William Z. Villain vient du Wisconsin. Comprendre le Midwest américain. Les forêts, les hautes herbes, les hivers rudes et les étés étouffants. Les grands espaces. Et la musique. Pas si loin de Chicago, le blues a visiblement rayonné jusqu’à cet État et jusqu’à William Z. Villain. Du blues, la musique de William Z. Villain en a les rudiments : la guitare, la simplicité, l’oralité. Mais tout autour, que de surprises…
Folie douce et blues inattendu
Avec son album éponyme, William Z. Villain plie, étend, triture ce genre musical jusqu’à plus soif. Et le fait voyager du côté du bayou, dans le vaudou, sur les côtes africaines et surtout, au fin fond de dédales de rythmes fascinants.
Car la marque de fabrique de cet Américain, qui cultive son potager et traîne son chat jusqu’à sa pochette de disque, est sa folie douce. Voix aigüe, rires démoniaques ou grâce inattendue, cette folie douce s’embrasse pleinement en concert. Il bricole seul ses sons organiques, se lance dans des tirades, parfois sans queue ni tête, mais qui finissent toujours par mener à une performance unique. Sensuelle ou effrayante, intrigante ou dansante, psalmodiée ou rythmée, la musique de William Z. Villain tracera toujours son chemin, d’une manière ou d’une autre, vers son public.
Bror Gunnar Jansson, quant à lui, commence à bien connaître les chemins français. À l’époque de Moan Snake Moan, il présentait son blues très américain en formule one-man band. Seul derrière sa caisse claire et sa guitare, c’était l’énergie qu’il dégageait qui impressionnait.
Entre les chaussettes à carreaux (oui, le garçon abandonne ses chaussures en entrant sur scène), l’harmonica effréné, le slide qui court sur le manche de guitare, il était toujours difficile de savoir où poser les yeux. Alors il suffisait de se laisse hypnotiser. Mais qu’on ne s’y trompe pas. Malgré les sonorités, Bror Gunnar Jansson est Suédois.
Dandy suédois en one-man band
Son 3e album, And The Great Unknown, marque d’ailleurs un peu mieux ses origines. Retour à un blues plus froid, plus sombre, le dandy semble avoir pris le temps de se poser. Paradoxalement, il n’hésite cependant plus à faire voyager sa musique encore plus loin. Désert mexicain, ambiance madrilène, certaines de ses chansons se parent de tubas, et deviennent des cavalcades rock effrénées. D’autres, seulement accompagnées d’une guitare, imposent la voix impérieuse du Suédois et forcent le silence religieux. Des minutes dont le public ressort toujours marqué.
Pour avoir déjà eu l’occasion de croiser ces deux artistes-là sur une même scène, un même soir, je peux assurer qu’il s’agit du genre d’affiche qui ne s’oublie pas. Les démons du blues se donnent rendez-vous à l’espace Django Reinhardt mardi 14 novembre au soir. Venez les rejoindre.
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