Concert : Les franches cachotteries de Secretive

De la sensibilité, de la douceur et surtout des tripes. Au-delà de toute étiquette qui s’avérera forcément réductrice et incomplète. En douze titres, comme un symbole mystique ineffable, Secretive propose de faire la route ensemble, sans détour ni faux semblant, en empruntant un chemin aérien propice à la rêverie et la méditation.

Avec sa pop mélancolique et planante, Secretive nous souffle une maxime de vie : ne pas s’en faire, jamais, et se laisser porter par ses émotions et son ressenti, à tout moment. Même en pleine confusion de sentiments, d’idées, de constructions intellectuelles. C’est ainsi que l’on s’accomplit, que l’on se confronte à soi pour mieux s’ouvrir aux autres et baigner au final dans un océan de plénitude en évitant la noyade.

A l’image, peut-être, de cette femme à la chevelure de jais dont l’image – signée Ayline Olukman – s’imprime sur la pochette de l’album. Cette baigneuse vient-elle juste de partir, aimantée par des fonds qui lui seront dorénavant moins agités ? Ou bien rejoint-elle le temps d’une brève apnée un univers apaisant et rassérénant ? Se dégage en tout cas de cette illustration une forte impression de sérénité (re)trouvée.

En attestent les douze chansons de ce nouveau disque (à écouter ici) qui marque aussi la nouvelle architecture de Secretive, autour de l’inspirateur et cheville ouvrière Antoine Villard, rejoint au chant par Chloé Devouge et porté par Adam Lanfrey à la guitare, Bruno Derpmann à la basse, Rémy Joans aux claviers et William Lamy à la batterie. En somme, un cru 2012 millésimé et harmonieux, toujours fortement empreint de cette délicatesse pop que l’on connaissait déjà via les deux EP précédents – Blow et Comets –, efficace en version acoustique mais agrémenté désormais d’une patte électrique qui démontre que Secretive sait aussi hausser le ton et assurément s’énerver. Pour preuve, cet extrait d’un concert à la Laiterie le 15 novembre 2011, Secretive joue alors en première partie des Américains de The Pretty Reckless, et met l’ambiance avec Canada, une reprise du groupe Low :

Ces aspirations rock se retrouvent ainsi sur des morceaux du dernier album de Secretive tels l’entêtant One of these moods, le tripal The unwanted Army (à l’épilogue presque industriel) ou encore l’addictif Dream Away, certes déjà présent sur Blow en 2010 mais qui laissait entrevoir cette voie (voix) plus dynamique. Bref, de belles promesses en studio qui seront transformées et concrétisées sur scène puisque Secretive jouit d’une expérience live avérée : les Artefacts en 2010, le festival Décibulles et la Foire aux Vins de Colmar la même année, et un hiver 2011-2012 à l’agenda bien rempli :

Plusieurs dates sont déjà prévues jusqu’à l’été prochain dont une au Bus Palladium parisien le 21 avril et une mini-tournée américaine du 27 avril au 6 mai dans le cadre du festival Strasbourg-Chicago, en compagnie de deux autres formations, Away From Luka et Original Folks.

Mais avant cela, rendez-vous demain soir pour la présentation du nouveau clip de Secretive, Who’s on the Radio, sur la base d’un morceau électro-pop que l’on trouve sur l’EP Comets publié en octobre 2011. Le groupe en profitera pour convier sur scène quelques invités, notamment SF & The Ladyboys et Hermetic Delight.