« Je condamne fermement et sans appel ce qu’il s’est passé. Les propos tenus par l’élève à l’encontre du professeur sont inadmissibles et inacceptables. » Olivier Faron, recteur de l’académie de Strasbourg, a annoncé soutenir la plainte déposée par l’enseignant du collège Kléber, lors d’une conférence de presse jeudi 30 novembre.
Le même jour, les enseignants de l’établissement se sont mis en grève pour demander une meilleure prise en charge des violences récurrentes constatées dans l’établissement. Cette mobilisation fait suite au dépôt d’une plainte, par un professeur, pour menace de mort. Selon l’enseignant, l’élève aurait menacé de le tuer à la sortie de l’établissement, après que le professeur ait confisqué son téléphone mardi 28 novembre.
Exclusion temporaire et signalement à la procureure
Sur place dans l’établissement jeudi matin, Olivier Faron a rencontré les enseignants en grève et assure avoir pris des mesures concrètes :
« L’élève est temporairement exclu et passera en conseil de discipline le 19 décembre. Si l’enseignant le demande, nous l’appuierons dans sa plainte en couvrant les frais d’avocat. Il pourra aussi bénéficier d’une protection fonctionnelle de la part de notre administration. Une équipe mobile de sécurité est présente au collège Kléber depuis jeudi matin : deux personnes expertes en gestion de crise sur des questions de sécurité et la prise en charge psychologique. »
Jean-Pierre Geneviève, directeur académique des services de l’éducation nationale (Dasen), précise qu’un signalement a été fait auprès de la procureure de la République de Strasbourg, au titre de l’article 40 du code de procédure pénale – qui exige que « [t]oute autorité constituée [qui] dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenue d’en donner avis sans délai au procureur de la République ».
Lors de cette conférence de presse, le recteur a précisé attendre des équipes de direction des écoles, collèges et lycées des remontées systématiques des incidents de ce type. « Nous faisons en sorte que ces remontées soient le plus opérationnelles possibles. Elles sont classées selon leur niveau de gravité, entre 1 et 3 », poursuit-il. Précisant qu’il prend personnellement en charge les remontées de type 2 et 3.
« Il faut rétablir l’autorité, comme l’a déjà dit Gabriel Attal (ministre de l’Intérieur, NDLR). Les enseignants ont l’autorité sur les élèves et le moindre fait d’incivilité doit être remonté. Tous ceux qui commettent des faits graves feront l’objet de sanctions adaptées. »
Olivier Faron, recteur de l’Académie de Strasbourg
Travailler sur la sécurisation
Réaffirmant son soutien aux équipes de direction, d’enseignement et de vie scolaire, Olivier Faron a souligné que le groupement scolaire Kléber est un exemple de mixité sociale. « Mais cela pose des questions de sécurisation et d’organisation de l’espace », a-t-il précisé. Plus de 3 000 élèves y sont scolarisés.
« Nous travaillons avec la Collectivité européenne d’Alsace et la Région Grand Est pour sécuriser l’accès aux établissements, car c’est à eux qu’appartiennent les bâtiments. »
Admettant que les établissements avaient des « points de faiblesse » concernant leur sécurisation, Olivier Faron assure que des travaux pourront être faits en « extrême urgence » pour y remédier. Une sécurisation par ailleurs définie largement par le recteur qui n’exclut pas d’y inclure de la « cybersécurité ».
Pas d’éducation prioritaire avant 2024
Les enseignants mobilisés souhaitaient aussi disposer de plus de moyens, en passant le collège en réseau d’éducation prioritaire (REP). Mais ce ne sera pas le cas avant, au moins, 2024 :
« Notre académie a un indice de positionnement social qui décline par rapport à 2022. La carte de l’enseignement prioritaire va être ouverte car elle date de 2015. Nous allons y travailler en 2024 avec la carte de la politique de la Ville, qui va également impacter les quartiers politiques de la ville (QPV, NDLR). »
Olivier Faron, recteur de l’Académie de Strasbourg
Selon le recteur, la carte de l’éducation prioritaire devrait alors être étendue pour l’Alsace. « Avec 31 000 personnels sur l’Académie, je souhaiterais que nous ayons le double de moyens. Mais pour le moment, la question centrale est celle de la répartition des moyens actuels ».
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