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Chez les étudiants, les paniers subventionnés de légumes bio font un flop

En juin 2010, le programme expérimental national « 30 000 paniers solidaires » a été lancé dans le but de permettre aux personnes à faibles revenus de se procurer des paniers de légumes bio à bas prix. Depuis l’année dernière à Strasbourg, l’opération a ciblé les étudiants, mais seule une cinquantaine ont accepté de prendre ces paniers.

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Les panier de légumes ont du mal à trouver preneurs (Photo LK / Rue89 Strasbourg)


Comme tous les jeudis au hall de l’Institut de physiologie et de chimie biologique (IPCB) du campus de l’Esplanade, c’est jour de collecte des paniers de légumes bio à partir de 15h30. Des cagettes chargées de légumes et étiquetées au nom d’étudiants sont disposées sur des tables à un coin de la pièce. Les propriétaires arrivent au compte-gouttes. Simon Barth, 26 ans, étudiant en Arts du spectacle, fait partie de ces étudiants bénéficiant du tarif solidaire de 3,50 euros le panier au lieu de 5,95 euros, tarif étudiant normal.

Cette semaine, il a droit à un sachet avec les ingrédients d’une soupe potiron à l’ail, du céleri branche, un peu plus d’un kilo de pommes de terre, des poireaux et un chou plume en bouquet. Simon Barth est un fidèle du système :

« C’est depuis l’année dernière que je suis abonné aux paniers de légumes. Je suis végétarien, j’habite en colocation et j’aime cuisiner. Je ne peux que me réjouir d’avoir de bons légumes à un tel prix. »

Chaque semaine des paniers de légumes différents sont livrés avec une fiche d'idées de recette (Photo LK / Rue89 Strasbourg)

100 abonnements subventionnés

Mais Simon Barth est une exception. Sur le campus de Strasbourg, seulement une cinquantaine a souscrit à cette tarification solidaire, contre une trentaine l’année dernière. Sur plus de 40 000 étudiants, l’opération pourrait être qualifiée de marginale… L’Université, la Communauté urbaine de Strasbourg et le conseil général du Bas-Rhin n’avaient pourtant pas de très grandes ambitions, puisqu’ils n’ont prévu de subventionner que 100 abonnements annuels.

Marion De Weerd, chargée de la distribution des paniers à l’association Campus Vert de Strasbourg, ne comprend pas ce manque d’engouement vers ces paniers :

« Nous avons pourtant essayé de communiquer. On a par exemple eu accès aux emails des étudiants inscrits à l’université et nous leur avons envoyé un email expliquant tout ce qu’il faut savoir sur la distribution des paniers de légumes au campus de l’Esplanade. »

Pourtant, la plupart des étudiants interrogés sur le campus affirment n’avoir reçu aucune information sur ces paniers solidaires. Ils trouvent l’initiative louable mais ne se seraient pas abonnés pour autant. C’est le cas de Florine Barjonnet, 21 ans, étudiante en master 2 de Droit :

« J’aime bien les légumes mais je n’ai pas l’occasion de cuisiner tout le temps. De plus, le fait qu’on soit obligé de prendre un panier toutes les semaines n’est pas intéressant. Je pense que je jetterai au moins la moitié des légumes »

D’autres vivent encore en famille et n’y voient aucun intérêt.

Néanmoins, la distribution des paniers  a été améliorée, des points de dépose et de collecte ont été ouverts cette rentrée à l’Ecole nationale du génie de l’eau et de l’environnement, aux IUT Louis Pasteur et Robert Schuman et à l’Institut national des sciences appliquées. Pour autant, l’engouement des étudiants n’a pas progressé.

Du côté des jardins de la Montagne Verte (JMV), association porteuse du projet à Strasbourg, Martine Meyer, la responsable des paniers, qui espérait plus d’adhésions cette année reste enthousiaste :

« On envisage de faire plus de publicité pour sensibiliser les étudiants, mais le programme est déjà un petit succès pour nous. D’ici la fin de l’année, il est fort possible que le nombre d’inscriptions aux paniers solidaires augmente. De nouveaux dossiers sont à l’étude. »

Pour bénéficier de ce tarif solidaire, un dossier d’éligibilité est à remplir au préalable par l’étudiant qui en fait la demande. Il est ensuite examiné aux JMV qui assurent la distribution des paniers hebdomadaires.

Cette initiative a été lancée dans le cadre de l’opération « 30 000 paniers solidaires », du réseau Cocagne , une association de près de 120 jardins maraîchers biologiques à vocation d’insertion sociale et professionnelle, dont fait partie les JMV. Un programme expérimental sur trois ans dont l’objectif est de permettre aux personnes à faible revenus de profiter d’un abonnement au panier bio à faible coût, grâce aux subventions des collectivités locales et autres partenaires publics. Ce n’est que depuis l’année universitaire précédente que les jeunes sont intégrés à ce programme solidaire.

Les jeunes, une « terre de mission » pour le réseau Cocagne

Sébastien Maréchal, chargé du suivi du programme au réseau Cocagne, veut croire à l’intérêt de cibler les jeunes :

« On s’est rendu compte que cette tranche de la population n’avait pas été prise en compte. Deux sites expérimentaux pour étudiants ont donc ouvert aux universités de Lille 1 et de Strasbourg et un troisième pour les jeunes non étudiants à Valenciennes. Avoir moins d’adhésion pour les paniers solidaires est une réussite de notre point de vue, étant donné que chaque opération expérimentale a été limitée à 20 familles. Tous ceux qui s’engagent savent qu’il y a derrière tout ça un projet social solidaire et d’intérêt général. »

La phase expérimentale des « 30 000 paniers solidaires » a pris fin ce 31 décembre. Le réseau Cocagne entend publier un bilan du programme dès janvier 2013, période qui correspond également au lancement de la phase d’expansion et la suite des paniers solidaires.


#étudiants

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