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À la faculté de médecine, un colloque controversé sur la transidentité vendredi 4 et samedi 5 octobre

Vendredi 4 et samedi 5 octobre, la société savante « Trans Santé France » organise son congrès annuel à la faculté de médecine de Strasbourg. Mais dix associations ont annoncé une action contre cet évènement, qu’elles jugent « transphobe ».

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A Strasbourg, la marche des visibilités est un des rares moments festifs et public pur la communauté LGBT

Pendant deux jours à la faculté de médecine de Strasbourg, la société savante Trans Santé France (TSF) organise son quatrième congrès annuel sur la transidentité. Accessible pour toutes et tous sur inscription (payante), l’évènement se concentre sur les parcours de transition ou l’accompagnement par le système de santé des mineurs trans et de leurs parents.

Membre strasbourgeois de TSF et anthropologue, Thierry Goguel d’Allondans précise que le colloque a pour objectif d’aider les professionnels de santé et toutes les personnes concernées à se former aux pratiques entourant la transidentité, afin « d’accompagner avec bienveillance les jeunes et les moins jeunes ». Il indique que la moitié des intervenants sont elles et eux-mêmes des personnes trans.

Vendredi 4, une partie de la journée est consacrée aux tatouages réparateurs, au passing vocal, qui permet aux personnes trans d’apparaître comme cisgenres, et à l’accompagnement sexologique. Le samedi sera partagé entre des groupes spécialisés, des communications de la part de soignants et un temps dédié aux « familles à l’épreuve du genre » par le collège de chercheurs en sciences sociales de TSF.

Oppositions locales

À Strasbourg, une dizaine d’associations et de collectifs, dont certains intervenant en soutien des personnes transgenres, se mobilisent contre la tenue de l’évènement et prévoient un rassemblement, samedi 5 octobre devant la faculté de médecine. Pour ces organisations, TSF devrait être interdite et dissoute. Co-gérante de Support Trans Strasbourg, Emma précise les raisons de cette opposition :

« Hier on parlait de transexualité, puis de dysphorie, d’incongruence et maintenant de variation de genre. Les termes changent mais la transidentité est toujours perçue comme une pathologie. Ils prétendent agir pour la dépsychiatrisation des trans, mais c’est un groupe de psychiatres… Cet évènement participe à catégoriser les personnes comme des hommes ou des femmes, en fonction de leur apparence, de leur voix… Ce contrôle social est basé sur des caractéristiques stéréotypées et soumet l’accès à des médicaments ou à des soins à l’approbation d’un médecin. C’est une violence systémique, basée sur le genre et le sexe, alors que les droits fondamentaux doivent s’appliquer à toutes et tous, sans distinction. »

De son côté, Thierry Goguel d’Allondans regrette que ces collectifs aient refusé de faire partie de l’évènement. Il espère que la mobilisation et l’événement samedi seront l’occasion pour les militants et les participants de se rencontrer et de discuter.

Incompréhension des organisatrices et organisateurs

Vendredi 4 octobre au matin, Béatrice Denaes, co-présidente de TSF, est allée à la rencontre des militantes et militants. La journaliste et autrice du livre « Ce corps n’était pas le mien. Histoire d’une transition tant attendue », est triste de voir l’opposition au congrès émaner de collectifs avec lesquels elle « partage les mêmes objectifs » :

« Avec Trans Santé France, on a obtenu que les certificats de psychiatres ne soient plus obligatoires pour avoir accès au soin. On travaille avec la haute autorité de santé pour que cela soit écrit, noir sur blanc. Cela fait quatre ans qu’on se bat et les avancées existent ! Bien sûr que les médecins n’étaient pas tous bienveillants il y a quelques années, mais nous luttons contre ça et cela prend du temps. Jamais je ne ferais partie d’une organisation qui compte parmis ses membres des médecins qui doivent définir ce qu’est un bon ou un mauvais trans à travers des certificats. »

Sur l’invitation de psychiatres, Béatrice Denaes précise que comme les personnes cis, les personnes trans peuvent avoir besoin d’aide à certains moments de leur vie. « Moi ça m’a beaucoup aidé », explique-t-elle.


#LGBT

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