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Comment rester ? Réunion décisive au squat Gruber lundi soir

Une réunion de présentation d’un projet pour le squat Gruber est prévue lundi soir. L’objectif est d’opposer à la Ville de Strasbourg, propriétaire du bâtiment à Koenigshoffen, une utilisation rationnelle et sécurisée des locaux. Mais cet effort de pérennisation a fait apparaître des tensions avec une partie des bénévoles et militants, attachés à l’autogestion.

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Comment pérenniser le squat Gruber, aussi appelé « Hôtel de la rue »? Pour y répondre, une réunion de « présentation du projet » doit se tenir ce lundi 5 août à 18h. Bénévoles, militants et résidents devront débattre de la destination de ce bâtiment de Koenigshoffen, propriété de la Ville de Strasbourg depuis 2018, inoccupé depuis plusieurs années.

Deux visions du projet s’affrontent : d’un côté, l’idée d’un lieu “autogéré par ses habitants” comme la Maison du peuple à Nantes, et de l’autre, un modèle inspiré des Grands Voisins à Paris, qui abrite des bureaux d’associations, artistes, artisans, en plus d’un centre d’hébergement et d’un accueil de jour pour les demandeurs d’asile. 

Squat autogéré ou centre d’hébergement sous convention avec la Ville de Strasbourg ? Les bénévoles et habitants de l’hôtel de la rue Gruber décident lundi soir. (Photo Emeline Burckel / Rue89 Strasbourg / cc)

Un projet gardé secret

La réunion de lundi soir doit permettre de dévoiler aux bénévoles et aux occupants un projet d’utilisation des locaux et une convention d’occupation avec la Ville de Strasbourg. Un comité de pilotage de trois personnes a rédigé ces textes durant le week-end. 

Le projet prévoit d’aménager 4 appartements partagés, de 6 à 8 chambres chacun et de dédier une partie de l’espace disponible au rez-de-chaussée à des bureaux pour des “associations partenaires”. Un café avec une petite restauration serait également installé au rez-de-chaussée, avec une terrasse, pour construire un lien avec le quartier et accueillir les habitants de Koenigshoffen. 

Objectif : éviter l’expulsion

Selon plusieurs rédacteurs de ce texte, “l’objectif est d’éviter une expulsion car une plainte pour occupation illicite a été déposée par la Ville de Strasbourg. Nous voulons qu’ils la retirent, en se basant sur la démonstration de notre capacité à gérer ce lieu dans de bonnes conditions d’accueil et de sécurité.”

Un autre confirme : « C’est vrai qu’il y a beaucoup de bénévoles, mais on sait bien que les bonnes volontés s’essoufflent avec le temps. Il faut pouvoir construire des plannings, assurer la sécurité, etc. » Le modèle est donc celui de la Maison Mimir à la Krutenau, dont l’histoire a démarré avec un squat en 2008, avant que les occupants ne trouvent un accord avec la Ville de Strasbourg et signent une convention d’occupation. 

Des discussions avec la Ville

Adjointe au maire en charge des solidarités, Marie-Dominique Dreyssé (EELV) confirme que des discussions sont en cours : 

« Nous n’attendons pas de projet de la part des occupants du bâtiment. Mais nous leur avons expliqué que nous prenions acte de l’occupation, qu’une plainte avait été déposée et que lorsque nous serons devant le tribunal pour décider de leur expulsion, ils auront intérêt à avoir un projet cohérent et solide… Lorsque Mimir s’est constitué, les allers-retours ont été constants jusqu’à ce que nous soyons satisfaits et rassurés quant à la destination des lieux. Là, on n’a même pas encore d’interlocuteur… »

Une opacité néfaste

Et pour cause, une partie des bénévoles a appris l’existence de ce projet après sa rédaction… D’autres ont depuis plusieurs jours quitté la gestion du lieu, en dénonçant des méthodes autoritaires et des intérêts masqués. Il est question d’un don important en provenance d’un mécène strasbourgeois… Selon l’intéressé, aucun don n’a été réalisé, d’autant que l’association La Roue Tourne n’a pas encore de compte en banque. Ses statuts sont en cours de rédaction.

Plusieurs bénévoles dénoncent un projet « rédigé en catimini ». Lors de la première semaine d’occupation, volontaires et résidents ont tenu une assemblée générale. Peu après, une réunion a eu lieu pour rédiger une convention d’occupation. Plusieurs militants sur place regrettent de ne jamais pu avoir participer à ces discussions. “Ça nous donnait l’impression que les AG permettait d’avoir une démocratie de façade”, souffle l’un d’eux. 

Plusieurs bénévoles ont décrit une gestion opaque du lieu, où les rédacteurs de la convention d’occupation ne sont pas des volontaires connus des bénévoles sur le terrain. Avant la réunion de présentation du projet, ils sont nombreux à s’inquiéter du contenu de ce document. 

Des militants évincés

Selon nos informations, le président de l’association La Roue Tourne a aussi interdit la venue de trois militants strasbourgeois, venant des associations D’ailleurs Nous Sommes d’Ici et La Cariole. Pour une bénévole, l’opacité qui entoure la structuration du lieu est néfaste : 

« Moi même je suis très méfiante désormais… On s’aperçoit qu’il y a soudainement plusieurs personnes qui travaillent dans l’immobilier qui s’intéressent à ce bâtiment, à la valeur patrimoniale incontestable. Donc s’il y a un mécène dans cette histoire, qui est-il et quel est son intérêt ? »

Difficile de se montrer critique face au « président » de l’association La Roue Tourne. Edson rappelle constamment aux bénévoles son passé de SDF. “C’est la politique du premier concerné, décrit un militant strasbourgeois, ça permet de couper court à tout débat avec un argument d’autorité.” Un autre volontaire décrit aussi l’impulsivité d’Edson : « Il a pu menacer de tout casser dans l’hôtel parce que quelque chose ne lui convenait pas… »

« La Roue Tourne contrôlera le projet »

Le « président » de La Roue Tourne rejette les critiques qui lui sont adressées. Pour Edson, plusieurs bénévoles se sont « dégonflés » au moment de l’ouverture du squat : « Ce sont les egos qui s’expriment maintenant », conclut-il. 

Pour la réunion d’information, l’ancien SDF se montre un peu plus flexible sur le contenu de la convention. Mais il tient à rappeler : 

« Cette convention, c’est une idée de La Roue Tourne. Le but, c’est de déposer un projet fin août, début septembre. Il peut y avoir des modifications mais sur le principe général du bâtiment, c’est nous qui avons ouvert, c’est La Roue Tourne qui contrôlera le projet. »

Confronté aux craintes des bénévoles vis-à-vis de l’influence d’un investisseur, ou de la mairie, Edson rejette encore en bloc les accusations : 

« Ils ont peur qu’on soit corrompu par la Ville mais c’est mon projet. Personne n’a d’influence sur mon projet. Si on est aussi catégorique avec les militants, on le sera aussi avec la mairie. J’assume ce projet tout seul. C’est moi qui ai donné toutes les idées, issues de mon expérience de huit ans à la rue. »


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