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Concert : Les cauchemars de KVB embrasent Stimultania

Amateurs de synthés, de réverb et de darkwave en clair-obscur, lâchez tout et courez à la galerie Stimultania pour un apéro-concert qui donnera assurément envie de lever le coude pour poursuivre la soirée, requinqué. C’est samedi, c’est anglais, c’est peu cher et ça s’appelle The KVB.

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The KVB (photo Emilia Panagiotou)

Son patronyme évoque les contrées d’outre-Rhin. Mais à l’écoute de Klaus Von Barrel, alias KVB, on identifie immédiatement une filiation mancunienne chez ce natif de Southampton qui aurait pourtant aussi pu vouer un culte exclusif à d’autres gamins du port de la Manche, tels Brian May ou Dave Pen (du groupe Archive). Il en fut autrement. Et sans l’ombre d’un doute, KVB ressuscite Ian Curtis et, par là même, le porte-étendard mythique et légendaire de la new wave que fut Joy Division.

Tout en tension, introspection et expérimentation, le son de KVB rappelle évidemment toute une frange lo-fi, dans une déclinaison pop-noisy qui se regarde les pieds, dans un pur style shoegaze abyssal. C’est vaporeux, ça enveloppe et ça porte vers des contrées qui rappellent toutes quelque chose… Mais quoi ? Jesus & Mary Chain ? My Bloody Valentine ? Pavement ? Suicide ? Rien de très précis ni très identifié, mais aussi toutes ces influences mariées entre elles pour obtenir de belles comptines frémissantes, voire ténébreuses.

KVB est un artiste prolifique, et par moments extrémiste dans sa manière de conduire à fond ses projets, de les pousser dans leurs plus inquiétants retranchements soniques. Auteur de trois essais furieusement ombrageux – Into The Night, Subjection/Subordination et, le dernier en date, Always Then –, KVB slalome malicieusement entre les spectres cauchemardesques tout droit issus d’un profond coma lynchien pour convoquer, au final, les gentils fantômes du post-punk de Manchester. Voilà, entre autres, le résultat :

Un sentiment mitigé de claustrophobie et d’évasion vers des terres qui autorisent tous les possibles.

Aucun doute, KVB est un héritier talentueux de la coldwave d’outre-Manche. Toute en amertume et en électricité, très arty, quasi-intégralement monochrome tout comme sa voix s’avère monocorde et captivante, la musique de KVB transporte au-delà de l’hommage bruitiste à ses maîtres. Nous voilà introduits avec force dans un univers moribond où le poète distille son spleen addictif dans un marasme d’explosions électriques, de déflagrations corrosives, crépitantes, étincelantes.

L’issue ne fait aucun doute : la mort. Oui, mais une belle mort, pleine de panache et de relief. Sans se presser.

Avant cette petite mort inéluctable, inévitable, le chemin serpente dans un inquiétant tumulte généralisé. Une voix lointaine appelle. On feint la surdité. Le volume augmente. L’adresse se fait plus insistante. Trop tard. Nous voilà happés. Impossible retour.

Et on progresse, fiévreux, baigné dans une nébuleuse de prime abord effrayante mais qui, de toute façon, deviendra notre univers de référence, sur fond de distorsions épileptiques et de boîtes à rythmes abrasives.

Le monde de Klaus Von Barrel est ainsi fait. Mais les cauchemars hypnotiques qu’il façonne ne sont-ils pas simplement autant de portes ouvertes sur un monde inévitablement moins sombre et noirâtre, baigné dans un espoir qui rend possibles nombres de promesses ? Le début de l’aventure, en tout cas, s’expérimente en live.

Y aller

Klaus Von Barrel, alias The KVB, en concert le samedi 16 février à 18h, à la galerie Stimultania, 33 rue Kageneck. Entrée : 3 euros.


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