Le débat s’annonce long et animé. Après la Zone à faibles émissions (ZFE) en octobre, le budget 2022 s’annonce comme l’un des vote les plus difficile à passer pour la majorité des écologistes et de maires à l’Eurométropole, puisqu’il comprend une hausse du taux métropolitain de la taxe foncière. Cette donne fiscale occulte la discussion sur les autres choix budgétaires (recrutements, emprunt, investissements, priorités écologistes). Le pourcentage fait peur, puisqu’il bondit de 300%. Mais comme le taux de l’Eurométropole est minime (il passe de 1,15% à 4,60%) par rapport à celui dans ses 33 communes (de 26,88% à 37,44%), la hausse totale de la fiche d’impôts locaux sera réalité comprise entre 9,9 et 13,5% selon les communes, bases et taux confondus. Elle concerne 220 269 propriétaires, des entreprises et particuliers, ainsi que les organismes publics et associations.
De part et d’autres, de nombreux arguments devraient s’échanger autour du timing de cette hausse, entre l’inflation et la guerre en Ukraine, les trois hausses d’impôts passées dans le mandat précédent, la dette financière ou « écologique et sociale », les « services en plus » comme la gratuité des transports pour les moins de 18 ans ou la collecte des déchets alimentaires, la répartition inégale des propriétaires selon les communes, la hausse des investissements qui profiteront en partie aux entreprises locales, les aides distribuées lors de la crise du Covid, ciblées sur les entreprises les plus impactées par exemple dans le tourisme, les gains de pouvoir d’achat via la suppression de la taxe d’habitation, etc.
Six représentants d’entreprises alsaciennes ont demandé dans un texte commun envoyé aux DNA « à décaler l’augmentation de la fiscalité d’une année ». Pour les opposants à cette hausse, il est important de marquer les esprits autour de cette séquence, car il ne devrait ensuite plus y avoir de hausse d’ici la fin du mandat. À l’heure du bilan en fin de mandat en 2026, l’année 2022 sera-t-elle encore dans les mémoires ?
Ce qui comptera le plus sur le plan politique sera le nombre de voix lors du vote, pour jauger l’étendue de la majorité, qui s’est amenuisée, des écologistes et de maires. En théorie, la présidente Pia Imbs devrait pouvoir compter entre 60 et 65 voix sur 99. Le total s’élevait à 74 en 2021, lorsque les Socialistes, les 5 élus d’Illkirch-Graffenstaden et la maire de la Wantzenau étaient encore dans la majorité.
Deux réseaux de chaleur renouvelés
L’autre point majeur concerne deux réseaux de chaleur de Strasbourg (points 6 et 7), dont les gestionnaires sont renouvelés pour 20 ans.
Dans les plans initiaux lancés il y a quelques années, le réseau de chaleur de Hautepierre, alimenté à 100% par du gaz via sa chaufferie, devait être raccordé au futur puits de géothermie d’Eckbolsheim. Mais comme tous les projets de géothermie, ce dernier est suspendu. L’Eurométropole a dû finalement trouver une solution alternative. C’est la société Engie qui a remporté le marché. Elle s’appuiera toujours sur du gaz, mais à hauteur de 34% d’ici 2034. Si la géothermie devait toujours rester bloquée, la chaufferie, qui sera rénovée, aura recours à de la biomasse, comme au Wacken, en plus de la récupération de chaleur émise par l’hôpital de Hautepierre (27%).
Pour l’autre délégation de service public, l’Eurométropole a réuni les réseaux de chaleur de l’Elsau et de l’Esplanade afin de former un réseau de chaleur unique, appelé Strasbourg-Centre. Cette fois, c’est Réseau de chaleur urbains d’Alsace (RCU-A), une filiale de la société publique R-GDS, qui a remporté le marché. Pour atteindre 83% d’énergies classifiées comme renouvelables, elle s’appuiera sur plusieurs sources comme la récupération de la chaleur de l’aciérie BSW de Kehl, d’autres entreprises du port et de l’incinérateur de Strasbourg, ainsi que de la biomasse, et du gaz (17%).
Côté prix, l’Eurométropole met en avant la stabilité des tarifs sur 20 ans dans le contexte d’incertitudes actuel :
- Sur le réseau de chaleur de Hautepierre, les prix seront entre 67 à 74€ TTC/MWh en moyenne. À comparer aux 79,8€ TTC/MWh en moyenne 2018 ou aux 202€ en janvier 2022
- Sur le réseau Strasbourg-Centre les prix seront de 89€ TTC/MWh en moyenne. C’est plus que les prix moyens en 2020-2021, où les prix étaient entre 73,68€ et 79,14€ sur les réseaux de chaleur de l’Esplanade et de l’Elsau. Ils ont bondi respectivement à 129,58€ et 152,23€ en janvier 2022.
Les deux réseaux seront agrandis pour passer de 55 à 116 kilomètres au total d’ici 2029 et augmenter leurs capacités énergétiques.
Le dossier n’a pas soulevé de débat majeur au conseil municipal de Strasbourg (consulté pour avis) lundi, ce qui augure d’un débat moins passionné que pour le budget. L’ordre du jour compte 93 points et les échanges devraient s’étirer jusqu’en fin d’après-midi.
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