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Plus d’eau chaude ni de chauffage au squat de la Meinau, où vivent des familles

L’agence In’li, propriétaire de l’immeuble squatté rue de Bourgogne à la Meinau, a coupé l’alimentation en gaz du bâtiment. Depuis mercredi 15 février, la centaine d’occupants, dont des familles et des personnes malades, n’ont plus de chauffage ni d’eau chaude.

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En décembre, des personnes isolées et des familles, d’origine géorgienne et arménienne, ont investi un bâtiment de 54 appartements en instance de démolition rue de Bourgogne à la Meinau. Depuis mardi 15 février, le chauffage et l’eau chaude ne fonctionnent plus dans l’immeuble.

Le bâtiment compte neuf étages. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

« On est environ 130 habitants », indique Nino, en cette matinée du mercredi 16 février. Dans la cuisine, elle porte une fille de moins d’un an. Le four est allumé avec sa porte frontale ouverte, pour réchauffer la petite. Dans les autres pièces, les radiateurs alimentés par le chauffage central de l’immeuble sont froids.

« C’est inquiétant. Tout le monde va utiliser des appareils électriques. Il y a un risque d’incendie si cette situation perdure », commente Nicolas Fuchs, coordinateur régional de Médecins du Monde, dont l’association intervient dans ce squat.

La fille de Nino tremblait dans les autres pièces. Elle est mieux à côté du four allumé. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Plus de gaz, pour des « raisons de sécurité »

Cinq étages au-dessus, Arman ouvre le robinet pour obtenir de l’eau chaude et invite à passer la main dessous. Comme dans tous les appartements, l’eau reste froide. Il témoigne :

« Cela a commencé il y a un mois, après le passage d’un technicien. Certains radiateurs ont commencé à ne plus fonctionner. Les derniers étages, le neuvième et le huitième étaient les premiers touchés. Depuis hier, il n’y a plus d’eau chaude. J’ai vu des professionnels en uniforme intervenir. Pour moi, la situation est gérable, même si le froid est difficile à vivre au quotidien. Mais pour les enfants et les personnes malades ou âgées, c’est très mauvais. »

Contactée le 16 février, In’li Grand Est, une agence de location de « logements intermédiaires » et propriétaire des lieux, admet avoir désactivé l’alimentation en gaz et les ascenseurs « pour des raisons de sécurité ». Dans un court message écrit, elle précise que « le chauffage et l’eau chaude sont produits par le réseau urbain et ne sont pas impactés par ces démarches ».

Le 17 février, les services de la Ville déclarent finalement :

« Le bailleur nous a confirmé que les pompes reliées au réseau de chaleur urbain ont cessé de fonctionner suite à une coupure d’électricité dans le sous-sol de l’immeuble. Cette coupure fait visiblement suite à une intervention sur l’installation électrique, réalisée par des personnes non habilitées. La Ville de Strasbourg a demandé à la direction de In’li de mandater en urgence un professionnel habilité afin de rétablir l’électricité dans les délais les plus brefs, et de relancer ainsi le chauffage et l’eau chaude. »

Et l’agence In’li de confirmer dans la foulée :

« L’arrêt de la fourniture de chauffage et d’eau chaude sanitaire de cet immeuble est indépendant de notre volonté et n’est aucunement lié aux conséquences des mesures sécuritaires engagées mais exclusivement aux interventions illicites réalisées sur le réseau électrique de notre bâtiment en sous-sol. »

« On essaye d’arranger la situation au plus vite »

Pour Nicolas Fuchs, « il y a urgence, pour la dignité des personnes, d’autant plus que le squat est notamment occupé par des individus malades » : « Nous demandons aux acteurs concernés de leur redonner accès au chauffage et à l’eau chaude. »

Sur la porte d’entrée de l’immeuble, les services de la Ville ont laissé un papier indiquant qu’ils ont réalisé, avec Médecins du Monde et Strasbourg Action Solidarité, une évaluation des besoins sociaux et médicaux des occupants du site le 9 février. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

En attendant, Arman garde sa veste à l’intérieur. Spontanément, il justifie sa présence dans le squat. « Le 115 (numéro de l’hébergement d’urgence, NDLR) ne m’a jamais donné de solution », dit-il. Sans papiers, il ne peut travailler ou demander des allocations. Il doit se faire opérer le 22 février et craint les conditions dans lesquelles il devra se rétablir. « Si ça se trouve, il n’y aura même plus d’électricité à ce moment là. On ne sait rien, personne ne nous prévient », souffle-t-il.


#Squat Bourgogne

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