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Élite ou pas, cinq spectacles à voir au festival Musica

Du 25 septembre au 10 octobre aura lieu la 32e édition du festival Musica, une programmation, comme d’habitude, dédiée aux musiques contemporaines mais cette année penchée vers la jeune composition et agrémentée de quelques folies. Non, la musique contemporaine, ce n’est pas que du bruit pour l’élite, preuve avec cette sélection de spectacles à ne pas manquer.

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Photo prise lors de la présentation de la programmation du festival Musica à la médiathèque André Malraux. (Photo CB / Rue89 Strasbourg / cc)

Que vient faire cet article aussi tôt sur Rue89 Strasbourg alors que le festival débute dans plus d’un mois ? C’est simple : les billets sont susceptibles de partir comme des petits pains, mieux vaut donc prévoir de sélectionner vos spectacles à voir, relativement tôt. Soufflez : votre site d’information strasbourgeois favori vous fait aussi gagner des places.

Revenons à nos moutons : depuis plus de 20 ans que le festival Musica existe – il a fêté cet anniversaire l’année dernière – son ambition affichée est autant de rendre leurs lettres de noblesses aux compositeurs qui ont marqué la musique contemporaine, de traiter des moments charnières de ce genre considéré comme « savant », que de mettre en valeur la jeune composition.

Les plus anciens d’entre nous se souviendront peut-être de concerts tout à faits atypiques au Palais des fêtes, notamment le spectacle Le Bal de la contemporaine, durant lequel des compositeurs ont revisité des classiques de la musique populaire, un bal costumé au Château des Rohan ou même en pleine rue.

La programmation n’oublie jamais de proposer des incursions locales puisque Strasbourg œuvre depuis de longues années dans la musique contemporaine au travers de formations toujours actives, notamment les Percussions de Strasbourg et l’ensemble Accroche Note emmené par Armand Angster, clarinettiste haut-en-couleurs qui n’a jamais manqué d’audaces, également professeur au conservatoire.

Cette histoire jalonnée de grands moments de musiques contemporaines a fait de Musica l’un des plus prestigieux dédié aux musiques contemporaines. Et cette musique dite « savante » n’est pas réservée à une population cultivée et/ou plus âgée comme l’on peut souvent l’entendre. C’est un des clichés qui a d’ailleurs la vie dure dans le milieu. Il faut oser dépasser ces clichés et se rendre à un spectacle Musica (commencez accessible tout de même, cet article est d’ailleurs fait pour vous y aider) pour le comprendre.

La musique contemporaine influence nos contemporains

Avant de commencer notre exploration de la programmation 2014, petite mise au point sur ce que la musique contemporaine a pu permettre. D’abord, la musique contemporaine recèle plusieurs sous-genres qui dépendent tous de l’expérimentation. Pour être plus claire, toutes ces expériences ont largement contribué à l’émergence de la musique électronique qui a pu profiter de diverses techniques inventées et découvertes dans le cadre de ces musiques savantes.

L’on peut parler de la musique concrète par exemple, dont le père est Pierre Schaeffer, qui invente une nouvelle manière de triturer les sons. Alors que l’idée couramment admise de l’époque veut que le compositeur écrive la musique puis la joue, ce chercheur s’amuse avec les sons, les transforment puis composent un son, un morceau, une musique. D’elle, va découler la musique expérimentale, genre très cher à John Cage et la musique électroacoustique qui engage des sons enregistrés ou synthétiques.

Ici, nous retrouvons un élève du grand Pierre Schaeffer qui n’est autre que Pierre Henry que certains spectateurs ont eu la chance de voir lors de l’édition précédente : un très très grand moment et que les autres connaissent peut-être sans vraiment le savoir et dans une version plus actuelle travaillée par Fatboy Slim.

 

L’on peut aussi parler de la musique acousmatique, basée surtout sur le médium radiophonique, qui se concentre sur les manières que nous avons d’écouter les sons. De manière générale toute la musique contemporaine vient explorer les instruments et parfois même, tester leurs limites.

Une pratique qui intéresse tout particulièrement Étienne Jaumet, passionné de musique et fasciné des synthétiseurs. Il a fondé Zombie Zombie avec la moitié d’Herman Düne et s’est produit aux côtés du Cabaret contemporain lors de l’édition 2012 qui s’est mis en tête de revisiter les grands classiques de John Cage au Palais Universitaire. Une soirée assez dingue où le point d’orgue a été atteint lorsqu’une couverture de survie géante a recouvert le dancefloor. Des moments comme on en voit trop peu à Strasbourg.

Convaincus que vous pourrez, même en tant que néophyte, vous glisser parmi les spectateurs du festival Musica ?

Parmi les 43 spectacles proposés par Musica cette année, nous vous proposons une sélection originale et accessible.

