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Samedi, un cortège de 700 antifascistes contre les assauts de l’extrême-droite

Le collectif Antifasciste 67 appelait à manifester samedi 12 mars. Des militants d’Allemagne et d’autres villes de France sont venus en soutien après l’attaque, par un groupe de néonazis, d’un événement organisé par les antifascistes strasbourgeois fin février. Des syndicats et partis politiques étaient aussi présents pour dénoncer l’extrême droite, « ennemie des travailleurs et des minorités ».

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Drapeaux rouges à la main, vestes noires, des dizaines de manifestants affluent samedi 12 mars place du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny à Strasbourg. Certains viennent d’Allemagne, de Paris ou de Lyon. Le collectif Antifasciste 67 appelle à manifester contre l’extrême droite, dont les idées sont « trop présentes dans la campagne présidentielle ».

Raphaël Arnault, porte-parole national de la Jeune Garde. Photo : Danae Corte / Rue89 Strasbourg / cc

« On vient de plusieurs villes pour soutenir les camarades strasbourgeois après l’attaque de la maison des syndicats », explique Raphaël Arnault, porte-parole national de la Jeune Garde, une organisation antifasciste. Il fait référence à la tentative d’incursion violente d’un groupe de néonazis lors d’une table-ronde sur les dangers de l’extrême droite organisée vendredi 25 février. Cem Yoldas, militant de la Jeune Garde Strasbourg, ajoute :

« C’est important de prendre la rue après un événement comme celui-là, de riposter, et d’affirmer dans l’espace public, des revendications antifascistes radicales. On veut montrer qu’on ne lâche pas face à ces agressions, au contraire. Le soutien est international, comme notre mouvement. C’est symbolique puisque nous luttons contre les nationalistes. »

Cem Yoldas, de la Jeune Garde Strasbourg. Photo : Danae Corte / Rue89 Strasbourg / cc

« L’extrême droite, c’est l’exact inverse du monde dans lequel je veux vivre »

Les militants dressent une imposante banderole « Strasbourg Antifasciste ». Vers 16h20, le cortège part, avec des femmes en tête. Pour Éli, jeune strasbourgeoise de 23 ans, se mobiliser contre l’extrême-droite est logique :

« C’est simple, l’extrême droite est anti-féministe. Elle est contre l’IVG par exemple. Et elle est contre les minorités en général. C’est un mouvement injuste, haineux, l’exact inverse du monde dans lequel je veux vivre. »

À quelques mètres, Amélie, dégoutée par les propos de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour, a aussi décidé de venir. Elle est plutôt habituée aux manifestations écologistes. « Avec la banalisation de la présence de l’extrême-droite et de la haine des étrangers dans les médias, j’ai décidé de venir. Je trouve aussi normal de se mobiliser après l’attaque de la table ronde qui a eu lieu à Strasbourg. Face à cela, il faut une forme de radicalité, et de la désobéissance civile », dit-elle.

Le cortège a aussi scandé des slogans féministes : « Solidarité, avec les femmes, du monde entier ! » Photo : Danae Corte / Rue89 Strasbourg / cc

Des syndicats présents, « parce que l’extrême droite est aussi l’ennemie des travailleurs »

Outre la Jeune Garde, le collectif Antifasciste 67 réunit aussi l’Action Antifasciste Strasbourg, les syndicats Solidaires, FSU, CGT, CNT, Alternative Étudiante, les associations Attac, Planning Familial, le collectif D’ailleurs nous sommes d’ici, les partis France Insoumise (FI) et Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA). Haïdar, de la CGT Punch, entreprise de l’industrie automobile, tenait à être présent :

« Historiquement, l’extrême droite a toujours été contre le progrès social, les travailleurs et les syndicats. La population doit en prendre conscience. Regardez Éric Zemmour ! Il considère qu’on ne travaille pas assez, qu’il faut encore repousser l’âge de la retraite, et il dit souvent qu’il déteste les syndicats. »

Sur le même thème, Caroline de la France Insoumise soulève que « le progrès social est la meilleure arme contre l’extrême droite ». « Avec l’obtention de meilleurs conditions de vie, la bifurcation écologique, ou encore des mesures comme le référendum d’initiative partagée, les arguments des fascistes disparaissent », estime-t-elle. Guillaume, du NPA, abonde :

« Il nous faut aussi être plus présents sur les lieux de travail, où des idées d’extrême-droite se diffusent souvent. Nous devons montrer que ce sont des mesures sociales qui peuvent améliorer nos quotidiens, et certainement pas la discrimination raciale. »

« Le gouvernement actuel a aussi des pratiques d’extrême-droite »

Régulièrement, les manifestants font brûler des fumigènes et lancent des pétards. Ils entonnent « Tout, le monde, déteste Éric Zemmour » et « Siamo Tutti Antifascisti » (nous sommes tous antifascistes en italien, NDLR). Aux alentours de 17h, à leur arrivée place Kléber, ils sont environ 700. Après seulement une grosse demi-heure de manifestation, le parcours déclaré auprès de la préfecture est terminé. Mais le cortège poursuit sa route en direction du Molodoï pour une soirée concerts.

Le cortège est passé dans le centre-ville de Strasbourg, près de la cathédrale et place Kléber. Photo : Danaé Corte / Rue89 Strasbourg / cc

La police reste à distance. Louise tient à rappeler que « le gouvernement actuel a aussi des pratiques d’extrême-droite » : « C’est la république en marche qui a pondu la loi sécurité globale, et qui polémique régulièrement sur l’islam. Ils sont allés jusqu’à nommer Gérald Darmanin au ministère de l’Intérieur, malgré des accusations d’harcèlement sexuel et des convictions anti-immigration connues. »

Arrivé à l’arrêt de tram Laiterie, des antifascistes allument des feux d’artifice. La manifestation se termine à 17h50 sous des applaudissements. Environ 300 personnes ont pris part au cortège sauvage jusqu’au bout.


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