Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Au conseil de l’Eurométropole, le centre administratif à retaper

Comme le conseil strasbourgeois de lundi, l’assemblée des 33 communes va débattre du stade de la Meinau, vignette Crit’Air et d’une rénovation de l’accueil à la mairie place de l’Étoile, notamment pour faciliter l’accès aux personnes à mobilités réduite. À suivre en direct à partir de 9h.

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Flux vidéo fourni par l’Eurométropole de Strasbourg


Au fil du mandat, le conseil de l’Eurométropole est devenu de plus en plus électrique. Cette politisation est le résultat de la prise progressive de pouvoirs par les métropoles françaises. Par le passé, cette assemblée était vue comme plus « technique », par rapport aux conseils dans les communes.

Dans les échanges, il en découle parfois des frustrations de maires ou au contraire d’élus Strasbourgeois. Les prises de parole, parfois virulentes visaient aussi à attaquer les choix de son président Robert Herrmann (PS), vu comme un redoutable candidat au centre pour conquérir la mairie en 2020. Mais ce qui change désormais, c’est que Robert Herrmann n’est plus candidat. Même s’il a laissé entendre qu’il pourrait revenir, les principales écuries ont leur poulain : Jeanne Barseghian pour les écologistes, Mathieu Cahn pour le PS, tandis que Modem et République en Marche se dirigent vers une alliance. La droite va bientôt trancher entre ses deux Jean-Philippe.

Ainsi les débats pourraient gagner un peu en sérénité. De plus, les plus gros dossiers à l’ordre du jour ont déjà été débattus par le passé. L’agrandissement/rénovation du stade de la Meinau prévu désormais pour 2025 et dont les 100 millions d’euros d’argent public (et 30 millions à la charge du club en incluant les terrains d’entrainement et le centre de formation) sont décriés uniquement par les écologistes, leurs nouveaux alliés du Labo citoyen (dont le vice-président Syamak Agha Babaei est le seul élu), mais aussi… Yves Bur, maire de Lingolsheim et sorte de « numéro 2 » de la majorité gauche-droite formée avec les maires.

Mais dans son groupe, cet ancien membre des successifs partis de droite (UDF, UMP, LR) est un peu seul sur cette ligne. La délibération ne porte que sur le bilan de la concertation, moins suivie qu’anticipé. Elle n’a pas modifié le projet de porter le stade à 32 500 places, si ce n’est de « préciser » quand la fan zone extérieure serait ouverte ou non les soirs sans match et les moyens d’arriver au stade (TER à la gare Krimmeri, covoiturage, trams, etc.).

Une mairie à rénover de fond en combles

Autre point important, qui a soulevé d’assez longs débats moins consensuels qu’anticipés lors du conseil municipal de Strasbourg, la « mise en accessibilité » du centre administratif place de l’Étoime. L’objectif est en quelque sort « d’abaisser » le bâtiment de 1976 pour accueillir tous les publics de plain-pied et de la même manière. Les ascenseurs pour accéder aux niveau 0 (délivrance de prestations) et 1 (réunions publiques, salle des conseils) seraient revus. Actuellement, les personnes qui ne peuvent gravir les marches doivent passer par une entrée lugubre et des ascenseurs tristounets. Par ailleurs, les agents et prestataires bénéficieront d’un accès réservé pour mieux séparer les allées et venues. Fin des travaux prévus pour la fin 2022.

Le parvis du centre administratif rénové va sétendre de plein pied Visuel EMS

Si tout le monde a voté la délibération lundi (sauf le nouvel arrivé Andrea Didelot), deux questions en filigrane ont été soulevées Qu’est-ce qu’une modernisation de la mairie centrale signifie pour le service public et les mairies de quartier ? Et, est-ce une dépense sèche (8,6 millions d’euros, partagés entre Ville et Eurométropole) ou s’inscrit-elle vraiment dans une rénovation plus globale ? Car la suite du dossier attend aussi la future majorité.

Aperçu du futur intérieur du centre administratif modernisé (document EMS)

Le centre administratif est une « passoire énergétique », qui coûte 1 million d’euros annuels. Pas terrible comme exemple à l’heure où la collectivité clame la nécessaire adaptation au changement climatique et demande des efforts. Évoqué début 2016, un tel chantier a été repoussé au mandat suivant. Une rénovation en profondeur des 11 niveaux est estimée entre 30 et 50 millions d’euros. « Il y a urgence à rénover », estime pour sa part Éric Schultz (sans étiquette), adjoint au maire à l’accueil du public qui a conduit ce projet et juge les conditions actuelles « déplorables ».

Le nouveau parvis place de l’Étoile serait piétonnisé, les voitures ne passeraient plus entre l’entrée et le tram (l’étroite ligne gris clair sur ce visuel de l’EMS)

« Flou artistique » des Crit’Air, une fois encore

Autre serpent de mer abordé lors de ce conseil, la vignette Crit’air. Strasbourg comme les communes voisines veulent interdire les véhicules sans vignette en 2021 (tous les véhicules d’avant 1997), puis les vignettes 5 (les diesels construits entre 1997 et 2001) en 2022.

Pour la suite, les calendriers divergent. Strasbourg souhaite une interdiction de tous les diesels en 2025, là où l’Eurométropole parle seulement de 2030 comme date maximale.

Le débat à moins de six moins des élections est un peu surréaliste, puisque « les équipes en place auront la responsabilité de concrétiser les choses », rappelle Yves Bur. Chaque maire décide pour sa commune, même s’il semble incongru que des voitures soient autorisées dans les villages excentrés, mais pas à Strasbourg.

« Les maires ont des exigences »

Le maire de Lingolsheim rappelle la position générale des maires :

« À ma connaissance, il n’y a aucune concertation avec le département (qui va gérer les routes nationales avec la loi Alsace ndlr), les chambres consulaires, les transporteurs, les entreprises… Qui ne l’a pas fait ? Les élus Strasbourgeois ! Les maires s’interrogent et ont des exigences. Beaucoup d’efforts ont été fait pour les transports publics à Strasbourg, maintenant, ils doivent arriver pour la première ou deuxième couronne. L’enjeu de Crit’ait ce n’est pas juste remplacer sa voiture, mais opter pour des modes de transports plus doux. Les maires n’attendent pas forcément des lignes « en dur », mais aussi des services innovants. »

Yves Bur en conférence de presse préalable au conseil, le 25 septembre

Comme embryon de réponse, la CTS expérimente depuis la fin août un service de « Transport à la demande » (TAD) dans 4 communes de l’ouest (Entzheim, Hangenbieten, Holtzheim ou Kolbsheim), où il faut réserver à l’avance, jusqu’à 30 minutes avant le départ. Un dispositif qui sera élargi en 2020.

Pour expliquer que la divergence entre Strasbourg et les maires s’arrête à 2023, Yves Bur y voit aussi « des considérations électorales » :

« Les maires se demandent comment vendre une telle mesure ? Les voitures sans vignette ou Crit’air 5 concernent peu de monde, mais la 4 déjà plus. Personnellement, je suis pour marquer le coup avec une date butoir, même si je ne suis pas sûr qu’on y arrivera. Chaque maire sera ensuite libre de se caler ou non sur le calendrier strasbourgeois. Pour l’instant c’est le flou artistique. »

L’ordre du jour ne prévoit pas de point sur l’usine d’incinération, mais l’exposition de dysfonctionnements et la réaction de Robert Herrmann pourraient soulever un point d’actualité.


#Conseil de l'Eurométropole

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