Il fait cinq degrés et il pleut à Strasbourg, vendredi 19 avril au matin. Depuis que le soleil est levé, associations et habitants du camp du parc du Krimmeri à la Meinau se préparent : le bruit court selon lequel le démantèlement est prévu le jour même. Et en effet vers 9 heures, un important dispositif policier est arrivé sur place.
Plus de 70 personnes, dont des enfants
Les services de la Ville de Strasbourg ont aussi fait le déplacement et sont arrivés avant la police. « Nous sommes là pour s’assurer que les personnes comprennent bien ce qui se passe », souligne Floriane Varieras, adjointe à la maire en charge des solidarités. Selon elle, l’évacuation a été rapide, « moins de vingt minutes », car les personnes étaient prêtes. Elles ont été déplacées vers le centre sportif sud, proche de la piscine de la Kibitzenau.
Cette évacuation fait suite à une décision du juge administratif rendue le 3 avril 2024, qui autorise le démantèlement du camp. Sur place mi-avril, le Secours Populaire dénombrait 73 personnes dont 28 enfants (voir notre reportage).
« Les enfants ont été stressés et impressionnés par l’important dispositif policier », souligne Sabine Carriou, présidente de l’association Les Petites Roues. Plus d’une quinzaine de fourgons de CRS étaient dépêchés sur place, en plus de deux camions de sapeurs-pompiers plongeurs.
Le ballet des solutions bancales
Vers 10 heures, trois petites camionnettes et un bus, remplis de familles, sont partis du camp. Comme à chaque fois, les services de l’État vont se charger d’orienter les personnes vers un hébergement temporaire, en fonction de leur situation administrative.
Parmi les plus de 70 personnes, « une dizaine de familles originaires de Syrie et d’Afghanistan attendaient avec impatience le démantèlement », poursuit la présidente de l’association. Si ces personnes ont des demandes d’asile en cours d’examen, elles devraient disposer de solutions d’hébergement à Strasbourg ou dans le département.
« Les personnes déboutées du droit d’asile se verront certainement proposer une place dans le centre d’aide pour le retour de Bouxwiller », soupire Sabine (voir notre reportage). Dans une telle situation, si une famille refuse l’hébergement qui lui est proposé et quelle que soit la raison de ce refus, elle n’a d’autre choix que de retourner à la rue.
À l’issue de l’évacuation du camp, les policiers se sont rendus au parc du Heyritz où une vingtaine de personnes étaient aussi installées dans des tentes. Dans un communiqué, la préfecture précise que l’opération a commencé à 11 heures dans ce camp, avec des interprètes et des agents de l’Agence régionale de santé.
Dans un communiqué envoyé à 21h28, la préfecture du Bas-Rhin précise qu’en tout, 108 personnes ont été « orientées vers des hébergements répartis dans le Grand Est », « cinq demandeurs d’asile orientés vers des hébergements dédiés » et « huit personnes n’ont pas souhaité être prises en charge ».
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