Une bombe atomique à la puissance infinie ! Voilà la description d’un groupe qui résiste au temps qui passe car c’est justement lui qui dicte le tempo. FFF, c’est ça. Du funk, du rock, des guitares en furie et en fusion, des cuivres éblouissants. Bien au-delà des générations, la Fédération Française de Funk reste toujours aussi énergique et chaleureuse, comme au temps béni et déjanté des Transmusicales de Rennes en 1990, année de la découverte de ce groupe hors du commun. Comme en 1991 quand explose Blast Culture, premier album de FFF, avec ce son new-yorkais qui groove. Comme en 1997 lorsque FFF enregistre Vivants, un live unique capté aux Eurockéennes de Belfort et qui fait encore référence aujourd’hui.
Le groupe avait décidé d’arrêter en 2001, après le relatif échec de Vierge, disque publié un an auparavant. Mais entretemps, FFF s’était retrouvé en 2007 à Solidays puis le 15 octobre 2013 pour un concert au profit du Secours Populaire, au Bus Palladium à Paris. Le reste, c’est le charismatique Marco Prince qui nous le raconte, ex-leader de cette fédération française sportivement funk.
Rue89 Strasbourg : Quel a été le facteur déclencheur pour rejouer ensemble ?
Marco Prince : « Cela faisait pas mal de temps que des gens nous le demandaient, ça traînait dans nos têtes, mais c’était compliqué en termes d’agenda. Et puis on a reçu une demande pour le Secours populaire le 15 octobre 2013 au Bus Palladium. Tout a été très spontané, c’est revenu en force de manière très agréable, on s’est retrouvé devant un public dont la majeure partie n’avait jamais entendu parler de FFF, et on a mis tout le monde dans une transe assez extraordinaire. Au départ, on voyait ça pour s’amuser un petit peu et vu qu’on est des musiciens prolixes, on a ensuite décidé de composer de nouveaux morceaux. Aujourd’hui, on bosse sur d’autres titres car ça nous permet d’allier différentes propositions artistiques : créer, innover musicalement et aussi s’investir à fond sur scène. C’est super important ! »
Vous avez déjà fait quelques dates en mars. Quelle sera la suite du programme ? Des festivals d’été ? Un nouveau départ plus long ?
« On se laisse surtout porter par le bonheur de se retrouver tous ensemble avec Yarol (Poupaud), Niktus (Nicolas Baby) et Krichou (Montieux). Pour le reste, c’est vraiment le kif d’être tous les quatre sur scène. »
Les origines de FFF, c’est avant tout le funk, c’est George Clinton. Quel rôle a-t-il joué pour vous ?
« George Clinton, c’est une montagne très grande, tellement énorme qu’on ne pensait jamais la rencontrer. Mais c’est ce qui nous plaisait, ce côté mythique car Clinton, son génie, c’est sa propension à lire le psychédélisme et le funk. Du coup, son influence a été assez totale : avec lui, le show commence dans les loges, il y a une volonté de nous amener quelque part, la possibilité de travailler dans une masse de sons, de plonger au milieu des gens, de pousser des hurlements. Bref, de se lâcher à 200%. »
De manière plus générale, qui cette grande famille du funk regroupe-t-elle d’après vous ?
« Sly & Robbie, Funkadelic, les Red Hot , Fishbone, Trombone Shorty, Pharrell Williams car tout ce qu’il touche est bon, savoureux et excitant et même Arcade Fire car il y a chez eux une espèce de recherche ultra-poussée, arty, une espèce d’art absolu, de foi, ainsi qu’une velléité de mélanger tous les arts. »
Depuis la fin de FFF en 2001, vous avez été très actif (des BO de films et de série, acteur, compositeur de la musique de l’ouverture de la coupe du monde de rugby en France en 2007 et des Jeux asiatiques, juré de La Nouvelle Star) : quel bilan tirez-vous de tout cela ?
« Dans l’expression du groupe, à un moment, on a eu l’impression d’avoir dit tout ce qu’on avait à dire. Quand on sortait un album, on partait ensuite un an et demi en tournée. On passait plus de temps en avion et en voyage qu’en studio. On a tous eu le sentiment d’avoir fait le tour et surtout d’avoir besoin d’autre chose. Ça m’a permis de regarder à droite et à gauche et de commencer des recherches dans la musique, dans le cinéma, la comédie. Je suis persuadé qu’une occupation enrichit toutes les autres : par exemple, pour La Nouvelle Star, c’était enrichissant pour moi de voir ce qu’était une émission de télé. Et en plus, j’ai découvert des gens adorables, Lio, Philippe Manœuvre.
C’était une émission où il était énormément question de musique et j’ai vraiment découvert quelque chose de plus musical et plus humain que ce que j’imaginais. Et puis, autre expérience, la Coupe du monde de rugby : là, c’était du délire, c’était génial car tu composes pour énormément de musiciens. Et aujourd’hui, on se retrouve avec FFF et on a encore beaucoup de choses à faire et à écrire ensemble. Et on est vraiment pressés de mettre le feu à la Laiterie le 20 mars. »
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