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Des écoles luttent contre la privatisation de leur nettoyage

Cinq petites écoles de Strasbourg devaient voir leur unique femme de ménage remplacée par un service de nettoyage privé. Mais ces femmes de ménage sont souvent très impliquées dans les écoles, si bien que les parents d’élèves se mobilisent pour les garder. Une lutte menée avec succès dans deux établissements, en cours dans les trois autres.

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(Photo Grewlike / FlickR / CC)

Mardi soir, l’école de l’Académie à l’Esplanade tenait son conseil d’école avec à l’ordre du jour un point important: que va-t-il advenir de Mme Zeil, l’unique femme de ménage de cet établissement qui ne compte que deux classes de maternelle ? Dans le cadre d’une réorganisation du service petite enfance, la Ville voudrait externaliser le nettoyage des locaux auprès d’une société privée, afin de redéployer les agents vers les services de restauration notamment.

Mais voilà, il se trouve que les agents de nettoyage font plus que balayer dans ces écoles : elles s’impliquent auprès des équipes pédagogiques, consolent les bambins, participent à la décoration, amènent des fleurs, etc. Leur présence est jugée si indispensable que dans les cinq écoles où leur redéploiement est prévu (Académie, Pasteur, Pourtalès, Scheppler et Canonniers), les syndicats ont été rejoints par des parents d’élèves et l’équipe pédagogique pour empêcher leur départ.

Les arguments des parents font mouche

Ainsi, l’école de l’Académie a envoyé une lettre assez directe à Robert Herrmann, premier adjoint au maire et en charge du personnel :

La lettre fait référence à l’école Pasteur et pour cause, dans cet établissement, de même qu’à l’école Pourtalès, la Ville a finalement renoncé à l’externalisation du nettoyage, comme l’écrit Robert Herrmann dans une réponse aux syndicats:

« Il ressort de travaux préparatoires que deux des cinq écoles identifiées ne tireront pas d’avantage suffisant de l’externalisation. Leur entretien continuera donc à être fait en régie. Ainsi, seules les écoles Académie et Canonniers au 1er semestre 2012 puis Scheppler à la rentrée 2012 verront leur entretien délégué à un prestataire extérieur dans le strict respect des procédures de marché public et sous le contrôle de la DEE. Les agents dont la mission sera externalisée seront redéployés au sein de la DEE dans le respect de leur fonction et de leur statut. »

Michèle Seiler, l’adjointe en charge du quartier Esplanade, était présente au conseil de l’école Académie de mardi. Et visiblement les arguments des parents d’élèves ont fait mouche, puisqu’il a été décidé que la femme de ménage resterait à son poste jusqu’aux grandes vacances.

En poste depuis des dizaines d’années, ces personnes chargées de l’entretien des locaux ont transformé leur lieu de travail en second lieu de vie et se sont attachés les faveurs du reste du personnel, des enfants et des parents d’élèves. Mais pour les syndicats de la CUS, lutter contre cette privatisation tient plus du combat global, comme l’explique Bertrand Blindauer, secrétaire général de la CGT pour la CUS :

« On voudrait nous faire croire que le secteur privé est plus efficace que le service public et moins cher. C’est entièrement faux et on le voit bien ici. Par ailleurs, les agents d’entretien de la Ville disposent de formations spécifiques, notamment pour prévenir les allergies des enfants. On voit bien que la CUS teste avec ces écoles d’externaliser des tâches qui incombent aux agents. S’ils y parviennent, ils seront tentés de privatiser d’autres prestations dans d’autres secteurs. On demande à la Ville d’organiser un débat public sur les avantages comparés des services publics et privés, sur l’entretien. »

Personnes seules en poste : « Des problèmes de sécurité et des difficultés de remplacement »

Déjà échaudé par le conflit avec les agents du stationnement, Robert Herrmann ne s’attendait certainement pas à ce que cette micro-réorganisation génère autant de tumulte. Mais il défend la politique de la Ville :

« Le maire s’est engagé à ce que le nombre de fonctionnaires territoriaux de la collectivité reste constant pendant son mandat, tout en adaptant le service public. Il est donc normal de réaffecter les agents en fonction des contraintes qui apparaissent. Nous avons 271 personnels de ménage dans les écoles, il s’agit ici d’en réaffecter trois dans d’autres établissements car dans les petites écoles concernées, ces personnes sont parfois seules en poste, ce qui pose des problèmes de sécurité. Par ailleurs, les remplacer en cas d’absence est très compliqué et désorganise le service dans d’autres établissements. »

Reste qu’il est toujours difficile pour une municipalité de gauche d’utiliser la carte « privatisation ». La dernière fois, il s’agissait de déléguer au privé la gestion des Bains municipaux et la Ville a finalement dû y renoncer.


#écoles

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