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Concert : Rockin’Squat, tireur d’élite et Assassin

Assassin, c’est une vieille histoire. Histoire d’amour, histoire de haine, histoire de passion enflammée. Et inflammable. Voilà 27 ans que cela dure, à géométrie et intensité variables. Assassin reprend la route, toujours avec Rockin’Squat, dans une configuration scénique élargie. Interview avec le leader du combo parisien.

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Rockin'Squat (Doc remis)

Rockin’Squat, c’est Mathias Cassel, fils de et frère de. On ne s’attardera pas sur les détails de cet arbre généalogique très cinématographique. Rockin’Squat, c’est surtout l’un des géniteurs d’Assassin en 1985, avec Solo, DJ Clyde et Doctor L. Dès le début de l’aventure, le message social et politique est fort et imprime cet esprit d’indépendance et de combativité qui perdure. Dans une France qui se voulait encore de gauche quatre ans après 1981 mais qui ne semble plus en avoir que l’étiquette et la couleur, dans une France qui sent doucement l’émergence des théories d’extrême-droite, Assassin s’installe et dénonce. Par esprit citoyen, par engagement, par nécessité de préserver la liberté et d’en gagner encore plus. Voilà ce qui meut Assassin et plus particulièrement Rockin’Squat.

Rue89 Strasbourg : Comment t’inscris-tu aujourd’hui dans la scène hip hop ?

Mathias Cassel : Je n’en ai pas une idée très précise, la seule chose que je sais, c’est la place que j’ai au sein de ma propre évolution artistique. Je suis de plus en plus épanoui dans ce que je fais. J’ai appris beaucoup de choses à travers ma carrière : étant en indépendant depuis 1992 (avec Assassin Productions et le label Livin’ Astro aujourd’hui, ndlr), cela m’a obligé à être bien plus qu’un artiste.

Es-tu honoré, avec le recul, de constater l’énorme influence qu’a pu avoir Assassin sur la scène et les productions rap en France ?

Rockin'Squat (Doc remis)

J’ai toujours fait les choses comme je les sentais sans me soucier d’inspirer ou non les gens. Je me suis plutôt toujours concentré sur le fait de bien faire le travail dans lequel j’étais impliqué avec de la rigueur, de l’application, de la passion tout en gardant cette touche magique qui ne s’explique pas. Si ma « Formule Secrète » en a inspiré plus d’un j’en suis très content car il y a beaucoup de travail derrière.

As-tu le sentiment, avec d’autres groupes de rap des années 80 – 90 d’avoir ouvert la voie à un certain genre musical, à un certain type d’écriture ?

Oui, mais nous ne sommes que les enfants de ce qui se faisait déjà aux Etats-Unis, en Afrique et en Amérique latine. Le rap vient de très loin, nous sommes des conteurs d’histoires au même titre que les griots mandingues, les troubadours ou les repentistes brésiliens. La parole est sacrée depuis l’aube de l’Humanité, certains rappeurs comme moi l’ont compris, d’autres ont préférés mettre leur art au service de l’industrie et des dominants.

Comment vois-tu la place du rap dans la critique sociale aujourd’hui ?

C’est un courant contestataire, mais je ne pense pas que le rap soit le seul courant contestataire ou culturel où l’on retrouve une opposition à l’ordre établi. Le reggae est toujours là, le hardcore aussi. Beaucoup d’artistes africains, sud-américains qui font un autre son que le hip hop sont bien plus engagés que 90% des rappeurs signés chez les majors. Le rap « mainstream » d’ailleurs ne critique rien ! Par contre, le rap à l’échelle internationale est toujours l’une des musiques les plus engagées que l’on puisse trouver.

Comment te sens-tu acteur de la société actuelle ?

Je me sens acteur de la société surtout en tant qu’être humain. Je pense que notre destinée nous appartient et que l’immobilisme face à la mondialisation est une grave erreur en tant que citoyen. Ensuite, bien sûr qu’en tant qu’artiste j’ai choisi d’être actif, dans le sens du partage des connaissances, en ayant une vision universelle au service de la majorité silencieuse qui subit l’oppression des puissants. Je suis conscient que mon œuvre est une poutre pour nous aider à nous relever quand on n’a plus la force. Comme d’autres artistes, d’ailleurs, ont pu l’être et le faire pour moi.

Quel est le texte que tu as écrit et qui, selon toi, est aujourd’hui le plus en phase, en résonance avec ce que l’on vit ?

Rockin'Squat et Cheick Tidiane Seck (Doc remis)

Beaucoup, tout dépend de quel sujet on parle ! « La Lutte du Siècle » est je pense d’une importance primordiale de par le sujet qu’il développe en ce début de XXIè siècle. « Eternel Apprenti » est un point central dans ma carrière d’artiste pour la stabilité qu’il représente. Je pense ensuite que chacun de mes textes est là pour quelque chose de bien particulier : de « Libre » à « Le Temps et l’instant », de « Amaru Ka » à « France à fric », du « Pouvoir secret » à « Sérieux dans nos affaires », de « Shoota Babylone » à « Aimer sans posséder », etc.

Dans la tournée actuelle, « La Tournée 2012 », qu’apportent des artistes comme Cheick Tidiane Seck ou Marque Gilmore ?

Cheick Tidiane Seck, je collabore avec lui depuis « France à fric », il a joué sur des titres comme « Ba mana », « Black Rio », « Ce n’est que le début » et bien d’autres… J’ai toujours été très ouvert dans mes compositions, j’ai toujours collaboré avec des personnes de tous horizons. Le fait de m’associer avec des musiciens aussi talentueux sur cette tournée m’apporte une liberté d’arrangement et une fluidité musicale sans limite. C’est une vraie bénédiction pour ma musique et une marque de respect pour mon travail et je leur en suis énormément reconnaissant. Cette fois-ci, c’est donc encore une autre aventure, avec d’autres guerriers de lumière. Et ce n’est que le début d’une nouvelle ère de création pour moi. Tout ce que j’ai fait auparavant, c’était de la formation pour enfin commencer à m’épanouir dans ma musique.

 

Y aller

Rockin’Squat en concert le jeudi 25 octobre à 20h à la Laiterie, 13 rue du Hohwald à Strasbourg.


#concerts

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