« Tous les groupes ont participé à cet ordre du jour pléthorique en matière de textes additionnels, que chacun en tire les conséquences ». Dès le début du conseil municipal, ce mercredi 22 mai, l’avertissement est lancé par la maire, Jeanne Barseghian. Peine perdue : avec l’inscription de 21 textes additionnels (résolutions, motions ou encore questions orales) la séance aura duré plus de 14 heures pour s’achever après minuit.
Contrat triennal
Le premier point à l’ordre du jour, le contrat triennal, n’aura fait l’objet d’aucune contestation dans l’opposition. Pour ancrer la place de Strasbourg comme l’une des trois capitales de l’Union européenne, le contrat triennal pour la période 2024-2026 a été adopté à l’unanimité. Le texte fixe l’ensemble des actions visant à renforcer le statut européen Strasbourg, comme le fait « d’allouer des moyens conséquents pour les travaux de liaison directe en tramway entre la gare et le secteur des institutions européennes », ou l’extension de l’école européenne.
Pour une somme totale de près de 300 millions d’euros, l’État investit 94,9 millions d’euros (M€), la Ville 79,6 M€ et l’Eurométropole 62,8 M€. La Région Grand Est participe à hauteur de 22,4 M€ et la Collectivité d’Alsace 22,4 M€.
Nomination d’un déontologue
Suite au départ de Patrick Wachsmann, parti rejoindre le Conseil supérieur de la magistrature, la Ville manquait d’un déontologue. Après le raté autour de la nomination d’Hélène Michel – dont la candidature fut rejetée par l’opposition – les élus se sont accordés autour d’un profil plus consensuel : le professeur de droit Étienne Muller.
Après un bref oral de présentation de ce dernier, l’ensemble des groupes du conseil municipal ont voté en faveur de sa nomination.
Expérimentation d’un congé de santé gynécologique
La délibération instaurant l’expérimentation d’un « congé de santé gynécologique » a été adoptée à l’unanimité par le conseil municipal. Les conseillers municipaux ont tout de même réussi à s’écharper sur un cafouillage autour des amendements. Déposés par le groupe socialiste, ils ont été rejetés par la majorité, qui les a repris en des termes plus généraux
Sur présentation du certificat d’un professionnel de santé gynécologique – gynécologue ou sage-femme – et l’avis favorable d’un médecin du travail, les fonctionnaires souffrant de dysménorrhées (règles douloureuses) et d’endométriose bénéficieront d’une autorisation spéciale d’absence, jusqu’à 13 jours par an. L’autorisation sera valable pour deux ans.
Rénovation Cronenbourg-Cité
Dans le cadre du Plan de rénovation urbaine à Cronenbourg, la Ville souhaite détruire et reconstruire le Centre socioculturel Victor Schoelcher. Comme son annexe l’Aquarium, actuellement en travaux, le CSC Schoelcher date des années 70 et commence à montrer les signes de son âge.
Le coût de la rénovation est estimé à près de 15 millions d’euros. Selon le calendrier prévisionnel, les travaux débuteront à la suite de l’Aquarium, en 2025, et devraient durer jusqu’en 2030.
Pétition pour un « lieu contre le racisme et les discriminations »
Pour la première fois du mandat, une pétition a recueilli assez de signatures – 1 466 pour un seuil à 1 400 – pour être présentée devant le conseil municipal. Cette dernière appelle à la création d’un lieu dédié à « la promotion de l’interculturalité et la lutte contre le racisme et les discriminations ».
« Nous n’espérons pas qu’un centre de ressource sort de terre, avec une dizaine de salariés sur le projet, adossé à un centre de recherches universitaire », relativise d’entrée Mustapha El Hamdani, porteur du projet avec l’association Calima, face aux élus. « Mais nous espérons qu’il existe bientôt un lieu spécifique dédié au racisme, de la même manière qu’il existe un lieu spécifique sur le sexisme », a-t-il plaidé, évoquant l’exemple de l’espace dédié à l’égalité de genre à la bibliothèque Olympe de Gouges.
Sans être trop précise concernant les suites données à la pétition, Jeanne Barseghian s’est montrée ouverte à l’idée : « Vraisemblablement, la concrétisation sera à mi-chemin entre ce qui est fait aujourd’hui et ce que vous proposez. Avec une possibilité de mutualiser le lieu de conférence, et de travailler à une programmation bibliothécaire spécifique. »
Deux motions sur la situation en Palestine
Comme une répétition du conseil municipal de novembre, la majorité s’est à nouveau divisée sur la façon d’évoquer la situation en Palestine. La première motion, déposée par le groupe communiste, demandait la reconnaissance de l’État de Palestine et la suspension d’un jumelage avec la ville israélienne de Ramat Gan. « Fermer les yeux n’est plus une option », a lancé la présidente du groupe, Hülliya Turan. « L’Espagne, l’Irlande et la Norvège ont reconnu aujourd’hui même l’État palestinien. »
Tollé dans l’opposition, qui dénonce le manque de condamnations dans le texte des crimes du Hamas, comme le martèle la conseillère Gabrielle Rosner-Bloch : « C’est édifiant, vous ne parlez pas une fois du massacre des civils israéliens. » La présidente du groupe communiste rétorque que la motion « n’enlève rien aux précédentes prises de positions de notre groupe, dénonçant les crimes ignobles du Hamas. » Pour la maire, la motion reste « invotable », estimant qu’il y a « des omissions assez terribles, notamment les massacres du 7 octobre. » En dehors de cinq élus, le reste de son groupe votera contre, et sera rejetée.
À la suite, les écologistes ont présenté leur propre motion. « Cette motion refuse la binarité. Elle est la preuve qu’on peut défendre les droits des Palestiniens sans vouloir la destruction d’Israël », plaide Véronique Bertholle, en défendant le texte. Peine perdue pour l’opposition, qui a accusé la maire et les écologistes de vouloir importer le conflit, voire de participer à un « antisémitisme d’atmosphère » qui frappe les juifs de Strasbourg. La motion sera adoptée avec 38 voix pour, malgré l’abstention du groupe communiste et celle de l’opposition.
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