé, sous prétexte que pour un service de 28 lits, l’effectif est de deux infirmières et deux aides-soignantes. » Or, les services touchés par cette fusion forcée ont des particularités, décrites dans le mail d’alerte :
« Un patient opéré doit régulièrement être vu dans la nuit (constantes, nombreuses perfusions, pansement, patient trachéotomisé, patient bouche bloquée par élastique, etc.). Avec 10 à 12 patients parfois sans compter les autres, les infirmières sont débordées ! Surtout que ce sont rajoutées les reconstructions mammaires, une opération délicate qui nécessite une surveillance chaque heure ! Avant ces patientes allaient aux soins intensifs mais cela n’est plus possible par manque de place… »
La réponse des cadres : « C’est comme ça »
Ces détails, tirés du quotidien des soignants, comptent peu face à une logique comptable rendue indépassable à cause du « contrat d’avenir », signé par les HUS pour sortir de l’endettement et basé sur l’optimisation des effectifs soignants, notamment par la fusion de services. Le détail des engagements de l’hôpital public vis-à-vis de l’Agence régionale de santé est d’abord resté confidentiel, puis le contenu du « contrat d’avenir » a été révélé par Rue89 Strasbourg.
Le mail se termine en exhortant à l’action :
« Résultats : des équipes à bout, en pleurs… Nous le faisons savoir à nos cadres, mais la réponse reste brève, on nous répond que “c’est comme ça”. Nous ne voulons pas les accabler car nous connaissons les conditions actuelles, mais là ce n’est plus possible, nous devons faire quelque chose ! »
Arrêt des fusions de services
Dans son communiqué, le syndicat FO des HUS déplore qu’en février, une réunion entre la direction des ressources humaines et la direction des soins se soit terminée sans résultat concret pour les équipes. Pour cette journée de mobilisation du jeudi 20 avril, les revendications sont les suivantes :
- arrêt de la fusion des deux services,
- réévaluation de la charge de travail avec un ratio soignant / patient plus juste,
- un respect des effectifs et des plannings,
- une évaluation de la charge de travail en prenant en considération les spécificités des services et du nouveau turn-over des services, imposé par le manque de lits dans l’établissement.
Chargement des commentaires…