Au collège de Schirmeck, une professeure de français en congé parental n’est toujours pas remplacée depuis la rentrée. Plus d’un mois après le retour des collégiens et collégiennes en cours, des classes de 6ème, 5ème et 4ème restent vides faute d’enseignant, et ce pour une période indéterminée. À cela s’ajoute une professeure de sport, elle aussi absente et non remplacée depuis quatre ans.
Les parents d’élèves ont donc décidé de se mobiliser pour dénoncer des « problèmes récurrents de non-remplacement ». Ils manifesteront dans la matinée du mercredi 9 octobre au marché de Schirmeck.
Un « choc des savoirs » en manque de moyens
Le service en charge des remplacements au rectorat échange quotidiennement avec le collège de Schirmeck pour rouvrir les classes de français. Car c’est dans cette matière que la pénurie de remplaçants se fait le plus sentir cette rentrée scolaire 2024/2025. Ce sous-effectif est lié à la réforme du « choc des savoirs », mise en place par l’ancien ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal. Basée sur la constitution de groupes de niveaux au collège, avec moins d’élèves dans les classes, sans recrutement supplémentaire, la réforme a créé une pénurie de professeurs.
Au collège de Schirmeck, un personnel de l’établissement préférant conserver l’anonymat décrit l’écart entre la réforme annoncée par Gabriel Attal et les moyens sur le terrain :
« On a des politiques qui visent à réduire la taille des groupes et à accompagner les élèves au plus près de leurs besoins. Les équipes pédagogiques sont engagées et volontaires. Elles ont construit un projet qui tient la route et qui répond aux attentes du législateur. Mais la ressource humaine ne tient pas. Avec la mise en œuvre du « choc des savoirs », il y a la loi et il y a la réalité du manque de professeurs en français. »
Un sous-effectif dès la rentrée
Secrétaire académique du syndicat d’enseignants Snes-FSU, Séverine Charret parle d’une situation emblématique du manque de moyens chronique de l’Éducation nationale. Elle évoque une enquête réalisée à la rentrée auprès d’une cinquantaine de collèges et lycées alsaciens : « Un quart d’entre eux avaient un enseignant manquant en collège ou lycée, avec des tensions sur le français, les langues et les matières professionnelles en particulier. »
Et la responsable syndicale de s’inquiéter pour la suite de l’année scolaire et l’année suivante :
« Quand les tensions apparaissent aussi tôt dans l’année, on se demande comment ça sera en janvier et en février quand les enseignants fatiguent et que les maladies hivernales apparaissent. Et en plus, cette année les groupes de niveau ont été mis en place en 6ème et 5ème. On savait qu’on manquerait de professeurs de français l’année dernière. Et on voudrait en plus constituer ces mêmes groupes de niveau en 4ème et 3ème l’année prochaine ? C’est impossible. »
Un recteur « satisfait »
Dans un courrier au recteur, les parents d’élèves craignent que leurs enfants manquent les cours de français et de sport pendant plus d’un trimestre. « Ils et elles n’ont pas à pâtir des carences de l’État, des manques de moyens alloués au service public ou du manque d’attractivité de ces métiers », estiment-ils dans un texte qui accompagne une pétition ayant déjà récolté plus de 200 signatures.
Interrogé par Rue89 Strasbourg fin septembre, le recteur de l’académie de Strasbourg s’était d’abord dit satisfait de la rentrée scolaire 2024/2025. Puis confronté à la colère d’un maire, Olivier Klein avait été contraint d’admettre un manque de remplaçants se faisant sentir en particulier en français.
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