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Comment le rallye est devenu éco-responsable malgré lui

Parlement européen, lundi matin. Les organisateurs du Rallye de France ont présenté devant 250 personnes la 4ème édition de la manifestation sportive qui se tiendra les 3, 4, 5 et 6 octobre 2013 en Alsace. Sécurité du public, retombées économiques et médiatiques ont été de tous les discours, alors que « l’exemplarité environnementale » n’a été qu’effleurée. Pourtant, la manche française du WRC serait l’unique du genre dont les émissions de carbone sont presque entièrement compensées.

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La sécurité, priorité n°1 des organisateurs, devant l’ « eco-responsabilité » (Document remis)

La liste des actions « éco-responsables au quotidien » listées par la Fédération française du sport automobile (FFSA) dans son dossier de presse compte une dizaine de points. Parmi eux, « la mise en place de bacs pour les huiles usagées et liquides spéciaux sur le parc d’assistance du Zénith », « le marquage au sol en peinture éco-labellisée non-dégradante pour l’environnement », la mise à disposition de 10 000 gobelets consignés » ou « le renforcement de l’encadrement des zones environnementales sensibles ».

120 000€ pour financer 4 actions

En parallèle de cette liste, la FFSA met en avant un diagnostic carbone, effectué chaque année depuis la première édition en 2010, qui mesure les émissions de CO2 du Rallye. Réalisé par un cabinet privé (Verteego) au frais de la fédération, ce diagnostic a évalué à 3 500 tonnes équivalent CO2 les émissions du Rallye 2012, soit « l’émission annuelle de 200 foyers français ». En « compensation carbone » pour les quatre éditions 2010, 11, 12 et 13, la FFSA a octroyé 120 000€ de budget aux collectivités pour des actions locales en direction de la forêt, de la biodiversité et de la nature en ville. Une somme à mettre en regard des 1,5 million d’euros versés par les mêmes collectivités à la FFSA pour l’organisation du Rallye (lire notre article sur la subvention de la CUS et de la ville de Strasbourg aux deux prochaines éditions de l’événement).

Parcours des spéciales du WRC 2013 (Document remis)

Ont été retenus par la FFSA dans le cadre de cette « compensation » :

  • la création d’un îlot de sénescence de 32 hectares sur 30 ans, dans la forêt de Lauw, propriété du conseil général du Haut-Rhin,
  • un report de coupe de 500 mètres cubes de bois sur 10 ans dans la forêt de l’Oedenwald, propriété de la ville de Strasbourg,
  • le prolongement du parc paysager sur 1500 mètres carrés à proximité de la gare de Mulhouse,
  • la mise en place d’un corridor écologique d’un hectare sur le site de l’aérodrome de Haguenau.

Un « groupe de travail carbone » initié par la CUS

Alors qu’il n’a jamais été question de compensation carbone quand le Rallye se déroulait en Corse, qu’est-ce qui a poussé la FFSA a se montré si arrangeante, à défaut d’être vraiment généreuse ? La communauté urbaine de Strasbourg pardi, assure-t-on… à la CUS. Ce serait à la demande de cette collectivité que s’est réuni à plusieurs reprises un « groupe de travail carbone », suite au premier bilan des émissions de CO2 du Rallye réalisé en 2010.

Au départ, il ne s’agissait que d’éviter ou de réduire les impacts environnementaux de la compétition sportive, pas de les compenser. Et puis les collectivités participantes, conseils généraux, villes de Strasbourg, Haguenau et Mulhouse, etc., ont souhaité que la FFSA rembourse ses émissions sous forme de financement d’actions précises, qui peuvent être évaluées, et locales, plus visibles et contrôlables que des actions menées à l’autre bout du monde. Un acteur du dossier raconte :

« A la première réunion, Dominique Serieys*, directeur du Rallye, et l’une de ses collaboratrices sont arrivés le couteau entre les dents. On leur a dit que maintenant qu’on avait un bilan carbone, il fallait faire quelque chose avec. On leur a expliqué que les collectivités sont confrontées aujourd’hui à un modèle de développement dans lequel les acteurs privés ne veulent que les profits et pas les coûts des dégâts qu’ils occasionnent. Or le public n’a plus les moyens de payer pour réparer ces dégâts… On a réussi à se mettre d’accord pour arriver à une neutralité carbone. »

Neutre, pas tout à fait quand même

Neutralité parfaite, pas tout à fait quand même. Au prix de la tonne de CO2 (14€ au moment des négociations), la FFSA aurait dû verser environ 150 000€ pour compenser les 4 éditions en s’alignant sur le bilan carbone de 2010. Ses dirigeants ont néanmoins négocié une enveloppe globale à la baisse – 120 000€ – arguant qu’en faisant des efforts pour réduire les émissions, le bilan carbone des éditions suivantes baisserait assurément. Or cela n’a pas été le cas, le bilan allant en s’affinant et les émissions comptabilisées augmentant d’année en année. Pour que la totalité des 4 éditions soit « compensée », il faudrait, admet-on, qu’aucun spectateur ou presque ne se déplace cet automne…

Qu’importe, dès le printemps 2011, le principe de la compensation est acté. En 2012, une « charte commune » est signée, entérinant le choix des quatre actions financées. Le Rallye peut ainsi aujourd’hui se prévaloir « [d’]atteindre l’éco-exemplarité », Strasbourg et les autres collectivités partenaires d’éco-conditionner leurs aides publiques.

« Eviter que le Rallye ne soit décrié »

Outre Roland Ries, maire PS de la capitale alsacienne, seul Philippe Richert, président UMP de la Région Alsace, a évoqué cette question au Parlement européen hier. Alors que l’édile strasbourgeois a parlé d’une « exemplarité environnementale inscrite dans le code génétique » du Rallye, le président de la Région a lui évoqué une « démarche écologique pour éviter que ce Rallye ne soit décrié ». Les cinq autres élus intervenus à la tribune n’ont pas dit un mot à ce propos.

* Que nous ne sommes pas parvenu à joindre lundi.

Le tracé des spéciales en vidéo


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