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Après Sainte-Soline : « On a tous la même machine sanglante en face »

Suite à la manifestation contre les mégabassines à Sainte-Soline où de nombreuses personnes ont été blessées par les gendarmes, des militants de plusieurs organisations se sont rassemblés devant la préfecture du Bas-Rhin jeudi 30 mars. Ils constatent tous que l’État n’a qu’une réponse face à leurs luttes : la répression policière.

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Des écologistes de retour de Sainte-Soline, des agriculteurs de la Confédération paysanne, des cheminots, des Gilets jaunes, des membres du collectif contre la réforme des retraites « On crèvera pas au boulot », des militants pour les droits des sans-papiers… Devant la préfecture du Bas-Rhin, plusieurs centaines de personnes d’horizons divers se rejoignent jeudi 30 mars. Le mot d’ordre du rassemblement : « soutenir les deux activistes dans le coma après la mobilisation contre les mégabassines à Sainte-Soline, et tous les autres blessés de cette manifestation et de la lutte contre la réforme des retraites ».

Plusieurs centaines de manifestants écoutent des prises de parole devant la préfecture. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

« Aujourd’hui, la convergence des luttes a un slogan, c’est Darmanin au fond du Rhin », lance un homme, mégaphone à la main. Mickaël Kugler, présent à Sainte-Soline et militant contre l’autoroute du Grand contournement ouest (GCO), décrit l’invariable répression de l’État face à toute contestation :

« Il y a une uniformité dans la réponse du système face aux luttes, c’est sa violence. On se rejoint forcément là-dessus. La police est l’incarnation physique de cette violence d’État. Quand on se mobilise, on n’est pas écoutés. On le voit bien avec la réforme des retraites. Pour Sainte-Soline, il y a aussi eu des démarches juridiques, des rassemblements très pacifistes. Au bout d’un moment, forcément, il ne reste plus que les modes d’action plus radicaux. En l’occurrence, l’objectif était d’atteindre le site. Et la réponse, ce fut les grenades. »

Mickaël Kugler, très actif dans la lutte contre le GCO, a manifesté à Sainte-Soline. (Photo TV / Rue89 Strasbourg / cc)Photo : TV / Rue89 Strasbourg

« C’est toujours la même machine sanglante en face »

Dans la même logique, Raphaël, prend la parole devant la foule :

« J’ai participé au mouvement contre le CPE en 2005. J’ai fait partie des Gilets jaunes. Je suis membre du collectif On crèvera pas au boulot et j’étais à Sainte-Soline. C’est toujours la même machine sanglante de domination et de répression en face. Mais il y a un très beau mouvement social qui se construit. Je pense qu’on peut être fiers de nous. »

Un cheminot du syndicat Sud Rail poursuit en rappelant qu’un de ses confrères a été éborgné lors de la manifestation contre la réforme des retraites du jeudi 23 mars à Paris.

Des forces de l’ordre sont positionnées au niveau de toutes les voies d’accès à la place de la République. Laurent Tarasco, directeur départemental de la sécurité publique (chef de la police nationale dans le Bas-Rhin), est présent. Peu après 19h, dans un tweet, la préfète de la Région Grand Est communique sur des pierres et des cailloux « dissimulés dans les haies » place de la République. Mais la représentante locale de l’État ne précise pas s’ils ont été placés là par des manifestants…

« C’est la même stratégie que Darmanin qui disait que les manifestants venaient à Sainte-Soline pour tuer des policiers. La préfète prépare l’opinion à des actions répressives de la police », commente Mickaël Kugler. Une femme prend le micro et cite la tirade des trois violences de l’évêque catholique brésilien Hélder Câmara face aux policiers.

Un important dispositif policier encadre la manifestation. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

« Si on veut que ça change, il faudra les contraindre »

Le discours est ponctué par des applaudissements soutenus. Alia, présente au rassemblement, n’est pas étonnée par « le phénomène de répression » :

« Il faut bien comprendre qu’on est dans un rapport de force avec les élites au pouvoir. Ils savent bien que le système est problématique mais pour eux, c’est immuable. Si on veut que cela change, il faudra les contraindre d’une manière ou d’une autre. Les révolutions, dans l’Histoire, ne se sont jamais construites juste pacifiquement. »

Alia n’est pas étonnée par la répression policière. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Gabriel, militant pour les droits des migrants, constate de son côté que « le mouvement social contre la réforme des retraites a obligé le gouvernement à repousser sa loi asile et immigration ». Cela témoigne pour lui d’une forte connexion entre les luttes : « La mobilisation a déjà des impacts, le gouvernement a peur de nous. Et d’ailleurs, si les flics encadrent nos manifs, ils ne sont pas entrain d’expulser le squat Bourgogne à la Meinau où vivent plus de 200 sans-abris. »

Les militants font face aux forces de l’ordre, devant la préfecture. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

« Il nous faut faire la révolution »

Ému, David, jeune étudiant revenu de Sainte-Soline avec une fracture ouverte de la main, déclare : « Je pense aux victimes. J’aurais pu en faire partie. Tant que le gouvernement continuera l’inaction climatique, la lutte continuera, je continuerai. » Un membre de la section locale de l’organisation communiste libertaire souligne que Serge, l’un des manifestants dans le coma, est le fils de ses amis :

« Il nous faut réagir et poursuivre nos luttes ! Avec la bataille des retraites d’abord qui ouvre une brèche dans le système bourgeois comme jamais. Avec la bataille de l’eau également. Il nous faut faire la révolution et mettre à bas cette société pour que les souffrances du 25 mars ne soient pas vaines. »

David a été touché par une grenade à Sainte-Soline : il est revenu avec une fracture ouverte de la main. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Après les prises de parole, une partie des personnes présentes forment un cortège et marchent autour de la place de la République. Bloqués de tous les côtés par les forces de l’ordre, les manifestants décident de se disperser peu avant 21h.


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