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Concert : The Ex, tourné vers l’avenir

The Ex, c’est un genre musical à lui tout seul. Inclassables depuis leurs débuts en 1979, les Néerlandais suivent une démarche résolument punk teintée d’un discours militant et avant tout libertaire. A (re)découvrir le 16 mars à la Laiterie.

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The Ex (DR)

En 33 ans de carrière, The Ex appartient déjà à l’Histoire. Mais cette histoire, la formation néerlandaise refuse de l’envisager figée et poussiéreuse. The Ex l’écrit encore et toujours, au gré de ses engagements, de ses projets, de l’évolution de son line-up. Et voilà d’ailleurs l’un des changements marquants : en 2009, Sok, chanteur et membre fondateur (avec Terrie, qui officie toujours à la guitare, Geurt et René, tous deux sous d’autres cieux depuis belle lurette), a abandonné le micro à une nouvelle voix, moins éraillée et plus mélodieuse, celle d’Arnold de Boer. Une mutation radicale pour le combo qui n’en oublie pas moins ses origines et continue de jouer avec ses tripes et son inventivité.

The Ex, en tout cas, tourne depuis un peu plus d’un an pour présenter son nouvel album Catch My Shoe (2010) et son nouveau guitariste-sampleur-chanteur avec, notamment, ce single aux grattes toujours bien lourdes, mariées à des cuivres rutilants qui tendent vers les contrées lointaines du free-jazz.

Maybe I was a Pilot (2010)

Car The Ex, c’est l’envie constante d’abolir les frontières, de s’affranchir des étiquettes pour aller où bon lui semble. Des sonorités mariachis au jazz à papa, du punk rêche et abrasif au post-rock obscur ou encore du son noisy à la musique africaine au sens large. Bref, une accumulation enrichissante d’expériences diverses pour nourrir son propre terreau. En plus de trois décennies de carrière, The Ex est allé à la rencontre des cultures et des musiques irakienne, kurde, latino-américaine, malienne, éthiopienne, et de certainement beaucoup d’autres encore.

Mais l’éthio-jazz occupe une place particulière dans le cheminement de The Ex. En 2002, les Néerlandais se rendent en Ethiopie pour une mini-tournée d’une vingtaine de jours. Ils y retournent en 2004 et, en 2006, enregistrent un disque, Moa Anbessa, avec Gétatchèw Mèkurya, compositeur de génie et légende vivante du saxophone dans ce pays de la Corne de l’Afrique. S’ensuivra une tournée inédite en Europe, filmée par Stéphane Jourdain (11 Ethio-punk songs).

 Extrait de la tournée européenne de The Ex & Gétatchèw Mèkurya

La batteuse Katherina Bornefeld, qui opère au sein de The Ex depuis 1984, rend elle aussi hommage à l’éthio-jazz et à Mahmoud Ahmed, dont un chant, Eoleyo, a été retrouvé par hasard sur une cassette à Addis Abeba il y a quelques années.

 Eoleyo (2010)

Eoleyo, un morceau à télécharger sur ce site.

La démarche de The Ex a inspiré nombre de groupes et d’artistes, dont Fugazi et Sonic Youth. On retrouve aussi de fortes similitudes avec le parcours de Damon Albarn (ex-Blur et Gorillaz) ou Jack White (Ex-White Stripes et Raconteurs) : des touche-à-tout de génie toujours en quête d’inspiration et d’influences et qui se remettent constamment en question afin de ne pas rouiller en se reposant sur des lauriers bien fragiles.

The Ex ajoute à cela un engagement politique qu’il a toujours assumé et clamé haut et fort, via le soutien à la guérilla au Salvador au début des années 80, aux mineurs britanniques en grève en 1984-85, via aussi le combat contre la montée de l’extrême-droite en Europe, etc.

Weapons for El Salvador (1981)

They Shall not Pass (1986)

Entre métissage et colère, la musique de The Ex reste politique et engagée. Et le restera quand on connaît la longévité du groupe qui a déjà assuré plus de 1.500 concerts et environ 25 albums en 33 ans de carrière.

Y aller

Le 16 mars à partir de 20h à la Laiterie à Strasbourg. Première partie : Api Uiz.

 


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