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Dans son livre, Fabienne Keller parle peu d’Europe

Dans son livre-programme, Ma vie, ma Ville. Nouveaux horizons pour Strasbourg Fabienne Keller, candidate à l’élection municipale, consacre une toute petite partie à l’Europe à Strasbourg. Que faut-il en retenir ?

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Fabienne Keller avance quelques idées nouvelles pour le Parlement européen de Strasbourg dans son livre. Auront-elles un lendemain ? (Photo JFG / Au Café de l’Europe)

Quatre pages sur 160. C’est la taille de la partie « Représenter l’Europe », dans le chapitre « Aller vers l’autre » du dernier livre de l’ancienne maire de Strasbourg, Fabienne Keller, candidate à la succession de l’actuel maire. C’est peu c’est vrai, mais on peut déjà saluer le fait d’y consacrer une partie. Ce n’était pas acquis d’avance et l’Europe est également traitée dans la partie précédente « Accueillir les grands ». On peut également regretter que l’Europe à Strasbourg soit traitée dans une section à part, et que cette dimension ne soit pas complètement inhérente à la ville, mais là aussi, il est vrai que l’Europe n’a rien à voir avec les problèmes de certains quartiers, du Racing et autres sujets abordés dans l’ouvrage.

Dans ces quelques pages, Fabienne Keller avance un certain nombre de propositions et de considérations sur la capitale européenne. Petite revue commentée.

Une coopération accrue entre Conseil de l’Europe et le Parlement Européen

Voilà une proposition assez nouvelle. Les bâtiments du Conseil de l’Europe et du Parlement se touchent, mais pour autant les liens entre les deux institutions sont quasiment inexistants, les deux assemblées étant parfois davantage en situation de concurrence, malgré des valeurs communes. Pour rappel, le Conseil de l’Europe compte 47 pays, dont les 27 Etats de l’Union Européenne, mais aussi la Russie ou la Turquie. Bien sûr, cette collaboration serait à définir plus précisément, et non pas par les élus strasbourgeois, mais aujourd’hui, les sessions de ces deux institutions ne sont même pas synchronisées. Il y a donc peu de chances que les députés des deux assemblées soient en contact, alors qu’elles poursuivent des objectifs communs. En termes de diplomatie ou de droits de l’Homme, les discussions pourraient pourtant être facilitées et une certaine redondance évitée.

Un statut de représentant de Strasbourg

Fabienne Keller suggère l’instauration d’une sorte de lobbyiste strasbourgeois, qui défende auprès de l’Union Européenne, le Parlement Strasbourgeois et les forces de la ville pour accueillir le Parlement à plein temps. L’intérêt serait que cette personne puisse centraliser toutes les idées et bonnes volontés en faveur du Parlement strasbourgeois, qui sont multiples, mais aujourd’hui peu audibles. On devine que ce serait à la ville de Strasbourg de mettre en place cette personnalité, car pour la Commission européenne cela ne serait que créer une source de conflits supplémentaire entre les Etats membres. Lecteurs de Rue89 Strasbourg, avez-vous des suggestions pour cette personnalité ? Laissez un commentaire.

La création d’événements en marge des sessions

L’ancienne édile strasbourgeoise propose la mise en place d’événements avec les élus européens et les strasbourgeois en marge des sessions plénières, à l’instar des Journées de Strasbourg, organisées par le Nouvel Observateur, et dont Rue89 était partenaire récemment.

C’est une idée qui se rapproche de celles de Mariya Gabriel, eurodéputée bulgare, qui dans un entretien sur ce  blog, pointait qu’il y a pas d’événements culturels, artistiques ou politiques auxquels sont conviés les députés européens, contrairement à Bruxelles. Voilà un secteur où tout reste à faire et les possibilités sont grandes. En revanche, il faudrait que les députés n’aient plus des sessions jusque tard le soir ou soient obligés de partir le jeudi après-midi en raison de la mauvaise desserte de Strasbourg. Les sessions, depuis le vote pour les raccourcir, étant du lundi au jeudi, difficile de trouver un jour où les strasbourgeois puissent se déplacer à ces animations. Toutes les politiques de la ville concernant le Parlement doivent se penser à grande échelle, et non seulement locale.

La France et « son » Parlement Européen

Au niveau de la politique nationale, Fabienne Keller regrette, qu’il y ait des ministres au gouvernement, qui ne sont pas favorables à l’Union Européenne. Oui et non. Il y a pu avoir des positions critiques envers l’UE de certains ministres, mais cela ne veut pas dire un rejet de celle-ci. Arnaud Montebourg, par exemple, a été à l’initiative d’une résolution au conseil de l’Union Européennes (ndlr: réunion des ministres d’un même secteur des 27 Etats membres), portant sur des droits de douanes réciproques à l’extérieur des frontières l’UE avec nos partenaires commerciaux. Etre critique, ne veut pas dire être inactif, au contraire.

Peut-être faudrait-il aussi rappeler que Nicolas Sarkozy proposait de suspendre les accords de Schengen pendant la campagne présidentielle de 2012. C’est surement à cela que Fabienne Keller fait référence quand elle dit ne pas avoir « tout à fait reconnu » le Président pendant la campagne. Sa critique est donc juste, mais ne peut être attribuée seulement au gouvernement actuel. L’idée que Strasbourg est délaissé par le gouvernement à Paris est devenue une critique récurrente.

Aux députés d’agir

Finalement toutes ce propositions amènent à un constat. Quelle que soit la bonne volonté des politiciens strasbourgeois, il faut que les députés européens s’approprient leur ville et leur Parlement, et ça, personne ne peut le faire à leur place. Les eurodéputés français devraient d’ailleurs montrer l’exemple. Avec seulement 83,43% de participation aux votes sous l’actuel mandature, la France se classe 19ème sur 27 en termes d’assiduité au Parlement européen. Peut mieux faire.


#Europe

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