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Le dossier du Grand Contournement ouest (GCO – voir tous nos articles) de Strasbourg a connu tellement de rebondissements qu’il convient de rester prudent sur la suite.
La tenue d’un grand débat filmé avait été annoncée par le président de l’Eurométropole, Robert Herrmann (PS), juste après la confirmation du projet par le nouveau gouvernement, après dix jours d’incertitude. Il fait un peu office d’explication finale sur le sujet pour les maires et les élus de l’agglomération, dont bon nombre ont été plutôt discrets sur le dossier.
À l’automne, les travaux préparatoires en forêt ont été reportés à l’année prochaine, le temps que les concessionnaires obtiennent un avis favorable quant à leurs compensations en faveur de la nature. La première copie avait été jugé trop légère par les scientifiques du Conseil national de protection de la nature (CNPN). Le deuxième avis est attendu cet hiver.
De plus, le projet ne correspond guère aux premières orientations du gouvernement en termes d’infrastructures, ce qui laissait planait le doute. Sur le terrain, des opposants se sont confrontés aux engins de chantier du concessionnaire de l’autoroute, la société Arcos filiale de Vinci. Guère emballé, le ministre de la Transition énergétique Nicolas Hulot a expliqué que le contrat étant signé, il est difficile de revenir en arrière.
Utile ou pas ?
Les opposants (élus, riverains, défenseurs de la nature, association de consommateurs, syndicats, etc.) estiment qu’une rocade payante de 24 kilomètres ne réglera pas la congestion de l’A35, liée à l’accès et à la sortie de Strasbourg aux heures de pointe. Ils plaident pour des alternatives durables type ferroutage, écotaxe, transport fluvial, transports en commun. Pour les défenseurs (la CCI, l’Automobile Club ou Robert Herrmann en tête), c’est un moyen d’obliger les camions en transit à contourner Strasbourg. Ils estiment que cela permet de détourner une partie de la pollution des véhicules vers la campagne, moins touchée.
Ce débat exceptionnel, mardi 27 novembre à 17h, filmé, se tiendra en présence du secrétaire général de la Préfecture, Yves Séguy. Rue89 Strasbourg vous propose d’agrémenter les prises de position des élus de quelques commentaires, pour mieux comprendre les messages entre les lignes ou les éléments du dossier.
Notons que si le projet est validé et le contrat signé, les autorisations pour les travaux ne sont pas encore délivrées. Avec un calendrier remanié, la mise en service de l’autoroute est toujours prévue pour l’automne 2020.
La requalification en débat ?
Le débat pourrait aussi déborder sur la transformation promise de l’A35 en contrepartie. Certains estiment qu’il faut une requalification à minima, en abaissant simplement la vitesse de 90 à 70 km/h. Pour d’autres, il conviendrait de supprimer l’autoroute, en cassant les viaducs et talus, ainsi qu’en y installant des feux tricolores, des passages piétons et des abords sympathiques : quartiers, parcs, zones de loisir, bureaux, etc.
Une opportunité pour certains quartiers construits près de l’autoroute qui subissent bruit et pollution. L’autoroute coupe aussi la ville en deux et isole les quartiers ouest de manière assez sensible. Cet avenir assez hypothétique et lointain permet de parler de l’imaginaire, plutôt que d’en découdre sur l’utilité réelle de l’autoroute en question.
Des surprises ?
Problème, cette autoroute A35 est souvent bien pratique pour traverser la métropole du nord au sud en une poignée de minutes, pour les habitants comme les entreprises. Si bien que certains arrivent à défendre la réalisation du GCO tout en freinant une requalification. Mais l’intérêt du contournement payant devient alors minime…
Même les projections les plus optimistes tablent sur environ 135 000 véhicules par jour après la mise en place de l’autoroute, soit 4 à 5 fois l’avenue des Vosges. D’autres estimations indiquent, 148 400 véhicules/jour sur l’axe A35 au droit de l’A351 en 2021, contre 158 100 comptés en 2013. Les moyens financiers pour ces transformations d’ampleur sont aussi à préciser. Peut-être que le Secrétaire général sera interpellé sur ces aspects. Mais difficile d’être précis à ce stade.
Le débat permettra de faire le point sur la vision actuelle des uns et des autres sur ce projets des années 1970. Selon certains avis parmi les élus et leurs proches, quelques prises de position pourraient surprendre. Encore faut-il les assumer devant l’assemblée.
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