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Des artistes ont transformé Leroy Merlin en galerie d’art, le temps d’un après-midi

Certains sculpteurs trouvent les pièces qui constitueront leurs œuvres dans les magasins de bricolage. Alors pourquoi ne pas travailler à la source ? Samedi 4 mai, le collectif Encastrable a pour la première fois à Strasbourg créé des œuvres sans sortir du magasin. Ils  ont même organisé une vente aux enchères dans les locaux. Bienvenue à Leroy Merlin, galerie d’art improvisée.

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Les sculptures se cachent aux milieux des cartons et des outils de bricolage : aux visiteurs de les retrouver. (Photo PDD / Rue89 Strasbourg)

C’est un samedi comme les autres au magasin Leroy Merlin d’Hautepierre à Strasbourg. Il est 14h et les clients entrent et sortent, discutent, agacent les vendeurs… Sauf que bien cachés au fin fond d’un rayon Antoine Lejolivet et Paul Souviron, du collectif Encastrable, sont en train de créer des œuvres d’art uniques. Avec les matériaux du magasin, ils mettent sur pied quelques sculptures : table de nuit multi-fonctions, bibelots… Le tout, à l’insu du personnel du magasin.

Ils ne sont pas les seuls à travailler à l’abri des regards. Le « staff », plus de dix personnes du collectif Accélérateur de Particules, est dissimulé un peu partout. Il oriente les visiteurs et prépare la vente aux enchères qui débute très bientôt. Devant le magasin, des jeunes filles expliquent le principe de l’opération à des amateurs d’art contemporain invités, sans vraiment savoir à quoi s’attendre.

La chasse au trésor

Le principe est simple : une fois entrés dans le magasin les visiteurs doivent suivre un parcours afin de retrouver les œuvres qui y sont dissimulées. Une fois ce périple terminé, tout le monde se réunit au fond du magasin pour procéder à la vente aux enchères, qui permettra aux acquéreurs d’obtenir le certificat d’authenticité de l’œuvre. Mais avant cela, il leur faudra passer à la caisse du magasin pour régler les matériaux utilisés.

Plan du parcours (cliquer sur les points pour voir les photos des œuvres)

L’opération défendue

Alors chacun se prend au jeu, suit le parcours en essayant de se comporter comme n’importe quel client pour ne pas éveiller les soupçons. Mais une fois réunis pour la vente aux enchères, les affaires se corsent : les vigiles du magasin comprennent que quelque chose de pas très clair se passe. Ils acceptent de laisser la manifestation se terminer, mais sans cacher leur agacement… Paul est surpris de leur attitude, il se défend. Pour lui, ce genre d’opération ne peut-être que bénéfique pour les commerces :

« Les gens qui sont là vont acheter quelque chose… Et puis nous toute notre communication on l’a faite autour de leur marque donc c’est forcément bon pour eux. Même si c’est pas notre but parce qu’on est indépendant. Mais c’est vrai qu’on joue sur un creux législatif : les magasins n’apprécient pas nos opérations mais rien n’empêche les clients de manipuler le matériel, bien au contraire. »

Il y a trois ans, les deux artistes avaient déjà organisé ce type de manifestation à Hambourg. Environ 200 personnes, autant de potentiels clients donc, étaient venues pour l’occasion. Le magasin n’avait rien trouvé à y redire.

Revendications artistiques

Si cette opération a surtout été vue comme un jeu attrayant et une exposition originale, c’était aussi l’occasion de mettre en avant certaines revendications. Fabriquer, exposer et vendre dans un magasin a une portée bien plus grande que dans une galerie, selon Sophie Kauffenstein, directrice du collectif Accélérateur de Particules :

« Cette opération induit un glissement entre monde de l’art et société de consommation. C’est également un appel : pour l’art qui est en crise autant au niveau des moyens que des lieux d’exposition »


#Art contemporain

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