Stifters Dinge

Attention, ce spectacle (et c’est le premier du festival Musica) pourrait bien être surprenant. Ici, aucun personnage ou plutôt si : ce sont des pianos. Cinq pour être exacte, qui ne sont en aucun cas actionnés par un pianiste. Heiner Goebbels, compositeur et metteur en scène, il a été directeur artistique de la Ruhrtriennale et y a notamment travaillé des pièces de John Cage.

Ici, il monte un no-man show où l’ambiance prime sur le reste, construite d’images, de sons, de brouillards ou encore d’eau qui nous invite à réfléchir, plus loin, sur le monde qui nous entoure. En effet, le compositeur est aussi un passionné de philosophie. Un vrai travail a été effectué sur les mécanismes des pianos qui semblent prendre vie sous les yeux du spectateur. Un théâtre musical un peu ovni qui permet de constater les diverses possibilités de mises en scène et de la musique.
• Le 25 septembre 2014 à 18h30 et le 26 septembre à 18h30 et 21h30 au théâtre de Hautepierre à Strasbourg.

La musique en temps réel

Le compositeur Philippe Manoury (Document remis © Philippe Stirnweiss)

Ce concert, résultat de colloques organisés dans le cadre du festival, vient mettre en lumière les relations qui lient l’homme et la machine et plus particulièrement le musicien et la machine. Comment le geste peut-il influer sur la musique ? Que peut-on faire accompagné d’un ordinateur à la musique ?

Plus loin qu’un simple concert, il met aussi en valeur le fascinant travail de l’Ircam (Institut de recherche et coordination acoustique/musique) qui, tous les jours analyse, créé les sons qui nous entourent au quotidien et, dans l’ombre, travaille sur les futures innovations en matière de musique. Parmi les compositeurs : Philippe Manoury, spécialiste de la musique en temps réel désormais installé à Strasbourg , ainsi que la jeune compositrice Julias Blondeau.
• Le 1er octobre 2014 à 18h30 à la salle de la Bourse à Strasbourg.

The Tiger Lillies

C’est un spectacle déjà très attendu, dont les places risquent de partir (très vite) et pour cause : derrière ce nom, un trio londonien encensé par la presse britannique qui ne cesse de taquiner le loufoque pour créer ses spectacles.

L’histoire vient répondre à un grand axe de la programmation Musica, le mythe de Loulou, personne créé par Frank Wedekind et qui a donné lieu au film de Pabst : Loulou, interprétée par la belle Louise Brooks. Mais les Tiger Lillies, avec Lulu – A Murder Ballad illustrent la descente aux enfers de ce personnage féminin très séduisant en proie à la mélancolie. C’est beau, c’est burlesque (dans le sens premier du terme) et c’est à base de scie musicale, thérémine et autres percussions.
• Le 6 octobre 2014 à 20h30 à la Cité de la musique et de la danse à Strasbourg.

L’homme armé

Le compositeur Francesco Filidei (Document remis © Philippe Stirnweiss)

Francesco Filidei, le compositeur derrière ce spectacle, fait partie de la jeune génération qui repousse les limites de la musique contemporaine et qui écoute aussi autre chose que cette musique, notamment du punk et même de la pop.

Ce sera sans doute le spectacle le plus surprenant de cette programmation. Il réinterprète, à sa manière, L’homme armé sexti toni de Josquin Desprez et créé sa musique grâce à un instrumentarium fait de toutes sortes de véritables armes de guerre. Il a d’ailleurs dû travailler en étroite collaboration avec le ministère de l’Intérieur… Vous vouliez des folies ?
• Le 6 octobre 2014 à 20h30 au Palais Universitaire à Strasbourg.

Concerts sous casques

Un concert sous casque lors de l’édition précédente. (Photo CB / Rue89 Strasbourg / cc)

L’année dernière, ces moments à la fois intimes et partagés avait fait grand succès. Derrière ce projet : La Muse en Circuit, compagnie au sein de laquelle œuvre David Jisse, homme passionné par l’écoute et homme de radio.

L’idée ? Des musiciens créent des sons plutôt électroniques et les spectateurs peuvent voir tout ce qui s’opère un casque vissé sur les oreilles. Ainsi, chacun peut profiter d’une expérience à la fois personnelle (c’est comme si l’on avait les sons à l’intérieur de la tête) et collective : puisque tous les autres spectateurs portent un casque. L’ambiance est feutrée, calme. Il ne reste plus qu’à vous allonger. Une expérience différente.
• Le 9 octobre à 18h30 et 22h et le 10 octobre à 18h30, à la Cité de la musique et de la danse, salle 30, à Strasbourg.

N’hésitez pas d’ailleurs à partager vos expériences sous cet article, et bon festival.

Aller plus loin

Sur l’agenda Rue89 Strasbourg : la programmation complète du festival Musica


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