La coalition gauche-droite inédite à Strasbourg a tenu six ans. Elle s’apprête à adopter un dernier budget pour entamer 2020 sans trop de remous. Une nouvelle équipe prendra les commandes fin mars, alors que le tandem à sa tête Robert Herrmann (PS, Strasbourg) et Yves Bur (divers droite, Lingolsheim) ne se représente pas.
Plus qu’un budget de transition, le débat devrait avoir des allures de bilan des six années passées. D’autres seront tentés d’envoyer des messages pour la future gouvernance. Elle se décidera en quelques jours après le second tour des élections municipales entre les élus strasbourgeois (50 élus sur 100 dont une quarantaine de la liste gagnante) et ceux des 32 autres communes, en particulier les maires.
Une gouvernance à reconduire ?
Pour le président Robert Herrmann (PS), cette gouvernance a permis une forme d’équilibre dans les dépenses. Il espère qu’une coalition similaire sera construite après lui :
« Les socialistes n’auraient pas accepté la réduction des effectifs (111,2 millions dépensés en 2014 contre 115,7 budgetés en 2020 ndlr), tandis que la droite n’aurait pas accepté les hausses des taux d’impôts en début de mandat. »
D’ailleurs, dans ses éléments de présentation du budget, l’Eurométropole a récapitulé les 10 dépenses les plus importantes du mandat.
Le graphique ci-dessus montre le poids de la crise à l’incinérateur Sénerval amianté. Car en plus des travaux de désamiantage à 36 millions, les détournements de déchets et les indemnisations du groupe Séché pour son manque à gagner et des entreprises qui comptaient acheter sa chaleur, la facture grimpe à plus de 200 millions d’euros. À ce sujet, le budget 2020 comprend d’ailleurs une baisse de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM) de 1%. Elle ne compense pas les hausses décrites comme « temporaires » pour faire face à la situation (4% en 2015, puis 2,5% en 2016).
Avec un budget en hausse de 0,9%, la collectivité retrouve un peu de marge de manœuvre grâce à la fin des détournements de déchets. À écouter Yves Bur, la situation serait tellement bonne que « les élus se permettent quelques danseuses », une critique des financements du stade de la Meinau et de la SIG Arena contre lesquels il a voté.
La version finale du Plan Climat
L’autre grosse délibération concerne le Plan Climat, sujet technique, transversal et complexe par excellence. Mais qui touche à l’avenir, thème sur lequel chacun veut se positionner. Les ambitieux objectifs votés en juin sont réaffirmés, mais il reste à débattre des meilleurs moyens de s’en approcher. C’était une des critiques de l’autorité environnementale.
Principale annonce, la création d’une agence locale de l’énergie qui doit aider l’accompagnement des particuliers pour isoler les logements (objectif jusqu’à 8 000 par an, contre 5 000 actuellement). Le rythme de déploiement de panneaux solaires et d’autres études sur l’urbanisme et la précarité énergétique doivent aussi mieux guider les élus.
Robert Herrmann précise :
« La collectivité sera un aiguillon, mais elle ne sera pas seule à porter ces objectifs. Il y a des exemples magnifiques, notamment dans nos entreprises comme Suchard, Punch, l’écologie industrielle au Port. Ce sont des signaux sur notre territoire et l’Eurométropole peut avoir un effet multiplicateur. »
Pour atteindre 100% d’énergies « renouvelables » en 2050, l’Eurométropole compte sur 11% d’approvisionnement par la géothermie profonde, une activité en suspens suite aux séismes à répétition.
La VLIO se précise
Autre délibération importante, l’acquisition de terrains pour réaliser la route de la Voie de Liaison intercommunale ouest (VLIO). La VLIO est une sorte de mini-GCO gratuit à 2×1 voies et 2×2 voies selon les secteurs. Elle reliera les communes de l’ouest de l’agglomération. Sa longueur est de 11,7 kilomètres. Comme le GCO, le projet date de 1973, mais il serait cette fois pris en charge par la collectivité. Le projet est désormais estimé à 72 millions d’euros, dont 35 millions pour la portion sud (voir les plans ci-dessous) qui devrait être réalisée en premier. Les travaux sont attendus pour la fin 2021. La VLIO est décrite comme un « support de l’urbanisation » ce qui peut laisser craindre un étalement urbain dans les années à venir, a contrario de la « ville dense » prônée depuis 2009.
La CTS renouvelée
Toujours au rayon des transports, l’Eurométropole va renouveler le contrat de délégation de service public (DSP) de la Compagnie des transports strasbourgeois, sans la remettre en concurrence. La CTS, devenue 100% publique (80% par Eurométropole, 20% Région Grand Est), est reconduite pour dix ans. La société a réalisé 6 millions d’euros d’économies depuis 2017, ce qui justifie d’éviter la procédure d’appel d’offres.
Selon les élus, le principal avantage à maintenir la CTS et son équipe de direction est d’avoir une même société qui peut porter les travaux, payés par la métropole, puis ensuite exploiter les lignes.
À quand les bornes électriques ?
En fin de conseil, Jean Philippe Maurer (LR) demande si les 200 bornes de recharges pour voitures électriques verront le jour. Rue89 Strasbourg vous avait parlé dès 2018 de cet objectif de déploiement pour 2019. Un an plus tard, Strasbourg a déjà reçu un prix, mais n’a pas installé la moindre station. Jusque-là, aucune explication n’a été apportée. Lundi en conseil municipal, Robert Herrmann a indiqué qu’une fonctionnaire de la collectivité aurait demandé à deux entreprises concurrentes de s’associer, ce qui est interdit. Il développera peut-être davantage ce mercredi.
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