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Découvrez la « Capitale du bruit » et vous aussi, comprenez Calme Gutenberg

« La capitale du bruit » est un documentaire sur Robert, un Strasbourgeois qui ne supporte par les fêtards, les bars et le bruit en ville d’une manière générale. Alors pour se calmer et documenter les ravages de l’alcool, Robert filme les personnes qui titubent et vomissent dans les rues de Strasbourg après minuit. Ça vous rappelle quelque chose ? C’est normal. Un film à découvrir lors d’une soirée spéciale mardi 28 novembre au cinéma Star Saint-Exupéry.

Vidéo

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La bande-annonce de La Capitale du Bruit (vidéo Yip JUmp Film / YouTube)


Qui se souvient de ces vidéos du collectif Calme Gutenberg, montrant sur YouTube des personnes éméchées dans les rues du centre de Strasbourg, en train de vomir ou de s’embrouiller ? Elles avaient défrayé la chronique en 2015 et relancé le débat, interminable, de la vie nocturne dans le centre d’une métropole. Elles avaient aussi tapé dans l’oeil de Rock Brenner, Arnaud Delecrin et Stéphane Bernard. Lorsqu’après la mort d’un fêtard retrouvé noyé dans l’Ill, Calme Gutenberg semble s’en réjouir sur sa page Facebook, les trois jeunes cinéastes se sont demandé « qui peut penser comme ça ? »

L’affiche du film

Ainsi est né le personnage de « Robert », magistralement incarné à l’écran par Stéphane Bernard, et l’idée de réaliser une sorte de documentaire sur lui pour « comprendre ses motivations ». Au départ, « La capitale du bruit » ne devait durer que quelques minutes et au final, un film d’une heure et demie est sorti du montage comme l’explique Rock Brenner :

« On a écrit un scénario global avec tous les comédiens. Au départ, le but était clairement de se moquer de Calme Gutenberg puis on a découvert ensuite l’étendue de la lutte menée contre le bruit en ville, des associations se montent un peu partout et parviennent parfois à remporter de nettes victoires. Ainsi à Toulouse, tous les bars ferment à 1h, autant dire que les anti-bruit de là-bas ont gagné… Le sujet a pris de l’ampleur et donc le film aussi… On a gardé le traitement en docu-fiction mais on s’est vraiment attachés à essayer de comprendre les gens comme Robert. »

Une page de haine soigneusement alimentée

Pendant plus d’un an, « Robert » a méticuleusement alimenté sa page Facebook, de vidéos de fêtards, de commentaires haineux contre ceux qui sortent et boivent, de photos de vomissures dans les rues, etc. Et ça a pas mal marché, dans les commentaires des publications de Robert, nombreux sont les internautes à avoir pris le personnage de fiction pour une nouvelle itération d’un énervé du centre-ville.

« Si la trame est écrite, tous les dialogues du film sont improvisés. Ils sonnent vrai parce que Robert existe quelque part, c’est un humain… comme Marine Le Pen par exemple, quelles que soient ses motivations, on ne peut pas nier qu’elles soient construites. Et même pour les plus tolérants d’entre nous, on a tous un petit côté Robert en nous, un côté qu’on préfère ne pas voir… Moi-même, je suis Robert par moments… »

Et effectivement, le spectateur parvient à comprendre Robert. Pas à l’excuser, encore moins à l’approuver, mais le film donne les clés pour décoder les névroses de Robert. Pour un film produit en complet bénévolat, improvisé à 90%, tourné avec un appareil photo et un enregistreur de sons grand public pour un budget total de 1 500€, c’est un trait de génie.

On se retrouve donc happé dans la vie de Robert, on est avec lui quand il part à la rencontre des fêtards de Strasbourg et on retrouve tout au long du film de nombreuses figures de la vie strasbourgeoise, dont Kansas of Elsass, Eli Finberg, Gil Jogging, Thomas Schoeffler, Jr

Les cinéastes le confessent, La Capitale du Bruit n’apporte pas de réponse au délicat problème de la coexistence entre riverains et fêtards dans les centres-villes français :

« Il y a des arguments et des extrémistes des deux côtés. On espère que le film permettra de poser la question des centres-villes, de leur animation en soirée et durant la nuit. Ce serait bien qu’il soit diffusé dans des bars et des lieux alternatifs. On a une version court-métrage. »

Entretien avec Robert, la version court-métrage de La Capitale du Bruit a été sélectionné dans une quinzaine de festivals et a remporté 4 prix.


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