Après avoir déjà accordé l’augmentation du prix de la journée en maison de retraite de 2% en octobre 2022, puis de 3% en janvier 2023, la Collectivité européenne d’Alsace (CeA) va autoriser les établissements à augmenter leur prix à la journée. Selon la CeA, entre les revalorisations salariales, l’explosion des coûts alimentaires et énergétiques, les Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ont vu leurs dépenses considérablement augmenter. En 2023, un résident doit débourser en moyenne 69,67 euros pour une journée en chambre simple en Alsace.
Fin du tarif unique pour tous dans les Ehpad
Lors de la commission permanente du jeudi 21 septembre – une instance de délibération non publique –, la CeA a adopté un texte permettant aux établissements publics et associatifs volontaires de signer une « convention d’habilitation à l’aide sociale », leur permettant de définir un tarif de journée plus élevé de quelques euros – un ou deux – pour les nouveaux résidents non bénéficiaires de l’aide sociale. Ce nouveau tarif pourra s’appliquer dès lors qu’une convention sera signée entre un Ehpad et la CeA.
Les Ehpad d’Alsace accueillant moins de 50% de bénéficiaires à l’aide sociale sont concernés par cette initiative : sur les 217 établissements alsaciens, moins de dix en sont exclus. Parmi tous ces Ehpad, une quinzaine se trouvent dans « des conditions de trésorerie difficiles » et devront appliquer ces tarifs différenciés selon Karine Pagliarulo, vice-présidente (LR) de la CeA en charge de la santé et de l’accompagnement des personnes âgées.
Dégager des moyens financiers
C’est la première fois qu’un tarif unique pour tous cède la place à un tarif différencié dans les Ehpad d’Alsace. Ces derniers, fortement impactés par l’inflation économique, doivent assumer des dépenses beaucoup plus importantes au niveau des énergies, de la restauration et de la masse salariale.
Frédéric Bierry, président (LR) de la Collectivité d’Alsace, assure que cette « convention d’habilitation à l’aide sociale » offrira une « souplesse budgétaire au gestionnaire » tout en continuant à « garantir une offre d’accueil pour les bénéficiaires de l’aide sociale et responsabiliser le gestionnaire qui sera comptable de sa politique tarifaire. » Par ailleurs, pour garder un tarif adapté, la CeA contrôlera les prix de journée proposés avant de signer les conventions.
Karine Pagliarulo insiste :
« On veillera au préalable que les établissements aient utilisé toutes les ressources possibles avant de faire une demande de tarif différencié. »
« Une forme d’abandon des Ehpad » selon l’opposition
Florian Kobryn, conseiller d’Alsace dans l’opposition écologiste, s’inquiète de l’isolement des Ehpad face à la mise en place d’un tarif différencié :
« On vient faire exploser un système solidaire. Avant, il y avait l’idée d’e’une cogestion entre un Ehpad et la Collectivité d’Alsace. Là, les Ehpad vont se retrouver seuls, en première ligne pour faire passer la pilule d’une augmentation du tarif à leurs résidents et leurs familles. »
Le président du groupe d’opposition à la CeA dénonce ainsi une « libéralisation du secteur », marquant « la fin d’un service public » et appuie : « C’est un choix politique ».
Un manque de prise de responsabilités de la CeA pointé du doigt
Dans un communiqué de presse, le groupe d’opposition interpelle sur les tarifs actuels des chambres d’Ehpad : en moyenne 1 900 euros par mois, lorsque la pension de retraite moyenne nette est de moins de 1 500 euros. Il ajoute que trois personnes éligibles à l’aide sociale sur quatre n’y font pas appel.
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