Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Les contours institutionnels de l’Alsace âprement discutés à la préfecture

Franck Leroy, président de la Région Grand Est, et Frédéric Bierry, président de la Collectivité d’Alsace, ont tous les deux rendez-vous à la préfecture pour voir comment se partager des compétences institutionnelles. Prise entre les deux feux, Pia Imbs, présidente de l’Eurométropole, s’explique et aimerait passer à autre chose.

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L’entrée de l’hôtel de Région à Strasbourg

Pia Imbs n’a guère apprécié d’être qualifiée de « traître » à l’Alsace dans des communiqués de mouvements régionalistes et dans des publications sur les réseaux sociaux. Pour la présidente de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS), dont la langue maternelle est l’alsacien et qui a initié une politique de valorisation des cultures régionales au sein des 33 communes strasbourgeoises, le coup est rude.

Elle paie ses déclarations passées contre une Région Grand Est qu’elle avait qualifiée « d’artificielle » et son appartenance au Mouvement pour l’Alsace, qui a pour objectif le retour à une Région de plein exercice. Après avoir signé un courrier à Emmanuel Macron appelant à garder l’Alsace dans le Grand Est, elle s’est expliquée lundi 13 mai devant des journalistes :

« C’est vrai j’étais sceptique au début mais je constate que l’Alsace existe toujours, les Vosges sont toujours là… L’Alsace n’a rien perdu avec le Grand Est, elle s’est même renforcée. En témoigne nos échanges fructueux avec la Région Grand Est, sur la mise en place du Réseau express métropolitain par exemple. L’Eurométropole collabore aussi au quotidien avec la Collectivité d’Alsace. J’appelle donc les présidents de ces deux collectivités à avoir des échanges nourris pour corriger les aspects négatifs de la loi de 2015. Nous avons mieux à faire que de démanteler le Grand Est. »

Pia Imbs a été ébranlée par la violence des propos qu’elle a reçu.

Plainte pour diffamation

Effarée par la violence des messages qu’elle a reçu, y compris par sms, Pia Imbs promet de porter plainte pour diffamation contre celles et ceux qui ont insinué que son soutien à la Région Grand Est est motivé par sa nomination comme administratrice à l’Agence de financement des infrastructures de transports (AFIT). Cette agence qui répartit les crédits de l’État dans les réseaux de transports est présidée depuis mars par Franck Leroy. « J’ai été nommée par le ministre des Transports avant que M. Leroy ne soit proposé à la présidence de l’AFIT », indique Pia Imbs qui précise en outre qu’il s’agit d’une fonction bénévole et que cette nomination vient saluer « la politique volontariste de l’Eurométropole en faveur des mobilités ».

Considérant que la rupture est consommée avec le MPA, Pia Imbs a indiqué aux DNA avoir quitté ce mouvement. En revanche, elle n’entend pas participer à un rassemblement des élus alsaciens favorables au maintien de l’Alsace dans la Région Grand Est.

Frédéric Bierry et Franck Leroy déterminés

Des élus également qualifiés de traitres par Frédéric Bierry le matin même. Devant des journalistes, le président de la Collectivité d’Alsace (CeA) a nié la capacité des maires à se prononcer pour ou contre la sortie de l’Alsace du Grand Est. Il a rendez-vous dès mardi 14 mai avec Franck Leroy à la préfecture pour échanger sur d’éventuelles délégations de compétences. Mais le président de la Collectivité d’Alsace a prévenu, il veut des transferts et pas des délégations, qu’il qualifie « de miettes ».

Franck Leroy demande des preuves d’efficacité supérieure à la CeA.

De son côté, Franck Leroy s’est également exprimé lundi après-midi lors d’une conférence de presse à l’hôtel de région de Strasbourg. Il se rendra bien à la réunion de travail avec la préfète Josiane Chevalier mais, indique-t-il, Frédéric Bierry devra démontrer en quoi une délégation rendrait le service public plus efficace :

« Le président de la République a évoqué l’artisanat, le tourisme ou le sport… Alors on peut en discuter, mais d’une part, ce ne sont pas des miettes et surtout, ce sont des domaines où la Région est pleinement investie. Notre boussole, ce sera la qualité du service rendu aux citoyens et dans bien des domaines, l’Alsace a besoin de la force de frappe du Grand Est. »

La réunion s’annonce donc fort sympathique. Ces échanges, qui vont mobiliser toutes les qualités de diplomate de Josiane Chevalier, doivent durer un mois.


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