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Concert : le jazz enivrant de Gregory Porter

Il n’a que deux albums à son actif mais revêt déjà des habits de lumière et de légende. L’Américain Gregory Porter occupe une place de choix dans la catégorie des chanteurs de jazz masculins. Son timbre exceptionnel et chaleureux investira lundi soir l’écrin du Cheval Blanc de Schiltigheim.

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Gregory Porter (Doc. remis)

Une barbe hirsute et une stature impressionnante de colosse à faire pâlir d’envie tous les rugbymen en herbe ou les adeptes de culturisme. Voici le puissant Gregory Porter qui, ainsi décrit, ne semble rien avoir d’un dandy jazz sensible. L’ogre californien se destinait à une carrière sportive dans le foot américain mais une blessure à l’épaule l’empêche de concrétiser ce rêve. Gregory Porter décide alors de se produire dans les clubs de jazz locaux afin de réveiller son autre passion : le chant. Dès lors, il rencontre le saxophoniste, pianiste et compositeur Kamau Kenyatta, qui devient son mentor et joue un rôle essentiel dans sa carrière et son développement professionnel. De rencontre en rencontre, Porter décroche l’un des premiers rôles d’une nouvelle comédie musicale retraçant l’histoire du blues : It ain’t Nothin’ but the Blues. Succès populaire, succès commercial, succès artistique : en 2000, après 284 représentations du musical, par ailleurs nommé quatre fois aux Tony Awards pour la Meilleure comédie musicale de l’année, Porter est sous les feux de la rampe. L’artiste qui monte. Et qui apprend, progressivement, à doser ouragans et douces brises lorsqu’il libère le souffle de son coffre.

Fils d’une femme pasteur et sans père…

Il sait avancer sur la pointe des pieds et déjouer par petites touches la métrique trop prévisible d’une mélodie. Il revendique l’héritage de Joe Williams, Jimmy Witherspoon, Sam Cooke et Marvin Gaye. Mâtiné de soul, le jazz de Gregory Porter prend sa source à Bakersfield, sur la côte ouest américaine. Fils d’une femme pasteur et sans père, le jeune Gregory trouve son inspiration dans le gospel de son enfance mais il s’éveille aussi aux grands noms du jazz, Nat King Cole en tête. Il restitue ainsi les thèmes de ses idoles et aînés par une voix expressive qui évoque autant les crooners que les grands interprètes de la soul, Marvin Gaye ou Donny Hathaway. Toujours entouré de son excellent quatuor de musiciens, Gregory Porter se fait caméléon, capable d’émouvoir dans une multitude de registres, chantant ses propres compositions, entre superbes ballades romantiques (Painted On Canvas, Real Good Hands) jusqu’à un jazz plus énergique façon big-band (Work Song, On My Way To Harlem), voire des titres plus soul (The Way You Want To Live). Il s’offre même le luxe d’une épatante reprise a capella du classique de Billie Holiday God Bless The Child. Et, surtout, ce qui lui tient le plus à cœur, c’est l’histoire de ses racines, l’histoire afro-américaine à laquelle il rend merveilleusement hommage dans le vibrant et brûlant 1960, What ?, issu de son premier album Water, paru en 2010 et immédiatement nommé aux Grammy Awards dans la catégorie « Meilleur album de jazz vocal ».

Le baryton rageur, rassembleur de territoires vocaux à la jonction entre jazz et soul qui fit la part belle de l’âge d’or des seventies, fait alors des vagues jusque sur les dancefloors américains, britanniques et français grâce à des remixes de ce très politique 1960, What ?. L’Académie du jazz, en France, lui décerne également son prix en 2011. L’an dernier, Gregory Porter a publié son second album, Be Good, toujours aussi frappant et enivrant, entre ballades romantiques et mélodies plus impétueuses, porté par ce somptueux titre éponyme :

 

Y aller

Gregory Porter quartet (avec Yosuke Sato au saxophone, Chip Crawford au piano, Jahmal Nichols à la contrebasse et Emmanuel Harold à la batterie), en concert, lundi 28 janvier, à 20h30, au Cheval Blanc, 25 rue Principale à Schiltigheim.


#cheval blanc

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