Piers Faccini, Anglais d’origine italienne vivant en France, est de ces artistes qu’on n’oublie pas une fois croisés. Peintre, photographe, plasticien, musicien, il est de ceux dont le seul but semble de faire tomber les murs et les frontières, qu’elles soient d’ailleurs artistiques ou géographiques. Chacun de ses concerts est un double voyage avec ses rythmes lents.
Un voyage extérieur d’abord, car au gré des instruments à corde utilisés ou des langues chantées, ou même des duos invités, on ne cesse de découvrir de nouveaux pays par de nouveaux sons. Son dernier album I Dreamed An Island nous fait découvrir la Sicile comme véritable carrefour des cultures. Italie, Grèce et Maghreb résonnent dans les guitares, les mandoles, les guembris de sortie au grès des dates.
Renouer avec ses racines
Mais avec Piers Faccini, le voyage, quel que soit le concert, est aussi intérieur. Délicatement, subtilement, il invite chacun à se rappeler les chemins parcourus, les « voies du passé » qui sont des routes à garder pour ne pas perdre le chemin. La tolérance pointe, le devoir de mémoire aussi, et le retour aux racines, à la terre, au sol. Ancrée profondément dans l’essentiel, la musique de Piers Faccini respire et sent la vie.
Samedi au Cheval Blanc, il ne sera pas seul mais partagera la scène avec Gregory Dargent. Lui aussi est un artiste de la même trempe. Compositeur, arrangeur, photographe… Son dernier album H est en réalité un projet multimédia qui laisse percevoir la complexité et l’engagement de cet artiste. Exploration d’une zone toute particulière du Sahara algérien, celle où ont eu lieu de nombreux essais nucléaires français dans les années 60, le projet est à la croisée de la musique, de la poésie et de la photographie.
Jeux d’oud et de lumières
Gregory Dargent lui aussi aspire aux voyages, aux questionnements, à la rencontre d’un monde qu’on ne connaît pas suffisamment. S’il a été un temps un collaborateur de Babx ou de Camelia Jordana, il s’entoure de percussionnistes et violoncellistes pour explorer davantage les territoires méditerranéens, les peuples nomades, les lumières diaphanes ou aveuglantes. Tout cela, il le fait avec son instrument de prédilection, l’oud, avec lequel il n’hésite pas à explorer des mélanges inédits de styles.
La rencontre sur la scène du Cheval Blanc de ces deux artistes, qui ont déjà collaboré sur scène ou sur quelques titres, est donc une invitation au voyage que nul ne devrait refuser. À condition bien sûr d’être prêt à être surpris.
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