Après 3 mois d’interruption, pause estivale oblige, le conseil municipal reprend ses réunions à moins de six mois des élections municipales. Soyons clairs : tous les intervenants songeront à « l’après mars 2020 » dans leurs prises de parole.
Fin juin, la redéfinition inachevée de l’espace politique strasbourgeois s’est traduite par un conseil municipal-fleuve où il était parfois difficile de distinguer la majorité et l’opposition dans les interventions. Traduction mathématique : une délibération sur la délocalisation du Marché de Noël à New York a même été adoptée grâce à 10 voix de la droite sur 20 (10 votes « contre » et 15 abstentions dans la « majorité municipale »), une première lors de ce mandat. Une situation amenée à se répéter à l’approche des élections ou le maire Roland Ries (PS) réussira-t-il à remettre de l’ordre dans ses troupes ? Les dossiers qui divisent, y compris au sein de la majorité, ne manqueront pas ce lundi 23 septembre avec 76 points à l’ordre du jour.
De nouvelles attributions pour Archipel 2
Avec ce conseil, la municipalité compte avancer sur des dossiers qui ont pesé tout le mandat. Parmi eux, le quartier d’affaires Archipel au Wacken, avec le début de la phase 2, à la place de l’ancien parc des expositions. Outre les ventes de terrains pour la Caisse d’Épargne et au Crédit mutuel, la promotion de quatre autres bâtiments a été attribuée. Deux immeubles accueilleront 137 et 75 logements. Deux autres « lots » sont consacrés à des bureaux.
Un immeuble un peu plus original (8 600 m²) qu’à l’accoutumée contiendra une halle gourmande au rez-de-chaussée, et du maraîchage sur le toit. À peu près deux fois plus petite, une « Maison du droit » est portée par deux cabinets d’avocats. Enfin un parking en silo d’environ 250 places est prévu. L’allure des futurs immeubles sera dévoilée fin 2019. La proportion générale d’Archipel 2 est d’avoir deux fois plus de surface de bureaux que de logements, avec un peu de commerce et de restauration.
Diesel, des promesses qui engagent la future équipe
Autre sujet de controverse, l’interdiction progressive du diesel et des voitures anciennes à Strasbourg. Finalement, la commune de Strasbourg compte aller plus vite que le reste de l’Eurométropole. Les premières interdictions des voitures d’avant 1997 sont programmées pour le 1er janvier 2021, puis l’interdiction des véhicules diesel d’avant 2006 (Crit’air 5) en 2022, et ainsi de suite jusqu’à l’interdiction de tous les véhicules diesel en 2025 et des moteurs à essence d’avant 2011. Les 32 autres communes ne fixent qu’un horizon plus flou, avec une interdiction totale du diesel au plus tard en 2030.
Mais concrètement, difficile d’imaginer un habitant de la première ou la deuxième couronne acheter un véhicule qui lui permettrait de rouler dans toutes les communes mais pas à Strasbourg. De plus, comme il s’agit d’un arrêté que seul le maire peut prendre, ce sera au successeur de Roland Ries d’appliquer ou non ce projet. Il y a donc un peu de surenchère en vue des élections municipales. Notons aussi que les vignettes Crit’Air ne se basent que sur l’année de production, et non sur la pollution réellement émise. Ainsi, avec la mode des 4×4, les voitures neuves achetées en France émettaient en moyenne 109 gCO2/km en 2016, 111 gCO2/km en 2017 et 112gCO2/km en 2018. Des augmentations qui font suite à des années de baisse.
La Meinau résistera-t-elle aux élections ?
Le sport sera également au programme, avec le bilan de la rénovation du stade de la Meinau. Sur le résultat du vote, une large majorité est attendue. La concertation à l’été n’a pas fait bouger le dossier (passer à 32 500 places) si ce n’est « travailler sur la fan zone », dixit le président du club Marc Keller et « apporter des précisions sur l’accessibilité », selon l’adjoint de quartier Mathieu Cahn (PS). La livraison n’est prévue qu’en 2025, alors que Strasbourg espérait récupérer quelques rencontres de foot avec les Jeux olympiques de 2024 à Paris. Plus que le projet, c’est le financement presqu’en intégralité par le public, y compris pour augmenter les loges des sponsors privés du club, qui fait débat.
« Nous ne délibérons que sur le bilan de la concertation. Si nous devions l’emporter en mars 2020, cela fera partie des investissements à remettre à plat », estime l’adjoint au maire Alain Jund (EELV). Au total, 100 millions d’euros de dépenses sont partagées par les 4 collectivités locales (Ville, Région, Département et Eurométropole). Finalement, le club ajouterait 30 millions pour les finitions, notamment des loges (7 millions d’euros), un nouveau centre de formation (15 millions) et des terrains d’entrainement (8 à 9 millions).
Toujours au rayon du sport professionnel, des élus pourraient aussi avoir envie de réaffirmer leur soutien aux basketteurs de la SIG lors du vote pour la subvention annuelle. Des doutes ont été émis par le président de l’Eurométropole Robert Herrmann (PS) quant à la viabilité du projet de la nouvelle arena.
Côté Éducation, l’adjointe en charge de l’Éducation Françoise Buffet (divers gauche,) doit aussi présenter un rapide bilan de la rentrée scolaire 2019, la première depuis le retour à la semaine de 4 jours.
Course à l’échalote (bio) sur les pesticides
Enfin 3 groupes sur 4 (PS, EELV, La Coopérative) se sont livrés à la course à l’échalote (bio) en proposant une interdiction totale des pesticides dans les limites de Strasbourg. Alors que la municipalité a banni ces produits pour la gestion de ses espaces verts en 2008, le maire s’est dit favorable à une telle évolution. « Il ne faut pas se laisser distancer sur ces sujets », estime l’édile.
Le groupe « En Marche » va-t-il rester sur sa position officielle de « porter le projet du président de la République dans l’hémicycle strasbourgeois », ou plus, vraisemblablement, voter la motion pour aller beaucoup plus loin. Le gouvernement souhaite autoriser les épandages des pesticides entre 5 et 10 mètres des habitations. Pionner de ce combat, le maire de Langouët près de Rennes demandait une distance de protection de 150 mètres. Le tribunal administratif a suspendu un tel arrêté, au motif de l’incompétence d’une commune pour réglementer ces produits. Une décision qui n’a pas empêché Paris, Nantes, Lille, Grenoble et Clermont-Ferrand de prendre un arrêté prônant une interdiction totale.
Comme le soulignera d’ailleurs Thomas Rémond (Modem, opposition) dans une interpellation, beaucoup de choses ont été votées lors de motions, sans forcément être appliquées ensuite (fermeture de Fessenheim, maintien des trains de nuit, destockage complet à Stocamine ou plus récemment la fin des cirques avec animaux à Strasbourg).
Autre interpellation sûrement très commentée en fin de conseil, celle du candidat à la candidature à droite Jean-Philippe Vetter (LR) sur l’arrêté anti-mendicité. Il estime que ce texte n’a rien changé à la situation du centre-ville. Le maire a plusieurs fois promis un bilan, sans en donner pour le moment. Une occasion servie sur un plateau, alors que le texte prend fin le 30 septembre, avant de revenir pour le Marché de Noël.
Le conseil municipal est à suivre en direct et avec nos commentaires ce lundi dès 15h.
Chargement des commentaires…