L’expo du Centre Européen d’Actions Artistiques Contemporaines (Ceaac) commence dehors avec une œuvre participative : les fenêtres du centre d’art sont recouvertes en blanc et on peut y annoter et dessiner ce que l’on souhaite. La surface était quasiment entièrement blanche au moment du vernissage, autant vous le dire, entre temps elle a été recouverte d’inscriptions en tout genre comme sur les parois d’une grotte préhistorique ! Un mur d’expression est à notre disposition, autant en accepter l’invitation, non ?
Ce qui m’a surprise dans cette exposition, c’est que s’y succèdent des moments drôles, touchants, sérieux, sensuels aussi. Et, même si on rit, le discours qui sous-tend les œuvres est toujours engagé et nous amène à réfléchir.
C’est le cas avec la chanson « Shout » des Tears for Fears que l’on (re)découvre entrain d’être transcrite par deux musiciens de Belgrade n’ayant aucune connaissance en anglais. C’est drôle, épique, émouvant, ils veulent interpréter cette chanson mais ne la comprennent pas et galèrent à en comprendre et écrire les paroles qui, du coup, n’ont rien à voir avec la chanson de départ. Cette vidéo de Katarina Zdjelar intitulée Shoum, nous parle d’une génération contrainte de s’adapter à la loi du marché : chanter de la pop anglaise pour pouvoir jouer et vivre de la musique alors qu’en raison de la guerre en ex-Yougoslavie, ils n’ont pas les connaissances et l’éducation nécessaires pour le faire.
Et si maintenant, je vous parle de la vidéo Dance n°3, vous allez me dire que je n’ai vu que les deux premières salles de l’expo et que je me suis arrêtée là ! Mais en fait, je suis allée la voir deux fois pour, justement, prendre le temps de voir les différentes vidéos qui y sont présentées. Dans cette vidéo de Céline Trouillet, on voit une sourde-muette interpréter en langue des signes français la chanson La Ouate de Caroline Loeb et c’est tout simplement génial.
En effet, pendant le temps que dure cette chanson, on voit une jeune femme blonde « chanter » avec ses mains, avec ses signes. Progressivement, elle devient de plus en plus sensuelle, attirante d’une certaine façon, ses joues rosissent, brillent, ses yeux pétillent, elle nous captive avec la danse de ses mains qui nous amènent à comprendre différemment cette chanson que je trouvais quelque peu kitsch. Essayez, ça surprend !
« Simultan » nous parle d’expression, d’interprétation et de mélanges : mélanges des cultures nécessaires pour comprendre cet autre qui peut nous sembler « extraterrestre », mélanges des langues pour peut-être se comprendre, mélange des connaissances pour interpréter.
Mais même en sachant parler une autre langue ou en ayant connaissance d’une partie de la culture de l’autre, pouvons-nous réellement comprendre celui qui nous fait face ? Et cela, qu’il s’agisse d’allemand, d’anglais, chinois ou de langue des signes ! Pour preuve, la vidéo d’Erik Bünger (ci-dessus) dans laquelle on en vient à ne plus être capable de comprendre Woody Allen : l’artiste colle sur sa voix toutes celles de ses doublures en un charabia très difficilement compréhensible ! En fait, dans tous les cas de figure même avec des amis qui n’ont tout simplement pas la même vision du monde il est parfois difficile de se comprendre mais ça ne signifie pas que c’est impossible…
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