Fin juin, une commission tranchera à Paris sur ceux des 70 projets de TGV que la France financera d’ici 2030. Les conclusions de cette commission ont fuité dans la presse il y a quelques jours et l’une d’elle a suscité l’émotion des élus alsaciens : les barreaux manquants de la Ligne à grande vitesse Rhin-Rhône (35 et 15 kilomètres au sud de la région) pourraient passer à la trappe. La réalisation de cette seconde phase de la branche Est du TGV Rhin-Rhône est pourtant bien avancée, puisque les acquisitions foncières et les fouilles archéologiques ont déjà eu lieu pour un investissement de quelque 80 millions d’euros.
850 millions pour 20 minutes
L’enveloppe globale pour la réalisation de cette seconde phase est évaluée à 850 millions d’euros. Elle permettrait de ramener de 3h15 à 3 heures environ le trajet entre Strasbourg et Lyon. De très chères minutes, mais qui apparaissent comme essentielles pour la plupart des partis politiques, écologistes exceptés. Pour ces derniers, il serait plus judicieux d’investir ces sommes dans le fret ferroviaire et dans les lignes Corail moins chères pour les usagers, ainsi que dans les trains régionaux dont le trafic représente 80% du total des déplacements en train.
Depuis mercredi, les élus UMP, UDI et PS sont en revanche nombreux à s’exprimer en faveur de la prolongation de la LGV. Parmi eux, François Loos, candidat centriste à la mairie de Strasbourg et vice-président du conseil régional d’Alsace :
« Au moment où l’investissement public est plus que nécessaire pour soutenir l’activité et permettre la création d’emplois, il semblerait qu’une fois de plus le gouvernement socialiste préfère l’économie du court terme aux investissements d’avenir structurant le territoire et permettant notamment à toute l’Alsace de s’insérer dans les voies de transport européens.
Cette « logique d’abandon » (sic) du territoire alsacien s’inscrit en ligne directe à l’enterrement politique du Grand contournement ouest (GCO) pour lequel la responsabilité du maire de Strasbourg est totale. Le report du TGV Rhin-Rhône pénalise directement le Haut-Rhin et aura des effets économiques évidents sur le Bas-Rhin et sur Strasbourg. »
Catastrophisme primaire ? L’autre candidate de droite à la mairie en 2014, la sénatrice UMP Fabienne Keller, est à peu près sur la même ligne. Elle a déposé une motion qui pourrait être discutée en conseil municipal de Strasbourg ce lundi.
La proposition de motion de Fabienne Keller
Un levier de la construction européenne
A moins que ce ne soit celle adoptée par pôle métropolitain Strasbourg-Mulhouse jeudi soir qui soit reprise par la municipalité socialiste :
« Le TGV Rhin-Rhône facilite les échanges entre la France, la Suisse et l’Allemagne, et les relations de ces 3 pays avec le bassin méditerranéen. Il représente un levier de la construction de l’Europe. De plus les prévisions de clientèle ont été dépassées et les trajets internationaux dopent l’activité de la ligne qui a été mise en service en 2011.
Dans une période difficile pour les finances publiques, il est compréhensible que l’Etat cherche à hiérarchiser les projets prévus par le SNIT [schéma national des infrastructures de transport], compte tenu de l’ampleur des financements qu’ils appellent [245 milliards d’euros]. Dans ce contexte, le pôle métropolitain rappelle que l’ensemble des projets doit être examiné en fonction de leur état d’avancement et des engagements déjà pris.
Les membres du pôle regrettent qu’une convention relais n’ait pas été adoptée en 2011 pour lancer les travaux préparatoires dans la foulée de la mise en service de la première phase du projet, ce que les deux agglomérations avaient soutenu. Ils rappellent que le tronçon Belfort-Mulhouse n’est que la suite d’un projet inachevé inauguré en 2011 et qui devrait, en conséquence, faire partie des priorités de l’Etat en application du protocole signé en janvier 2012. »
Le maire de Strasbourg, Roland Ries, membre du conseil d’administration de la SNCF, a précisé « attendre encore des informations précises », mais dit « partager les inquiétudes de Fabienne Keller ». Il a ajouté samedi qu’il avait signé, comme d’autres parlementaires alsaciens, le courrier commun rédigé par Jean-Marie Bockel, président de la M2A (agglomération de Mulhouse) et sénateur UDI du Haut-Rhin qui sera envoyé au président de la République. Le conseil général du Haut-Rhin a quant à lui lancé une pétition en ligne qui a déjà rassemblé quelque 10 000 signatures.
Rénovation urbaine, Bamako, etc.
Les autres points importants de ce conseil municipal marathon (63 points à l’ordre du jour et quatre propositions de motions, dont une sur le non-cumul des mandats et une sur Bamako) seront vraisemblablement le travail le dimanche, le budget supplémentaire de la collectivité et les conclusions des projets de rénovation urbaine dans les quartiers. A ce propos, c’est Mathieu Cahn, adjoint au maire, qui faisait remarquer jeudi que la Ville de Strasbourg attend aujourd’hui l’assurance de financements dans le cadre d’un ANRU 2, pour « terminer le travail commencer, notamment au Neuhof et à Hautepierre« .
Le conseil municipal en direct à partir de 15h
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