Au festival Démostratif, après le temps de la révolte en 2022 est venu celui de la mutation. Il se déroulera entre le village installé sur le campus de l’Esplanade, la salle évolution dans le bâtiment du Portique et celle de la Pokop, du 6 au 10 juin. Pour cette sixième édition, intitulée Étranges mutations, 118 artistes étudiants, jeunes diplômés, sortants d’écoles nationales ou de conservatoire sont invités à performer pendant cinq jours. Un temps fort pour la scène émergente strasbourgeoise et nationale.
L’occasion de proposer des regards uniques et décalés sur notre monde et d’ouvrir de nouvelles perspectives. Tout un programme, affirme Sacha Vilmar, directeur artistique :
« J’invente les règles du jeu, je travestis la réalité, je déforme les limites, je m’assois sur les idées reçues. Muter pour se battre contre la prétendue évidence des choses. Voilà mon motif. C’est aussi celui de cette sixième édition qui donne dans l’étrange et désacralise les changements. »
À la rencontre de Mathilde Segonds, artiste associée
Tous les ans, le festival met en valeur un ou une artiste complice qui participe à la programmation et propose ses spectacles. Cette année, c’est la dramaturge Mathilde Segonds qui occupe cette place.
Passée par le département d’Écriture dramatique de l’ENSATT, à Lyon, elle travaille à l’articulation des arts visuels, du spectacle vivant et de l’écriture. Depuis 2019, elle fait partie d’une compagnie de butô (danse originaire du Japon), Anima Fact, en tant que dramaturge et danseuse.
Autour du thème de l’édition, elle a écrit pour l’occasion Pas Touche, une pièce de théâtre spatial mise en scène par Sacha Vilmar et présentée le 10 juin à 14h, puis à 18h30, place des Orphelins. Une œuvre pour deux comédiennes qui se démarque de sa production habituelle :
« La place importante pour la recherche et l’expérimentation donnée par ce festival ainsi que la bienveillance de l’équipe ont créé pour moi un écrin rêvé pour inventer une histoire dans un genre que je n’avais pas encore exploré : celui de la science-fiction. J’ai voulu me projeter dans le futur à l’autre bout de la galaxie. Qu’est-ce qui viendra après nous ? Où en sera l’humanité dans des centaines d’années ? À l’heure où nous perdons espoir dans la préservation de notre planète, j’ai voulu imaginer quelque chose de plutôt drôle concernant l’avenir de notre espèce. »
Trois autres de ses textes seront également mis à l’honneur lors de de lectures. Le 7 juin à 19h30, elle présentera La Tête, suivi de 17h30 Lunettes, histoires d’un homme qui voit sa tête absorbée à l’intérieur de son corps et d’une femme cherchant ses lunettes, collées à son visage.
Paysage s’attaque à la catastrophe écologique
La salle de la Pokop, 19 rue du Jura, est un autre lieu devenu important pour la création et la scène émergente strasbourgeoise. Elle accueillera, mercredi 7 juin à 21h, la pièce Paysage, proposée par la compagnie Me revient le manque.
S’attaquant aux problématiques de la catastrophe écologique, Paysage projette les spectateurs dans un futur proche, alors qu’une catastrophe vient de recouvrir le ciel d’un épais nuage noir qui empêche la lumière du soleil de passer au travers. Alors que la vie est en danger et que la situation réveille les pires défauts des hommes, deux jeunes, Bulle et Yeen se rencontrent. Ils tombent amoureux et partent à la recherche d’une solution face à cet effondrement. À partir de 12 ans.
Intervention tutorielle : comment se décapitaliser
Vendredi soir à 18h30, dans le Magic Mirror installé sur le campus de l’esplanade, Enora Tuauden Bource et Izypt, de la compagnie LBOLP, proposeront aux spectateurs de suivre une conférence pour répondre à la grande question : « Comment se décapitaliser? ». Images et vidéos à l’appui, munis de micros, les performeurs tenteront d’y répondre en s’encrant dans notre contexte historique, social, artistique et technologique.
Au temps de la bergère Juliette
La Compagnie Désorientée, venue de Vauchonvilliers, s’engage à mettre en lumière ce qui nous entoure mais qui a été invisibilisé. Cette fois, les deux interprètes et metteuses en scène Elsa Ballenghien et Sixtine Mony s’attaquent au monde agricole et interprètent le témoignage de Gabriel Mony, agriculteur de profession. Cette pièce de théâtre accessible à partir de 5 ans retrace une année de travail à la ferme, de la bergerie remplie de moutons aux champs.
Jouée le samedi à 15h, dans les jardins de la Pokop, elle s’attardera sur la mutation de cet univers et interrogera les conséquences sur les bêtes et les agriculteurs.
Du cirque et de la poésie avec Nous, la forêt – ou comment se planter
Présenté par la compagnie Kif Kif, le samedi soir à 20h, ce spectacle a été conçu à la lisière du théâtre, du cirque et de la mise en musique. Sur scène, deux grands enfants à la ressemblance certaine cherchent à se planter au pied d’un arbre.
Animés par un jardinier musicien, « ils poussent et se repoussent, se font de l’ombre et s’enracinent à deux ». Une métaphore des liens de complicité, étroitement liés à la rivalité d’une fratrie ? Un changement de perspective entre humour et tendresse dans tous les cas. À partir de six ans.
Des concerts en soirée
En soirée, le festival sera également rythmé par des concerts et DJ sets. Chipo, le rappeur à perruque hétéro, viendra ambiancer le village du festival lors de la dernière soirée du festival. Entre rap et pop, il remet en question la masculinité hégémonique en musique.
En deuxième partie de soirée, le collectif Wom.x, militant pour plus de femmes et de minorités de genre dans la pratique du DJing, proposera un set pour transformer le Magic Mirror en véritable boîte de nuit. Un bar servant des bières locales, des food trucks, une librairie éphémère et des transats accueilleront les curieux sous les arbres du campus pendant tout le festival.
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