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Contournement de Châtenois : Alsace Nature refuse « une négociation de marchands de tapis » avec la Collectivité d’Alsace

Alsace Nature refuse la médiation avec la Collectivité européenne d’Alsace (CeA) sur le contournement de Châtenois, dont le chantier est arrêté depuis mai. L’association estime que cette procédure ne donnerait pas assez de temps pour trouver un accord satisfaisant.

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« Nous avons pris la décision de ne pas répondre positivement à la proposition de médiation » concernant le projet de contournement de Châtenois, annonce Michèle Grosjean, présidente d’Alsace Nature, lors d’une conférence de presse mardi 1er aout :

« Sur le principe, nous adhérons pleinement à l’idée d’engager des discussions avec les élus, c’est ce que nous demandons. Mais pour nous, travailler à un projet de compensation demande du temps, des études, des plans de gestion des sites concernées. Nous n’avons pas souhaité avoir une négociation de “marchands de tapis”, la préservation des ressources naturelles nécessite et mérite un traitement respectueux. »

Le chantier du contournement de Châtenois est à l’arrêt depuis le 12 mai 2023. À cette date, le tribunal administratif de Strasbourg a annulé l’autorisation des travaux suite à une procédure initiée fin 2019 par Alsace Nature. La route, financée à hauteur de 60 millions d’euros par l’Etat, la Collectivité européenne d’Alsace (CeA) et la Région Grand Est, devait être prête à la fin de l’année 2023.

Les travaux du contournement de Châtenois en novembre 2022. Photo : Capture d’écran Youtube / TV2

« La justice nous a donné raison »

Pour permettre la poursuite des travaux, la CeA a saisi la cour administrative d’appel de Nancy. Cette dernière a proposé une médiation pour qu’un accord soit trouvé entre les deux parties. La collectivité a accepté, à condition qu’une entente soit trouvée avant le 26 septembre 2023, arguant que la reprise du chantier doit être la plus rapide possible, comme chaque mois de retard lui coûte 255 000 euros.

« Bien-sûr on préférerait que cet argent public soit utilisé pour d’autres choses. Mais nous ne pouvons pas être tenus pour responsables de cette situation », rétorque Stéphane Giraud, directeur d’Alsace Nature :

« Nous nous étions opposés à ce projet car la route ne peut plus être la solution à tous les problèmes. Un changement de fond dans les politiques d’aménagement est urgent. C’est notre rôle de militer dans ce sens, nous représentons 40 000 adhérents. La biodiversité est déjà à terre. Ils ont réalisé les travaux alors que la décision de justice n’était pas encore rendue. Et maintenant ils veulent nous mettre devant le fait accompli comme la route est là. Nous ne pouvons pas l’accepter, cela serait une négation du droit de l’environnement. Nous avions prévenu les élus, et la justice nous a donné raison. »

« D’autres solutions existent »

Le tribunal administratif de Strasbourg a considéré que l’intérêt public majeur de ce contournement n’est pas suffisamment justifié pour détruire l’habitat des 29 espèces protégées (mammifères, oiseaux, reptiles, amphibien, insectes…) recensées sur les terrains impactés par la construction. De plus, la décision de justice indique que « le projet de déviation est à l’origine d’une pollution supplémentaire par dix substances, par rapport au scénario en 2030 sans ouvrage, due à l’augmentation attendue du trafic et des vitesses de circulation ».

De gauche à droite, Stéphane Giraud, directeur d’Alsace Nature, Michèle Grosjean, présidente d’Alsace Nature, et François Zind, avocat d’Alsace Nature. Photo : TV / Rue89 Strasbourg

Des habitants et des élus de Châtenois ont manifesté samedi 3 juin pour la reprise des travaux. Ils estiment notamment que le contournement est nécessaire pour enrayer les embouteillages dans la zone aux heures de pointe. Michèle Grosjean anticipe « les nombreuses critiques qui viendront certainement suite au refus de la médiation » :

« Ce n’est pas une décision prise sur un coin de table. Elle est mûrement réfléchie. Nous comprenons les remarques des automobilistes et des riverains. Mais d’autres solutions existent, comme bâtir une véritable politique de transports en commun. »

« Cette décision envoie un message aux élus »

Stéphane Giraud poursuit :

« Cette décision du tribunal administratif est très importante. Nous souhaitons qu’elle envoie un message aux élus pour qu’ils arrêtent de porter ce type de projet en négligeant les enjeux écologistes. Concrètement, sur place, ils ont détruit des zones humides et les compensations installées sont dysfonctionnelles. Sur les 1 500 plants de gagée (une fleur protégée) réalisés après la destruction de leur habitat pour ce contournement, il n’y en a plus que quelques dizaines. Les papillons azurés qui devaient trouver un autre écosystème ont tout simplement disparu du val d’argent. »

La médiation étant refusée, la décision de la cour administrative d’appel de Nancy devrait être rendue dans plusieurs semaines. Si cette juridiction confirmait la décision du tribunal administratif de Strasbourg, les porteurs du projet seraient obligés d’obtenir une nouvelle autorisation environnementale, un processus qui serait long et difficile vu l’implantation du projet et les difficultés à trouver des raisons d’intérêt public majeur pour le justifier.


#Châtenois

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