Bien que la participation à Strasbourg soit restée faible, les élections départementales offrent l’occasion de mettre à jour la photographie des bureaux de vote à Strasbourg. À l’ouest, le FN réussit une percée dans certains bureaux, déjà entrevue lors des européennes (voir nos cartes plus bas). Alors que l’abstention semblait avoir davantage profité à la droite au second tour des municipales, l’UMP est absente en deuxième semaine sur les cantons 2 et 3.
Les résultats semblent avoir surpris le FN lui-même, puisqu’il a envoyé ses meilleurs éléments (Julia Abraham et Laurent Husser) sur le canton 6, où il échoue pour moins de 100 voix face au PS et l’UMP/UDI. Sur ce secteur du sud-est, le Front national remporte tout de même cinq bureaux ainsi que celui du Port du Rhin (31% de participation), là où il n’en avait pas remporté aux élections municipales, mais s’en était adjugé 12 aux européennes. Le PS a réussi à se hisser au second tour grâce à ses secondes places à la Meinau et à Neudorf, tandis qu’il est distancé au Neuhof.
Enfin, la cité de l’Ill se « droitise ». Le maire (PS) de Strasbourg, Roland Ries, recueillait 31% des voix en mars 2014 à l’école Schwilgué, le PS n’en a plus que 17,75%, tandis que et l’UMP se maintient et que le FN dépasse même ses scores des élections européennes. Les bureaux aux scores les plus variables d’une élection à l’autre sont souvent ceux avec la plus forte abstention.
Sud et nord, bastions de la droite, le centre à la gauche
Le sud est le nord restent à droite, quand la gauche reste solidement implantée au centre, en plus de l’ouest qui résiste tant bien que mal à la montée du FN. Sur le centre, quelques bureaux roses sont concédés à la droite, ce qui peut s’expliquer par la concurrence d’Europe Écologie Les Verts (EELV) qui approche les 20%.
À droite, on salue le travail et le résultat « inespéré » du PDG de Flam’s, Éric Sénet, non-encarté et engagé en politique depuis un an à peine. À gauche, aussi on se satisfait d’arriver en tête, malgré une candidature séparée des écologistes. En fait, sur le canton 1, tout le monde est content.
Sur le canton 5, les alentours de l’Orangerie restent fermement à droite, mais 18 des 23 bureaux du quartier des XV à l’Esplanade ont été remportés par le PS.
À Strasbourg, seul le FN pratique le « ni-ni »
Sans grande surprise, EELV soutient ses alliés municipaux du Parti socialiste à Strasbourg et appelle à faire barrage au FN et à la « droite dure » ailleurs. Les candidats de droite et du centre éliminés dans la capitale alsacienne indiquent voter à titre personnel pour le PS qu’ils ont combattu, car ils ne partagent rien avec le FN.
Le Parti communiste, membre du Front de gauche, appelle à faire « à faire le choix de la justice sociale et du développement des services publics qui doivent être une priorité ». Bien que les communistes ne mentionnent pas de parti, ils ajoutent que « l’extrême droite, le FN, les candidats régionalistes ou communautaristes seraient les meilleurs soutiens de la politique d’austérité, porteurs de plus de casse des services publics ».
Quant au FN, il appelle ses électeurs à ne pas voter dimanche 29 mars.
Quels enjeux ? Le canton 4 s’annonce serré
Alors que le PS est exclu de tous les cantons hors de Strasbourg, le salut des socialistes passe par les six circonscriptions de la capitale alsacienne. Compte tenu des appels à voter, les cantons 1, 2 et 3 ne devraient pas échapper au PS, qui bénéficie aussi d’une certaine avance et de bons reports dans le canton 5. Les reports ou non des voix FN restent une inconnue pour la droite strasbourgeoise. Le PS peut légitimement espérer 8 des 12 sièges en jeu. En revanche sur le canton 6, l’avance du tandem UMP/UDI semble assurer deux sièges strasbourgeois au minimum à la droite.
Les deux sièges les plus indécis sont sur le secteur nord. Le duo Christel Kohler – Alain Fontanel (PS) n’est arrivé en tête que dans les quartiers proches du centre-ville. Mais ses réserves de voix semblent plus importantes que pour le sortant de droite, Yves Le Tallec et Françoise Pfersdorff, qui ont certes 7,5 points d’avance.
Le binôme Lucia d’Apote et Pierre Schweitzer, qui atteignent tout de même 10% des suffrages exprimés, voteront à titre personnel pour le PS, tandis que le Front de gauche a effectué 4,2%. Le premier adjoint au maire espère aussi récupérer des voix du candidat du binôme de centre-droit, Bertrand Hirtz et Iwona Cichalewska. Même une défaite d’une courte tête ne serait pas un désaveu pour les deux adjoints au maire, qui peuvent remercier le redécoupage opéré l’an dernier.
La droite bas-rhinoise cherche son président
Au niveau du Département, l’enjeu est plutôt entre deux courants de la droite bas-rhinoise pour savoir qui prendra la présidence. Rémi Bertrand et Frédéric Bierry commencent tous à sonder discrètement leurs futurs soutiens potentiels.
La participation de Strasbourg est inférieure à 50% et au reste du Département. Des chiffres élevés, mais qui ne s’expliquent pas seulement par le désintérêt des électeurs. Sur les quelque 145 000 cartes d’électeurs envoyées par l’administration, environ 38 000 sont revenues, soit 26% . Les listes strasbourgeoises ont besoin d’êtres mises à jour pour mieux refléter la participation locale.
Les résultats par bureaux de vote au premier tour des municipales de mars 2014
Les résultats par bureaux de vote lors des européennes de mai 2014
(Cartes Raphaël Da Silva)
Cartes : Raphaël Da Silva
Texte : Jean-François Gérard
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