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Robert Lohr attaqué après la vente de 105 wagons Modalohr à la SNCF

Le président du conseil de surveillance de Modalohr, Philippe Mangeard, va attaquer devant le tribunal de Strasbourg Robert Lohr, président de Lohr Industries et actionnaire majoritaire de Modalohr. Philippe Mangeard accuse Robert Lohr de l’avoir contourné sur la vente d’une centaine de wagons à la SNCF, il lui réclame 6 millions d’euros.

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Robert Lohr, P-DG de Lohr Industrie et son conseil, Me Philippe Gramling en 2012. (Photo David Rodrigues)

La presse régionale a abondamment célébré la semaine dernière la vente par Lohr Industrie de 105 wagons porteurs de camions à la filiale de transport routier de la SNCF, Géodis. Il faut dire que la dernière fois que le groupe d’Hangenbieten avait fait parler de lui, c’était en septembre 2012 à l’occasion d’un plan social qui se concrétisait par la suppression de 168 emplois. L’annonce avait été d’autant plus mal reçue que le groupe avait vendu trois mois plus tôt sa branche Translohr à Alstom, pour sortir d’une situation de cessation de paiement.

Bien qu’il soit président du conseil de surveillance de Modalohr, Philippe Mangeard n’a étonnamment pas sauté de joie à l’annonce de cette vente de 39 millions d’euros à la SNCF. Parce qu’il découvrait en même temps que Robert Lohr avait signé ce contrat directement avec Lohr Industrie, et non avec Modalohr, société dont Philippe Mangeard détient 15% du capital. Du coup, il peut s’asseoir sur les quelques 780 000€ de dividendes que cette vente aurait dû lui rapporter.

Cofondateur de Modalohr en 1999

Le coup est rude, pour celui qui a fondé Modalohr avec Robert Lohr en 1999. Du coup, Philippe Mangeard sort de la réserve habituellement pratiquée dans les affaires et explique :

« Ce contrat, c’est le résultat d’une négociation globale pendant plus de 10 ans auprès de la SNCF et de tous les acteurs du transport ferroviaire en France. C’est comme si on écartait le commercial juste au moment de signer, pour économiser sa commission. C’est une atteinte à mon honneur, d’autant plus injuste que c’est Modalohr, grâce aux efforts pour imposer les autoroutes ferroviaires en France, qui comble les déficits du groupe depuis des années, grâce à ses participations dans les sociétés exploitant les passerelles. »

Philippe Mangeard estime à 3M€ son préjudice total, en incluant les ventes à venir de 278 wagons pour l’autoroute ferroviaire atlantique, un contrat d’une centaine de millions d’euros. Il réclame aussi à Robert Lohr d’autres commissions sur des marchés passés, soit en tout 6 M€. Après l’échec d’une médiation, il prévoit de porter dans une dizaine de jours le différend devant la chambre commerciale du tribunal de grande instance de Strasbourg, pour abus de majorité, concurrence déloyale et détournement de clientèle.

Le wagon Modalohr en action (doc remis)

Robert Lohr : « il n’y a plus de contrat »

De son côté, Robert Lohr reste serein :

« Philippe Mangeard n’a aucune chance. C’est quelqu’un d’intelligent, un bon commercial et travailleur. Mais il est aussi égoïste et vaniteux. Les wagons Modalohr, c’est moi qui les ait créés en 1989. S’il a eu son rôle pendant quelques années, pour lequel il a été très bien rémunéré, M. Mangeard n’est plus actif dans Modalohr depuis cinq ans et le contrat faisant que Modalohr avait l’exclusivité des wagons produits par Lohr Industrie a pris fin en décembre 2011. Il n’y avait donc pas lieu d’inclure M. Mangeard dans ce contrat. Du reste, la vente auprès de la SNCF a été âprement négociée, il n’y a aucune marge disponible pour des intermédiaires. »

Philippe Mangeard (doc remis)

Philippe Mangeard confirme que le contrat d’exclusivité entre Modalohr et Lohr Industrie est échu, ce qui n’empêche en rien Modalohr de continuer à vendre des wagons :

« Cette vente concerne des wagons dont la marque est la propriété de Modalohr, au client historique de Modalohr. J’ai bien hâte qu’on m’explique pourquoi il était tout d’un coup urgent de changer de société, et pourquoi les comptes de la société ne sont toujours pas publiés depuis douze ans, si ce n’est pour satisfaire la cupidité sans limite de M. Lohr. »

Lohr Industrie emploie environ 700 personnes à Hangenbieten et surtout à Duppigheim, où sont fabriqués les fameux wagons. L’autre produit phare du groupe est le wagon porte-voitures, devenu très difficile à vendre en raison de la baisse du marché de l’automobile. Le groupe reste sous-traitant de NTL (new TransLohr), la société créée après la cession de cette branche à Alstom.


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